P-au-P, 27 juin 2012 [AlterPresse] --- L’Organisation internationale pour les migrations (Oim) appelle le gouvernement haïtien et la communauté internationale à faire un ultime effort en vue de mettre fin à la crise du déplacement des personnes victimes dans le séisme dévastateur du 12 janvier 2010 en Haïti, selon les informations dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Lors d’une visite de trois jours en Haïti (du samedi 23 au lundi 25 juin 2012), le directeur général de l’Oim, William Lacy Swing, a fait appel au leadership du gouvernement haïtien et à un soutien international suffisant afin d’atteindre cet objectif.
Déplorant les mauvaises conditions des familles qui survivent avec peu de moyens sous des bâcles et des tentes, Swing suggère un déploiement d’efforts importants afin de fermer les 575 camps restants en dépit de la forte baisse observée, dit-il, du nombre de personnes déplacées depuis le début de la crise.
La vulnérabilité des femmes et des filles, aux violences sexuelles basées sur le genre, est une des préoccupations exprimées par Swing, estimant que les femmes et les filles déplacées ont besoin d’être relogées dans des logements sûrs.
390,276 personnes vivent encore dans les camps de personnes déplacées à travers les zones touchées par le séisme, soit une diminution de 75 pour cent par rapport au mois de juillet 2010, date à laquelle la population des camps s’élevait à 1,5 million, selon un dernier décompte de l’Oim.
Une diminution de 7 pour cent de la population des camps, par rapport à avril 2012, a été observée, indiquent ces données, issues de la matrice de suivi des déplacements (Dtm) de l’Oim.
Les solutions
Au cours d’une rencontre avec Swing, le président haïtien, Michel Martelly, s’est engagé à continuer à travailler aux côtés d’Oim pour renforcer les programmes de fermeture des camps, en utilisant la méthodologie développée par le gouvernement, Oim et d’autres acteurs humanitaires durant l’année écoulée.
Cette méthodologie consiste, jusqu’à présent, à offrir une enveloppe substantielle (20 mille gourdes dans le cas du Champs de Mars par exemple) [US $ 1.00 = 42.00 gourdes ; 1 euro = 58.00 gourdes aujourd’hui] à chaque famille de personnes déplacées pour favoriser l’affermage d’une maison.
Une méthodologie, qui ne cadre pas avec ce que réclament des organisations de droits humains, comme celles membres de la Plateforme des organisations haïtiennes de défens des droits humains (Pohdh).
La Pohdh souhaite plutôt que la problématique des logements sociaux soit inscrite comme priorité dans l’agenda des autorités, afin de mettre un terme à la discrimination dans l’accès au logement, aux expulsions forcées, ainsi que de permettre à toutes les personnes de bénéficier d’un lieu de vie décent.
La Pohdh recommande aux autorités de « discuter avec les propriétaires des terrains privés pour leur demander de prolonger les délais de déplacement, en attendant que des mesures soient prises afin de reloger les familles victimes dans un avenir non lointain pour qu’enfin elles puissent vivre en paix ».
Plus de cent mille (100,000) familles ont été déjà expulsées arbitrairement, enregistre la Pohdh.
Les familles des camps « Grâce Village » à Lamentin 54, « village par la foi » à Delmas 33, « Parc Colofé » à Delmas 30, « Accra » à Delmas 60 subissent encore des violences physiques et des menaces d’expulsions, signale la plateforme des organisations haïtiennes de droits humains.
Toutes formes de menaces, commises sur les occupantes et occupants des camps d’hébergement, constituent une violation grave des droits fondamentaux des victimes, au regard de l’article 22 de la Constitution Haïtienne de 1987, rappelle la Pohdh [emb kft rc apr 27/06/2012 13:00]