Communiqué du GRALIP
Soumis à AlterPresse le 5 avril 2004
Au seuil de la nouvelle conjoncture politique issue du 29 février 2004, le Groupe de Réflexion et d’Action pour la Liberté de la Presse (GRALIP) salue l’ensemble des consœurs et confrères de la Presse indépendante, qui ont fait preuve d’un courage et d’un engagement exemplaires, notamment durant les dernières semaines de la mobilisation ayant abouti au renversement de la dictature de Jean-Bertrand Aristide.
Pendant plusieurs mois, les très jeunes reporters professionnels ont bravé la férocité d’un régime de violences, fomentant les violations de la Liberté de la Presse, la propagande meurtrière, le paternalisme et le culte de la personnalité associés à un fanatisme sans bornes, qui ont mis en péril investissements et installations des médias indépendants, rappelle le GRALIP.
Aujourd’hui, malgré les incertitudes et les zones d’ombre de la présente transition politique, le GRALIP forme le vœu d’une nouvelle ère dépouillée d’entraves à une circulation libre de l’information sur tous les faits d’intérêt public.
Aux yeux du GRALIP, les réalités actuelles donnent aux médias indépendants l’opportunité de s’illustrer davantage dans la défense des valeurs démocratiques, en s’inscrivant dans une perspective de construction, sans céder aux sirènes du sensationnalisme, du pseudo-journalisme d’investigation, du vedettariat.
Le GRALIP convie les consœurs et confrères à continuer à faire montre de rigueur professionnelle, à garder une distance critique vis-à -vis du pouvoir d’Etat et des groupes d’intérêt de la société, tout en restant conscients de la responsabilité et de l’influence des médias sur l’orientation de l’opinion publique et l’appréciation des événements.
Le GRALIP lance une mise en garde contre toute résurgence de l’intolérance politique et des atteintes au droit à l’information, que tentent d’imposer les chimères, partisans de la délinquance politique, encore accrochés désespérément à un passé révolu, à contre-courant de la dynamique de l’histoire.
Le Groupe de Réflexion et d’Action pour la Liberté de la Presse appelle les nouvelles autorités à garantir la liberté de mouvement dans divers quartiers populaires de Port-au-Prince et différentes villes de province, où les habitants continuent d’éprouver de l’anxiété à s’exprimer librement ou à alerter les médias indépendants sur l’atmosphère d’insécurité et de menaces entretenues par les sbires du régime déchu ou d’anciens repris de justice.
Sur un autre plan, le GRALIP qualifie de situation à hauts risques le retour en ondes, sans aucune explication, du réseau de propagande Radio-Télé Timoun, appartenant théoriquement à la fondation de l’ex-président, un réseau qui avait incité à la haine et à la violence contre la population.
Le GRALIP invite l’administration Alexandre-Latortue à assumer ses responsabilités concernant le devenir, dans le paysage médiatique, de ce réseau ayant existé à cause des multiples opérations de détournements des fonds de l’Etat fournis par la coopération internationale, selon la clameur publique.
Par ailleurs, le GRALIP suit avec attention le dossier de la restructuration des médias d’Etat et souhaite que leur éventuelle relance soit précédée d’échanges intersectoriels sur leur statut, leur mission et leur ligne éditoriale.
Pour le GRALIP,
Vario Sérant, Coordonnateur principal
Stéphane Pierre-Paul, Assistant Coordonnateur
Ronald Colbert, Administrateur