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Regard (Chronique hebdo)

L’imbroglio syrien !

Par Roody Edmé*

Spécial pour AlterPresse

La situation en Syrie tourne au cauchemar. Le ratio de morts par jour est comparable aux pires moments du conflit irakien.

Le conflit syrien semble s’enliser, en dépit des efforts de l’envoyé spécial des Nations-Unies, Kofi Annan, actuellement à Damas.

Kofi Annan parle de progrès sensibles, mais on sait déjà tout ce que peut cacher le langage diplomatique.

Toujours est-il que la Syrie n’est pas la Libye, la mosaïque ethnique est telle que tout vide à la tête de l’État peut entraîner une « balkanisation » de ce territoire, avec de dangereuses traînées de poudre dans toute la région.

Les nouvelles de la Libye, après la mort de Mouammar Kadhafi, ne sont pas toujours rassurantes. Des fragments de milices armées, errant encore dans certains coins du territoire libyen, ont pris l’habitude de faire eux-mêmes la loi.

Il reste que le pays est engagé dans un processus électoral qui autorise bien des espoirs. Des élections ont eu lieu le samedi 7 juillet 2012, et les libéraux sont en passe de l’emporter. Les Islamistes seraient prêts à reconnaître leur défaite. Les Frères musulmans de Libye, longtemps traqués par la police politique de l’ancien guide libyen, n’ont pas beaucoup d’influence au sein de la société civile.

Le peuple libyen, en allant aux urnes dans un environnement encore « radioactif », exprime son rejet de toute forme de tyrannie, sa volonté de tourner la page des années Kadhafi et de rejeter toute forme de dictature, même voilée.

En Syrie, si la répression commise par les sbires du président Bachar el-Assad est insoutenable aux yeux même de ses alliés russes et chinois, on ne connaît pas tous les acteurs qui se dissimulent derrière la fumée des bombes.

Encore que le jeu politique sanglant, qui se déroule dans les principales villes syriennes, force à trancher. Et le régime du président Assad ne fait que retarder une fatale échéance.

Les Russes, Chinois et Iraniens sont dans une tentative de sauvetage de meubles, et aménagent une sortie en douce pour leur allié de Damas.

Personne ne veut revoir le scénario sanglant de la mort de Mouammar Kadhafi.

Mais, l’administration politique à Téhéran affirme - dans une phrase sibylline, qui ouvre la porte à toutes les négociations - qu’aucun dirigeant n’est éternel !

Des dirigeants politiques d’une centaine de pays, réunis à Paris, ont fait monter la pression sur le régime de Bachar el-Assad, en apportant leur support aux forces de l’opposition intérieure, loin des discussions byzantines de l’opposition extérieure déjà grisée par le chemin de Damas qui semble s’ouvrir devant eux.

En attendant, les souffrances du peuple syrien peuvent durer encore longtemps, car la déchirure n’est pas que politique, elle est aussi ethnique.

La chirurgie risque d’être d’une grande complexité.

* Éducateur, éditorialiste