P-au-P, 27 juin 2012 [AlterPresse] --- La plus grande confusion règne autour du texte amendé de la Constitution, reproduit et corrigé sur ordre du président Joseph Michel Martelly, alors que les deux chambres semblent avoir des points de vue divergents sur l’authenticité du fameux texte, releve l’agence en ligne AlterPresse.
« Est et demeure reproduite, pour erreurs matérielles, la loi constitutionnelle votée en assemblée nationale le 9 mai 2011 », fait savoir un nouvel arrêté daté du 19 juin 2012.
La reproduction devait correspondre à une nouvelle publication du document, nettoyé des erreurs dénoncées dans le précédent.
Cependant, la version de la Constitution définitive serait porteuse d’erreurs par omission, comme dans le nouvel article 137 qui enlèverait au parlement la prérogative de valider le choix du premier ministre (fait par le président de la république). Cette version correspondrait à ce qui a été lu à l’assemblée pour le vote (du 9 mai 2011) et non à ce qui a été retranscrit.
Ces erreurs qui n’en finissent pas…
Le « texte ne correspond pas totalement à la loi votée le 9 mai 2011 par l’assemblée nationale au parlement haïtien », souligne un communiqué, transmis le 26 juin 2012 à AlterPresse et portant la signature de plusieurs sénateurs, dont le président du sénat, Dieuseul Simon Desras - qui, sans avoir consulté l’assemblée des sénateurs au préalable,-a avalisé l’opération du mardi 19 juin 2012 de la présidence, autorisant la publication de l’amendement de la Constitution du 29 mars 1987 -.
Ces sénateurs disent se réserver le droit de fixer leur position après le 4 juillet 2012, date à laquelle prendra fin une retraite de 4 jours des sénateurs pour débattre de points cruciaux.
Cette nouvelle position ajoute à la confusion générale, puisque le président du sénat, Dieusseul Simon Desras a applaudi la reproduction du texte amendé.
La décision du 19 juin 2012 a été prise, de manière consensuelle, entre les représentants des trois pouvoirs, selon ce qui a été annoncé lors d’une cérémonie déroulée à la date indiquée au siège de la présidence, en présence de diplomates étrangers.
Desras a déjà marqué cette contradiction en demandant, dans une lettre au président Michel Martelly, de corriger la version reproduite pour qu’elle soit conforme à ce qui a été voté le 9 mai 2011.
Le président de la chambre des députés, Levaillant Louis -eune, ne partage pas la position de Desras, ni celle de certains sénateurs.
Pour Louis-Jeune, l’article 137 - tel qu’il est actuellement - « enlève un poids » au parlement.
Louis-Jeune, qui intervenait sur une station de radio de la capitale, fait référence aux délais, souvent très longs ,et au processus laborieux et convulsif de ratification d’un premier ministre, lorsque le parlement doit donner son avis.
« Moi, je pense qu’en 2012 on ira vers la modernisation du pays, de nos institutions, de la manière de faire de la politique. Et honnêtement je pense que c’est un poids pour le moment qui est enlevé au parlement », poursuit-il.
En attendant que les sénateurs se prononcent, que les autorités s’entendent, que les doutes s’estompent et que les erreurs soient gommées une fois pour toutes, peut-on parler d’une Constitution amendée en vigueur en Haïti ? [jep kft rc apr 27/06/2012 9:19]