Par Stephen Ralph Henri
P-au-P, 06 juillet 2012 [AlterPresse] --- L’expert indépendant sur la situation des droits humains en Haïti, le français Michel Forst, exhorte les autorités haïtiennes à inscrire « la question de l’État de droit » au centre de toutes les reformes à mettre en œuvre sur les plans sociaux et économiques, selon des informations obtenues par l’agence en ligne AlterPresse.
L’établissement de l’État de droit passe particulièrement par le respect des droits à la santé, à l’éducation et à la l’alimentation, rappelle Forst
dans son troisième rapport sur Haïti présenté [le 3 juillet] devant le Conseil des droits humains (Cdh) de l’organisation des Nations Unies (Onu) à l’occasion de la vingtième session du conseil qui s’achève ce vendredi 6 juillet 2012.
Donnant sa lecture de la situation des droits humains entre mars 2011 et mars 2012 en Haïti, Forst préconise des actions institutionnelles
autour de 4 principaux axes.
Il s’agit des droits civils et politiques, des droits économiques, sociaux et culturels, des atteintes aux droits et la crise humanitaire, ainsi que de la lutte contre l’impunité.
L’expert indépendant en droits humains des Nations Unies suggère un renforcement de l’Office de la protection de la citoyenne et du citoyen (Opc), par la nomination, notamment, d’une protectrice ou d’un protecteur adjoint dans le cadre de la lutte en faveur de la défense des droits de la femme.
L’adoption d’une loi, pour finir avec la détention préventive prolongée, la prise en compte des personnes déplacées dans les camps placés dans les espaces privés, doivent retenir l’attention des autorités, soutient Forst.
L’expert indépendant en droits humains des Nations Unies presse les autorités sur la nécessité de prendre en considération les 22 plaintes pour crimes contre l’humanité, portées contre l’ex-dictateur Jean-Claude Duvalier (22 avril 1971- 7 février 1986), de même que l’accompagnement des victimes de la dictature des Duvalier dans leurs démarches en justice.
D’autres recommandations, figurant dans le troisième rapport de Michel Forst, concernent une implication effective des droits humains dans tous les aspects de la reconstruction, ainsi que la création d’une structure de recherche en ce qui a trait aux droits humains.
Une attention particulière aux enfants, en particulier celles et ceux qui sont victimes dans le cadre de procédures d’adoption internationale, l’adoption de dispositions administratives contre les policiers nationaux qui ne respectent pas les droits des citoyens dans leurs agissements, sont d’autres points essentiels à toucher, suivant le rapport de Forst.
L’expert français souhaite une révision de la loi portant création du conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj), installé le 3 juillet 2012, environ 5 ans après la loi (datée du 13 novembre 2007) instituant cette structure.
Une loi, qui laisserait trop de pouvoir entre les mains du ministère de la justice, argumente Michel Forst !
Dans son troisième rapport sur Haïti, l’expert indépendant en droits humains des Nations Unies appelle particulièrement les pays dits « amis d’Haïti » à cesser les rapatriements...
Aussi, insiste-t-il sur la nécessité de séparer le bureau du haut commissariat des droits humains en Haïti de celui de la section des droits humains de la mission des Nations Unies de stabilisation en Haïti (Minustah), les 2 bureaux étant actuellement logés au même endroit au nord de la capitale.
Considérant combien le rapport - présenté par Forst à la vingtième session de travail du conseil des droits humains des Nations-Unies - « reflète la situation des droits humains dans le pays », la plateforme des organisations haïtiennes de [défense] des droits humains (Pohdh) souhaite que la réalité soit différente si l’expert doit présenter un prochain document sur les droits humains en Haïti.
La XXe session du conseil des droits humains de l’Onu, qui a commencé le 18 juin dernier, prend fin ce vendredi 6 juillet 2012. [srh kft rc apr 06/07/2012 14:00]