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Des étudiants exigent que la force internationale laisse l’université de Tabarre

P-au-P., 1 avr. 04 [AlterPresse] --- Le mouvement estudiantin haïtien annonce une mobilisation contre la présence des marines à l’Université Populaire de Tabarre (périphérie nord de la capital), transformée en base militaire.

Les étudiants de la Faculté des Sciences Humaines, haut lieu de la résistance contre le régime de l’ancien président Jean Bertrand Aristide, ont déclaré le 30 mars à la presse qu’ils n’accepteront pas qu’un espace universitaire soit consacré à des activités militaires.

« Qu’on le veuille ou non, l’espace universitaire est nôtre et doit être démilitarisé », a déclaré Josué Vaval, un des responsables du mouvement, à un reporter de la station privée Radio Kiskeya.

L’Université Populaire de Tabarre a été fondée, en tant que œuvre privée, par l’ex président Aristide, grâce à l’aide internationale, principalement de Taiwan et de Cuba.

Cette université sert actuellement de quartier général de la force internationale composée de plus de 3.000 militaires américains, français, canadiens et chiliens, sous le commandement du général américain Ronald Coleman.

« Nous demandons au général Coleman de vider les lieux », a déclaré Vaval. « Dans les prochains jours nous allons passer une autre vitesse », a-t-il ajouté en précisant que les étudiants vont organiser des manifestations pacifiques.

Lors de sa prise de fonction en tant que Commandant de la force internationale le 15 mars dernier, le général Coleman a martelé que les soldats étrangers présents sur le territoire haïtien depuis le 29 février, date de la démission et du départ pour l’exil d’Aristide, ne constituaient pas « une force d’occupation ».

En présence du président provisoire, Boniface Alexandre, et le Premier Ministre, Gérard Latortue, Coleman a déclaré que la mission de la force internationale en Haïti consiste
à aider à l’établissement d’un climat de paix et de stabilité, en vue de préparer le terrain au déploiement des forces des Nations Unies.

Les étudiants ont appelé le gouvernement de Gerard Latortue à adopter une position officielle contre l’occupation de l’université de Tabarre. Si non, « nous serons obligés d’entreprendre une grande mobilisation avec l’apport des étudiants au niveau national et international », a prévenu Vaval.

Les étudiants ont désormais conditionné tout contact avec les membres du gouvernement par une position officielle « critique » par rapport à la présence des « blancs » (militaires étrangers) dans le pays et en faveur de la démilitarisation de l’université de Tabarre.

Il y a quelques jours, les étudiants avaient exprimé le souhait que l’université de Tabarre soit libérée au plus tard le 18 mai, fête du drapeau haïtien et de l’université. Ils ont aussi souhaité que l’établissement de Tabarre soit incorporé à l’université d’Etat.

Le 29 mars, les étudiants de la faculté des Sciences Humaines ont refusé une visite du ministre de l’Intérieur, l’ancien général Hérard Abraham, accompagné de plusieurs policiers armés. Des gens armés ne doivent pas pénétrer dans l’espace universitaire, ont rappelé les étudiants. Le ministre Abraham a indiqué que son initiative de visiter la Faculté des Sciences Humaines n’était pas bien coordonnée.

Dans une entrevue radiophonique, le Premier Ministre Latortue a rapidement souligné le 28 mars que la force internationale n’est en Haiti que pour trois mois.

Le 18 mars, le Mouvement Démocratique Populaire, intégré, entre autre, par le professeur universitaire Anil Louis Joute, a exprimé par lettre ouverte au président Alexandre son « indignation de voir l’Université Populaire de Tabarre transformée en base militaire de la force internationale d’occupation ».

Le mouvement a soutenu que le peuple haïtien a « un réel besoin de coopération de la communauté internationale (Â…), que le peuple haïtien voulait se débarrasser du dictateur Aristide et des pratiques du régime lavalas, mais il ne veut pas d’une occupation et non plus d’une coopération bilatérale ou multilatérale qui ne respecte pas les lois du pays et les droits fondamentaux comme le droit à l’éducation, le principe de l’autodétermination des peuples et la solidarité (Â…) »

L’intervention de forces internationales en Haïti le 29 février passé est la troisième en moins d’un siècle. La première a été effectuée en 1915 par des soldats Américains qui sont restés en Haïti jusqu’en 1934.

En 1994, des troupes américaines, suivies de troupes internationales, sont arrivées dans en Haiti pour préparer le retour de Jean Bertrand Aristide qui a été renversé par des militaires en 1991, 7 mois après être entré en fonction pour son premier mandat.

2004 est l’année du bicentenaire de l’indépendance d’Haïti, proclamée en 1804, après un combat acharné contre l’armée française. [gp apr 01/04/2004 05:30]