P-au-P, 23 juil. 2012 [AlterPresse] ---- L’organisation du carnaval des fleurs prévu pour les 29, 30 et 31 juillet 2012 est un indicateur prouvant que le gouvernement actuel définit mal ses priorités, à en croire le président du Groupe Croissance, Kesner Pharel.
Pharel pense que le gouvernement actuel définit mal ses priorités en projetant d’organiser ce carnaval sans tenir compte du budget national qui devrait être l’expression des choix politiques.
L’administration de Michel Martelly devrait se pencher sur le passage éventuel de cyclones dans le Sud d’Haïti et de tremblements de terre comme celui annoncé récemment par l’ingénieur-géologue, Claude Prépetit, conseille l’économiste qui intervenait à l’émission Plus loin, plus profond (en créole : Pi lwen, pi Fon) diffusée sur la station de radio privée Vision 2000, le dimanche 22 juillet 2012.
Selon Prépetit, un séisme de forte magnitude est imminent dans la presqu’ile du Sud comme dans le Nord d’Haïti. Il précise que la plaque caribéenne est entrée dans une phase d’activité sismique qui pourrait à n’importe quel moment libérer de l’énergie dans les failles cartographiées.
L’organisation de camps d’été pour les jeunes, leur sensibilisation sur les risques naturels et les désastres pour y faire face seraient mieux appropriées à la conjoncture actuelle d’Haïti, d’après l’économiste.
« Quand j’entends les responsables des affaires d’urgence dans le pays indiquer le nombre de chirurgiens et d’orthopédistes qu’il y a au Cap haïtien et dans quel état se trouve le ministère de la santé publique, on (la communauté internationale) ne va pas vous prendre au sérieux », fait-il remarquer au gouvernement actuel en attirant son attention sur la perception qu’aura l’extérieur de lui.
La décision prise par le chef de l’Etat d’organiser le carnaval des fleurs peut déranger son image, souligne l’économiste suggérant que celui-ci devrait avant tout rechercher un consensus sur cette question notamment auprès des partis politiques représentés au parlement.
Nuançant un peu ses propos, il reconnait, toutefois, qu’un carnaval peut être utile pour attirer le tourisme et les investissements.
Pour éviter de paralyser les activités commerciales durant les jours de travail et de perdre des recettes financières, l’Etat aurait dû projeter la réalisation du carnaval des fleurs pendant le weekend allant du 27 au 29 Juillet, indique Pharel qui dit n’avoir aucun doute sur l’afflux de gens à cette fête populaire,
L’économiste Gerald Chéry ne voit, pour sa part, aucun engouement de la population à aller participer à ce carnaval.
La réalisation du Carnaval des Fleurs, une dépense farfelue
Le directeur de l’école des sciences politiques appliquées, Gracien Jean, considère, de son côté, l’argent injecté dans l’organisation du carnaval des fleurs par le gouvernement comme des dépenses publiques farfelues.
Dans des circonstances extraordinaires, les grandes décisions comme l’organisation de ce carnaval devraient être l’objet d’évaluation du parlement, souligne le politologue à cette même émission.
Le premier ministre, Laurent Salvador Lamothe et la ministre de l’économie et des finances devaient se présenter au Sénat, le mardi 24 juillet 2012, en vue de fournir des explications sur les 65 millions de gourdes [US $ 1.00 = 42.00 gourdes ; 1 euro = 58.00 gourdes aujourd’hui] allouées à l’organisation de ce carnaval.
Dans aucun autre pays, l’exécutif ne pourrait décider d’organiser un carnaval dans des situations aussi catastrophiques, soutient le politologue faisant référence aux prévisions des sismologues du Service de Surveillance Géologique Américain (USGS).
« Nous sommes le seul pays de l’Amérique Latine qui n’ait pas une capitale attrayante et qui accepte de vivre dans un environnement aussi malsain », critique t-il, constatant que « jusqu’à présent Haïti n’est pas encore mise en chantier », soit deux ans après le séisme du 12 janvier 2010.
Le député Arnel Bélizaire appelle les Haïtiens à transformer le carnaval des fleurs en manifestation contre Martelly.
« S’il y a vraiment des êtres humains dans le pays, ce carnaval devrait se transformer en manifestations [contre le chef de l’Etat] », souhaite le député Arnel Bélizaire qui en appelle au boycott, lors de sa participation à l’émission de débats politiques « Ranmase » sur la radio privée, Caraïbes F.M, le 21 Juillet 2012.
Mettant en avant la situation de misère dans laquelle patauge le peuple haïtien, le député croit qu’il n’est pas normal d’organiser dans un contexte pareil des festivités carnavalesques.
Le non paiement des professeurs depuis un an, l’inapplication de la proposition de loi faite en faveur de l’augmentation des salaires des policiers sont, entre autres, dénoncés par le député.
« Depuis l’accession de Michel Martelly au pouvoir, on [la population haïtienne] est en train de vivre les moments de tous les excès », critique l’avocat André Michel, à l’émission Ranmase, en citant en exemple l’arrestation du député Arnel Bélizaire et l’accident de la route survenu le jeudi 19 Juillet dans la commune de Milot (Nord) à l’issue de la visite du chef de l’Etat dans la zone.
Cet accident a fait sept blessés dont une fillette de six ans. [emb kft gp apr 23/07/2012 14 :20]