P-au-P, 16 juil. 2012 [AlterPresse] --- Le conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj) suscite des interrogations et des inquiétudes, quelques jours seulement après son installation, relève l’agence en ligne AlterPresse.
Tout de suite après son installation le 3 juillet 2012, le Cspj a demandé de surseoir à toutes nominations de juges, de greffiers, d’huissiers, dans la justice haïtienne.
Cependant, cette mesure a été ignorée, le mardi 10 juillet 2012, par le doyen du tribunal de première instance de Port-au-Prince, Raymond Jean-Michel, qui a procédé à l’entrée en fonction de deux (2) nouveaux juges d’instruction, Félix Léger et Lemaire Belizaire.
Convoqué le 11 juillet par le Cspj, le doyen Jean Michel a répondu aux questions des membres de l’institution, alors que le ministère de la justice et de la sécurité publique (Mjsp) ordonne le retrait de ces nominations.
Montrant une pointe de sagesse, le président de la commission justice et sécurité de la chambre des députés, Emmanuel Fritz Gérald Bourjolly, croit qu’il revient au Cspj, désormais pouvoir indépendant, de prendre les décisions qui s’imposent.
Parmi les nommés, Félix Léger, qui était le commissaire du gouvernement près le tribunal civil de Port-au-Prince, par qui le scandale de l’arrestation du député en fonction, Arnel Bélizaire, est arrivé en octobre 2011.
Ces derniers mois, le gouvernement n’a pas cessé de nommer, à d’autres postes de l’administration publique, d’anciens fonctionnaires décriés, révoqués ou simplement démis de leur fonction.
Carel Alexandre, Josué Pierre-Louis, Michel Brunache, Will Dimanche, sont des exemples.
La nomination de Félix Léger serait-il une stratégie de l’exécutif pour récompenser l’ancien commissaire du gouvernement pour services rendus ?
Nouveaux directeurs généraux et nouvelles directrices générales : chasse aux sorcières en douce ?
Dès le début de la semaine, le train de l’installation des nouveaux directeurs généraux et nouvelles directrices générales de plusieurs ministères et institutions étatiques a démarré.
Le 9 juillet 2012, l’office national des postes (Onp) a une nouvelle directrice générale en la personne de Régine Godefroy. A cette installation, le ministre du commerce et de l’industrie (Mci), Wilson Laleau, déclare vouloir d’une « poste compétitive », alors que Godefroy promet de propulser la poste à la dimension des autres institutions internationales.
Le même jour, au local du ministère du Tourisme, Wilson Laleau intronise Luc Especa comme nouveau directeur général du Mci (un poste qui n’a pas changé de directeur depuis 6 ans).
A la direction des zones franches (Dzf), est installé l’ingénieur Rode Préval, qui s’engage à continuer à l’expansion des Zf dans presque tous les départements du pays.
Le 10 juillet 2012, le titulaire du ministère de l’intérieur et des collectivités nationales (Mict), Me Thierry Mayard-Paul, installe Hilda Backer Valles et Daguy Sylvestre aux postes respectifs de directrice générale et directeur général adjoint.
Le maitre-mot « décentralisation » revient dans tous les discours et tous ont juré de n’observer « de répit et de repos pas avant que tout le pays soit « posé » en référence au programme « Katye pa m poze », lancé par le Mict depuis le 15 mars 2012.
Le 11 juillet, Pierre Michel Brunache, ancien secrétaire d’État aux affaires étrangères blanchi dans l’affaire de l’arrestation du député Belizaire, ministre de la justice du gouvernement de Garry Conille, a pris ses fonctions de secrétaire général du bureau du premier ministre, en remplacement de Enex Jean Charles.
Brunache a juré sa « loyauté » indéfectible au chef de l’État, Joseph Michel Martelly, et évoqué « ses amitiés et son admiration » au premier ministre Laurent Lamothe.
Cette vague de nominations et d’installations de nouveaux cadres, à la tête de ces ministères et institutions étatiques, participe-t-elle d’une stratégie de procéder à une chasse aux sorcières en douce dans l’administration publique ou la "rosir" pour obtenir les résultats escomptés par le gouvernement ?
Que faut-il attendre de ces nouvelles têtes quand leurs discours d’investiture frôlent la flatterie ?
Marquer les armes à feu pour mieux identifier les armes illégales
Le ministère de la justice et de la sécurité publique (Mjsp) et la représentation spéciale du secrétaire général de l’Organisation des États américains (Oea) en Haïti ont paraphé un protocole d’accord pour le marquage des armes à feu, le vendredi 13 juillet 2012.
Des « machines ultraperformantes » seront livrées à la Police nationale d’Haïti pour pouvoir marquer des « milliers d’armes de manière quasi-quotidienne », informe le représentant spécial, Frédéric Bolduc.
Jean Renel Sanon, le ministre de la justice, se félicite de la signature de ce protocole, lequel, croit-il, va permettre de découvrir les armes illégales en circulation sur le territoire national.
Martelly flanqué du ministre de la défense, Rodolphe Joazile en Équateur
Le chef de l’État, Joseph Michel Martelly, et le ministre de la défense du gouvernement Lamothe, Rodolphe Joazile, ont effectué une visite officielle de 48 heures, les mardi 10 et mercredi 11 juillet 2012, en Equateur.
Martelly a rencontré son homologue équatorien, Rafael Correa Delgado, avec qui il s’est planché sur des questions touchant à la coopération bilatérale, notamment.
La défense civile a été au cœur des discussions entre l’ancien sénateur, ex-capitaine des forces armées d’Haïti, Rodolphe Joazile devenu ministre de la défense, et son vis-à-vis de l’Équateur.
En Equateur, Martelly a sollicite l’appui des responsables politiques de son pays pour remettre sur pied les forces armées, démantelées (sous l’administration politique de Jean Bertrand Aristide] depuis 1995 en Haïti.
Au Panama, une semaine avant cette visite en Équateur, Martelly a rappelé sa volonté de rétablir les forces armées en Haïti durant son mandat de 5 ans (2011-2016).
Lâché par les États « traditionnellement amis » d’Haïti dont la France et les États-Unis d’Amérique, Martelly chercherait-il le support des latino-américains pour mettre à exécution son rêve militariste ?
Enfin un espace d’économie sociale en Haïti
Un« espace d’économie sociale » a été créé entre l’association nationale des caisses populaires haïtiennes (Anacaph) et le conseil national de financement populaire (Knfp), à la suite d’un atelier de réflexions sur le cadre légal et les performances sociales des coopératives et de la microfinance, tenu à Montrouis les 10 et 11 juillet 2012.
L’annonce a été faite par Lionel Fleuristin, directeur exécutif du Knfp, en présence de représentants du bureau du premier ministre, des ministères de l’économie, de la planification, de l’agriculture, du gouverneur de la banque de la république d’Haïti, des membres du mouvement coopératif haïtien ainsi que de l’Amérique latine et des Caraïbes.
L’association nationale des caisses populaires haïtiennes (Anacaph), le conseil national de financement populaire (Knfp), l’association nationale des institutions de microfinance d’Haïti (Animh) et le forum Latino-américain et des Caraïbes pour le financement rural (Forolac-fr) sont les organisateurs de cet atelier.
Vu la« vocation d’abord sociale des coopératives », comment une loi arrivera-t-elle à les articuler avec les autres institutions de microfinance et les banques, lesquelles, apparemment, visent avant tout le profit ?
Pour ses 59 ans…Aristide signe un nouveau livre
Dimanche 15 juillet 2012, à l’occasion du 59e anniversaire de l’ancien président haïtien, Jean Bertrand Aristide (7 février 1991 – 30 sept. 1991, 15 octobre 1995 -7 février1996, 7 février 2001- 29 fevrier 2004), la fondation qui porte son nom a été le théâtre de la célébration de son anniversaire » et de la vente signature, à 300 gourdes, de son dernier livre « Haïti-Haïtii. Pwezi filozofik pou dekolonizasyon mantal ».
Cette manifestation culturelle et politique a eu lieu en présence de l’ancien premier ministre, Jacques Édouard Alexis, du sénateur Jean Charles Moise, des anciens sénateurs Jean Hector Anacacis et Gérald Gilles, du médecin Frantz Large et du prêtre catholique romain Yvon Massacre, dans la commune de Tabarre (au nord-est de la capitale).
Pourtant, Aristide a brillé par son absence. Il s’est contenté de se faire représenter par son épouse, Mildred Trouillot Aristide.
Insolite ! un écrivain absent à la vente-signature de son propre livre !
Depuis son retour d’exil de 7 ans en Afrique du Sud, le 18 mars 2011 [il avait remis sa démission le 29 fevrier 2004, suite à un mouvement revendicatif populaire, dont d’anciens partisans lavalas et d’anciens militaires armes], l’ancien président Aristide se montre très discret. Aux cérémonies organisées en son honneur, c’est sa femme qui le représente.
Est-ce une stratégie aristidienne pour propulser son épouse au devant de la scène comme la nouvelle figure de proue de fanmi lavalas ? [efd kft rc apr 16/07/2012 11:26]