P-a-P., 8 avr. 04, [AlterPresse] --- Les centres universitaires publics les plus touchés par les événements violents des derniers mois du régime de l’ancien président Jean Bertrand Aristide tardent encore à reprendre leur fonctionnement normal.
Les facultés d’Agronomie, des Sciences Humaines et l’Institut d’Administration de Gestion et des Hautes Etudes Internationales (INAGHEI) sont handicapés par des pertes énormes subies, alors que les autres facultés et écoles supérieures publics et privés ont redémarré leurs activités.
A la Faculté des Sciences Humaines les cours ont officiellement repris le 5 avril, suivant une décision adoptée par le décanat. Néanmoins, des restrictions s’imposent compte tenu des conditions de sécurité. Les responsables décident de terminer les cours une heure plus tôt.
Quelques jours auparavant, des étudiants avaient entrepris des activités de nettoyage pour effacer les traces de la brutale intervention des partisans de l’ancien régime le 5 décembre 2003 au local de la faculté. 25 étudiants et professeurs avaient été blessés, dont le recteur Pierre Marie Paquiot.
Dans le voisinage des Sciences Humaines, l’INAGHEI, qui a été également touché par les violences du 5 décembre, pourrait reprendre ses cours le 12 avril. Cependant rien n’est encore fait pour réparer les dégâts.
Salles de cours parsemées de tessons de verre, fauteuils brisés, l’INAGHEI offre l’image d’un établissement frappé par un cyclone. Seules quelques traces de craie datant du 4 décembre reposent tranquillement sur les tableaux. Sur les tableaux d’affichage, aucune note n’informe les étudiants sur la reprise des cours.
A la Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire, les responsables évaluent encore les dégâts. Aucune date officielle n’est encore arrêtée pour la reprise des activités académiques.
La faculté d’Agronomie a été à plusieurs reprises la cible des « chimères ». Les actes de pillage qui ont suivi le départ de Jean Bertrand Aristide ont secoué les structures physiques de ce centre universitaire. Les « chimères » ont tout emporté : les équipements du laboratoire, le mobilier, les portesÂ… Des documents comptables ont été éparpillés ou brûlés.
Dans les centres universitaires qui fonctionnent, c’est le temps des retrouvailles. Des étudiants tout émus de retrouver leurs camarades affirment avoir connu des temps extrêmement difficiles. « Nous pouvons désormais penser à nos cours plutôt qu’à courir », se réjouit une étudiante en médecine de l’Université Quisqueya (INUQ), qui a été interrogé par AlterPresse.
Cependant la méfiance ne s’est pas encore totalement dissipée. Le soir, en revenant des cours, des étudiants préfèrent circuler en groupe et évitent de présenter un profil d’étudiant. « Je vais au cours avec mon petit carnet de note ; c’est plus facile à porter sans attirer les regards », a déclaré un étudiant du Centre Technique de Canado à AlterPresse.
D’un autre côté, l’Université Populaire de Tabarre, construite en tant qu’œuvre privée par Jean Bertrand Aristide, grâce à l’aide internationale, s’est transformée en base militaire. Le haut commandement de la force multinationale, composée de plus de 3000 militaires américains, français, canadiens et chiliens, s’y est installé depuis début mars.
Les échos des protestations de ceux qui s’indignent de voir une université transformée en base militaire n’ont pas encore produit les effets escomptés. Les étudiants de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH) projettent de se mobiliser bientôt pour libérer l’établissement de la présence militaire, selon Josué Vaval, un dirigeant étudiant de la faculté des Sciences Humaines.
Cette mobilisation annoncée vise, selon Josué Vaval, à exiger que les militaires étrangers vident les lieux avant la fête du drapeau et de l’université, le 18 mai. [rv gp apr 08/04/2004 09:30]