P-au-P, 14 juillet 2012 [AlterPresse] --- Avec la persistance de la saison pluvieuse, les autorités de la protection civile devraient procéder à l’évacuation immédiate des habitants de Kicroix, Boucambour et Saint-Antoine, trois (3) localités de Bongars (deuxième section communale de Kenscoff, une municipalité à l’est de la capitale), où s’est produit un glissement de terrain le 6 juin 2012.
Telle est la recommandation principale, issue d’un rapport en date du 12 juin 2012 et émis par plusieurs ingénieurs géologues du bureau (haïtien) des mines et de l’énergie (Bme), dont Claude Prépetit, coordonnateur de l’unité technique de sismologie (Uts) relevant du Bme.
Une évacuation immédiate de la zone habitable, dans les 3 localités de Kenscoff citées, est nécessaire pour prévenir des dégâts écologiques.
Avec la saison pluvieuse actuelle, il faut craindre une possible amplification, dans les mois à venir, du phénomène “de fissures observées en amont de la tête du glissement et sur lesquelles se trouvent encore des maisons”, évoque le rapport du Bme dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
“ Il est important d’établir un cordon de sécurité autour de la zone (très accidentée et accessible seulement à pied) et d’interdire toute nouvelle construction dans les localités de Kicroix et de Saint Antoine, jusqu’à ce que le mouvement soit stabilisé et mieux identifié. Les fissures observées doivent être surveillées et une campagne de géophysique serait intéressante à mener dans la zone pour évaluer la profondeur de la surface de rupture”, préconisent les ingénieurs géologues du Bme.
De mars à mi-mai 2012, un mouvement gravitaire a résulté de l’accumulation de l’eau (générée par les nombreuses précipitations) dans les sols latéritiques rouges “peu épais, reposant sur des calcaires très fracturés et broyés”.
“ Ces sols latéritiques sont très sensibles à l’eau et peuvent être lessivés facilement par des eaux de ruissellement, ce qui est susceptible de créer des coulées boueuses”, signale le document de 13 pages (du bureau des mines et de l’énergie), contenant diverses données techniques ainsi que des images graphiques et photographiques.
La pluviométrie est vue, dans le rapport, comme le facteur de déclenchement du mouvement de terrain enregistré, le 6 juin 2012, dans cette zone très escarpée (40% de pente) à Kenscoff.
“ Les altitudes, dans les localités affectées de Bongars, varient de 1,400 à 1,300 m dans la zone de glissement, soit un dénivelé de 100 mètres sur près de 250 mètres de long”.
A l’est du glissement actuel, dans la localité dénommée Saint-Antoine, un glissement s’est produit en 1998 à la suite du cyclone Anna. Une source d’eau a été remarquée non loin de cet ancien glissement.
Parallèlement, des mouvements de terrain ont été observés à Bongars en 1979, à la suite du cyclone Allen.
“ De plus, la zone touchée par le glissement est située à 25 km à l’est de l’épicentre du séisme du 12 janvier 2010. Elle a été fortement secouée par ce séisme. Il est probable que de telles secousses aient pu réactiver ces anciens glissements qui se sont manifestés pendant la période de fortes pluies”.
Le glissement de terrain du 6 juin 2012 à Kenscoff n’a pas provoqué de pertes en vies humaines.
Cependant, les maisons de 10 familles ont été endommagées. Des routes ont disparu et beaucoup de jardins de maïs, de choux, de pois, de carottes, etc. sont perdues, d’après les informations recueillies sur place par l’équipe d’ingénieurs géologues.
Les recommandations, formulées dans le rapport du Bme, autour du glissement de terrain dans 3 localités de Bongars à Kenscoff (dans le massif de la Selle) sont de nature très sérieuse.
Il y aurait une menace pour les habitants jusque vers Léogane (à une trentaine de km au sud de Port-au-Prince), où se trouve l’épicentre du tremblement de terre du 12 janvier 2010 [qui a fortement affecté la ville], selon des observations de membres de protection civile qui veulent garder l’anonymat. [jep rc apr 14/07/2012 1:00]