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Haïti-R. Dominicaine/CIDH : Aucune date fixée pour le verdict de la Cour sur le massacre de Guayubin (Vidéo)

P-au-P, 26 juin 2012 [AlterPresse] --- L’audience à la Cour interaméricaine des droits de l’homme (Cidh) au Costa Rica, mettant en accusation les autorités dominicaines pour le massacre de Guayubin, s’est achevée le 22 juin dernier, en présence des représentants des victimes qui ont délivré leurs témoignages, alors qu’aucune date n’a été fixée pour le verdict, apprend AlterPresse.

Lors de cette audience de deux jours, plusieurs personnes ont apporté leur témoignage sur les mobiles de cette tuerie qui a couté la vie à sept personnes (dont six Haïtiens et un Dominicain) et blessé plus d’une trentaine d’autres ressortissants haïtiens.

Ce massacre a été perpétré le 18 juin 2000 dans la localité de Guayubin, au Nord de la République Dominicaine, à 50 kilomètres de la frontière haïtienne.

Parmi les représentants des victimes figurent Josué Maximé, Noclair Florvilien et Amarilys Espinal.

Trois organisations ont accompagné les survivants et proches des victimes de Guayubin durant les 12 années qui ont suivi cet évènement troublant. Il s’agit du Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR), du Centre Culturel Dominico-Haïtien (CCDH) et de la Clinique Internationale de Défense des Droits Humains de l’Université du Québec à Montréal (CIDDHU).

Lors de la deuxième journée de l’audience, la Coordonnatrice du GARR, Colette Lespinasse « a insisté sur la responsabilité du gouvernement dominicain par le maintien d’un climat de discrimination et d’anti-haïtianisme et l’encouragement de l’impunité en faveur de ceux qui violent les droits des immigrants haïtiens en territoire dominicain », rapporte le Garr.

Par ailleurs, la CIDH a soulevé des arguments pouvant prouver l’implication de la République Dominicaine qui aurait utilisé la force démesurée et violé le droit à la vie.

Pour sa part, l’avocat-professeur Bernard Duhaime de la Clinique Légale de l’Université du Québec à Montréal, a mis en lumière les droits humains violés à savoir : le droit à la vie, l’accès à la justice, le droit d’avoir un procès équitable, le droit d’être traité équitablement, le droit d’être entendu avant d’être déporté.

Accusé de massacre, l’Etat dominicain par l’organe d’un avocat-militaire, a soutenu la thèse de la défense du territoire, « en faisant valoir que les militaires n’avaient pas tué intentionnellement parce qu’il faisait nuit ce 18 juin 2000, qu’ils ne pouvaient pas savoir qu’il y avait du monde dans le véhicule et que les Haïtiens sont toujours bien considérés en République Dominicaine », indique le Garr.

La situation à la frontière entre les deux pays qui partagent l’ile d’Haïti est souvent tendue, alors que l’absence des autorités haïtiennes dans ces zones fragiles ouvre la voie à de nombreuses violations des droits des commerçants et migrants. [jep kft gp apr 26/06/12 17:00]

Voir un extrait de l’audience

Audiencia Pública. Caso Nadege Dorzema Vs. República Dominicana. Parte 2 from CorteIDH on Vimeo.