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Haïti-Carnaval des fleurs : Controverses et mauvais souvenirs

Rectification à propos de la date du 29 juillet, indiquée par erreur comme celle de l’anniversaire de J-C Duvalier

P-au-P, 28 juil. 2012 [AlterPresse] --- De mauvais souvenirs et des controverses entourent les festivités du « Carnaval des fleurs » qui se déroule au Champs de mars à Port-au-Prince les 29, 30 et 31 juillet.

Sous le thème « Se la pou la », ce carnaval, le second pour l’année 2012, doit mobiliser une logistique importante, selon les organisateurs qui s’en félicitent. Les reines défileront dans des voitures décapotables et la Télévision nationale d’Haïti annonce que 25 cameras vont permettre la diffusion en direct de l’événement. Des rues au Champs de mars sont bloquées depuis plusieurs jours par des stands gigantesques.

Cependant, ce qui inquiète tout d’abord c’est que ce « Carnaval des fleurs » est en partie historiquement lié à la dictature des Duvalier.

A en croire le leader politique Evans Paul, qui a voulu tirer la sonnette d’alarme, « le Carnaval des fleurs rappelle de très mauvais souvenirs pour le pays. Un souvenir de bamboche que le régime duvaliériste a voulu instaurer, afin que la population haïtienne oublie les vicissitudes de la vie pendant cette période ».

« Michel Martelly n’est qu’un adepte duvaliériste, qui veut ramener les souvenirs duvaliéristes sans que cela ne rapporte absolument rien au pays » a renchéri Paul.

Le Carnaval des fleurs s’est déroulé deux fois en Haïti durant le régime duvaliériste. A cette époque, ce carnaval a coïncidé avec la date considérée comme celle de la mise sur pied des Volontaires de la Sécurité Nationale (milice de la dictature de Duvalier), le 29 juillet (1958) [et non l’anniversaire de Jean Claude Duvalier, comme indiqué par erreur]. C’est aussi le cas en 2012, un an et demi après le retour en Haïti de l’ancien dictateur J-C Duvalier.

« Le fait d’organiser cette festivité en plein été, démontre que le gouvernement veut perturber les fêtes patronales du pays, parce que cette période coïncide avec le déplacement massif de nombreuses personnes vers les villes de province, plus particulièrement dans le Nord, avec la fête de Saint Jacques », a analysé Evans Paul.

En guise d’alternatives, il a souligné que d’autres évènements culturels pouvaient être organisés en été, au lieu d’un autre carnaval qui ne rentre pas dans notre tradition et qui coutera beaucoup d’argent au pays.

« Le problème ne réside pas dans la festivité, mais dans le choix de faire deux festivités carnavalesques dans la même année, alors qu’il n’y a pas assez d’argent, d’autant plus que des milliers de gens demeurent encore dans des abris provisoires à la merci de la nature », a critiqué le responsable du Kid.

Pour la vice-présidente du comité carnavalesque, Josette
Dargusse, « c’est une tradition qui a été reprise pour que Haïti soit inscrit, à partir d’un évènement d’été, dans le calendrier international, avec la participation de douze reines, parmi elles des membres de la diaspora ».

Dargusse a aussi parlé d’opportunités pour les artisans qui confectionneront les fleurs, mises au centre de cette fête, à partir de tissus, de papiers et d’autres matières.

Concernant les fonds qui sont disponibles, Josette Darguste a affirmé que « c’est un partenariat avec le secteur privé, car trois membres du comité viennent du secteur privé. L’Etat a donné 30 millions de gourdes et la balance provient de certains organismes autonomes et d’autres membres du secteur privé qui participent à la réalisation du carnaval ».

Le budget du Carnaval des fleurs se situe à environ 65 millions de gourdes, selon des chiffres avancés précédemment.

Convoqués pour le 24 juillet par plusieurs sénateurs concernant la provenance de ce fond, le premier ministre Laurent Salvador Lamothe et la ministre de l’économie et des finances, Marie Carmelle Jean Marie, en voyage à l’étranger, ne se sont pas présentés.

Les controverses qui entourent le "Carnaval des fleurs" ne sont tout de même pas de nature à décourager un public qui demande à s’amuser et qui a déjà, dans une certaine mesure, envahi la scène de cette manifestation culturelle au Champ de mars, au cœur de la capitale. [jep kft gp apr 28/07/2012 14 :30]