P-au-P, 26 juil 2012 [AlterPresse] --- Le manque de transparence dans l’allocation des fonds par les Etats-Unis à des organismes humanitaires au profit d’Haïti à causé d’énormes défaillances dans la gestion de ces fonds, selon un article du 24 juillet 2012 publié par le quotidien The Miami Herald.
Trenton Daniel et Martha Mendoza d’ Associated Press, auteurs de l’article, partent d’une requête d’informations sur l’aide américaine envers Haïti qu’ils ont adressée à l’Agence américaine pour le développement (Usaid) et le département d’Etat, dans le cadre de la loi sur la liberté de l’information (Freedom of Information Act).
Après leurs recherches, ils ont découvert que l’accès à des détails clairs concernant les organismes qui reçoivent les fonds américains et la manière dont ceux-ci sont dépensés n’ont pas été divulgués.
Contactée par AlterPresse, Martha Mendoza souligne que cette pratique “off the record” consistant à ne diffuser que des informations choisies semble être généralisée pour les Etats-Unis et est chapeautée notamment par l’Usais.
Karin Roy, une des porte-paroles de l’organisation, a demandé à une cinquantaine d’agences humanitaires de ne diffuser leur budget qu’après une mise en forme officielle par Usaid.
Le manque de transparence de l’information est un élément notoire dans les défaillances du financement américain, indique l’article. Il favoriserait la corruption et le gaspillage et formerait un processus fermé réduisant la concurrence et empêchant l’évaluation des projets.
Les informations communiquées sont le plus souvent imprécises et incomplètes, et les rapports de l’administration américaine sont parfois fondés sur des données obsolètes et incohérentes.
Ce manque de clarté dans l’exploitation des fonds semble révéler en creux que les promesses des Etats-Unis (mais pas seulement) n’ont pas été tenues. “Build back better” (Reconstruire mieux qu’avant), voilà l’ambition qui avait animé les bailleurs de fonds à la suite du séisme du 12 janvier 2010.
Le manque de transparence pour dissimuler les promesses non tenues
Deux ans et demi plus tard, à cause d’une mauvaise gestion des fonds du côté haïtien comme du côté américain, due à une conjoncture politique fragile, la reconstruction a surtout consisté en une réalité brouillée, réinterprétée.
La majeure partie du temps, là où des progrès sont annoncés, ils ne recouvrent qu’un retour à la situation avant le séisme, notamment dans l’éducation où le nombre d’enfants à l’école correspond surtout à l’effectif re-scolarisé.
Mieux reconstruire Haïti ? C’est au sein de programmes établis ou du moins impulsés avant le séisme que des avancées ont été faites.
Associated Press signale que sur 988 millions de dollars dépensés jusqu’ici, 1 dollar sur 5 est consacré aux programmes de prévention du Sida, par exemple. La construction du pont sur la rivière d’Ennery dans l’Artibonite, accomplissement notoire de l’Usaid, n’a aucun lien avec le séisme du 12 janvier 2010.
Une aide bienfaitrice ? peut-on finir par se le demander sur certains points. L’annulation de la dette apparaissait en mars 2010 comme la solution « la plus simple » pour Haïti, selon Maxine Waters, une des membres du Congrès.
Or, la dette publique a déjà repris et s’élève à ce jour à 657 millions de dollars américains, sachant que le dynamisme financier est en même temps freiné par l’annulation de la dette qui interdit les prêts, notamment de la part des Etats-Unis. [cp kft gp apr 26/07/2012 10 :55]