P-au-P, 24 Juin 2012[AlterPresse] --- L’ancienne ministre à la condition féminine et aux droits des femmes, Marie Laurence Jocelyn Lassègue, souhaite que les tests d’Adn (acide désoxyribonucléique), permettant la recherche de la paternité, soient accessibles aux femmes et aux hommes, lors d’une conférence-débats à la Fondation connaissance et liberté (Fokal), le vendredi 22 Juin 2012.
L’un des grands problèmes avancés par les femmes en ce qui concerne la recherche de la paternité est la réalisation du test d’Adn qui coute très cher, déplore Lassègue. Elle signale que des luttes sont menées par des organisations féministes notamment en Amérique latine pour essayer de jouer sur les prix.
L’ancienne ministre appelle l’Etat, à travers les ministères comme celui de la condition féminine et des droits des femmes à travailler en vue de l’accessibilité des tests d’Adn. Elle espère que dans cinq ou dix ans ces tests seront gratuits comme c’est le cas pour des tests de dépistage du VIH/SIDA au centre Gheskio à Port-au-Prince.
« Les hommes et les femmes doivent accepter de se protéger quand ils ne sont pas prêts à faire des enfants », recommande, par ailleurs, la directrice de l’Idea avançant que « faire un enfant est une responsabilité concertée » qui exige à l’homme et la femme d’être en mesure de subvenir aux besoins économiques et affectueux de cet enfant.
« Quelqu’un [l’homme] qui sait qu’il a déjà un ou deux enfants et qu’il ne peut pas s’occuper d’un troisième sera maintenant obligé de réfléchir parce qu’il sait qu’on [l’Etat] peut saisir ses biens, sa maison, son salaire à la source », fait-elle remarquer faisant allusion à la loi sur la paternité responsable et la filiation.
Cette loi stipule qu’au cas où le père nierait son lien biologique avec un (e) enfant et refuserait de le reconnaitre, celui-ci sera présumé en être le père s’il est établi que durant la période de conception de l’enfant la mère entretenait des relations intimes notoires avec lui sous réserve de l’action en désaveu du père pour cause déterminée.
Suivant les procédures établies par cette loi, la demande de paternité peut être introduite par la mère par devant la doyenne ou le doyen du tribunal de première instance ou tel autre juge désigné par elle ou par lui en attribution urgente. Dans ce cas, la femme ou son enfant majeur sera admis à produire tous les modes de preuves dont le test d’Adn qui est maintenant reconnu.
La loi relative à la paternité responsable et la filiation proposée et soutenue par Lassègue pendant qu’elle était ministre à la Condition féminine et aux droits des femmes a obtenu, le jeudi 12 avril 2012, un vote favorable à l’assemblée des sénateurs à l’unanimité des membres présents. Il avait déjà reçu, en 2009, l’avis favorable de la chambre des députés.
Plusieurs organisations de femmes comme l’organisation Kay fanm (maison des femmes), Solidarité des femmes haïtiennes (Sofa), Fanm Deside-Jacmel (Sud-Est) avaient applaudis le vote final de cette loi et continuent d’attendre sa promulgation.
Suivant les prescrits de la Constitution haïtienne, une loi n’est d’application qu’après avoir été publiée dans le Moniteur, le journal officiel, par la présidence de la République.
Marie Laurence JocelynLassègue croit que la loi sur la paternité responsable et la filiation contribuera à la lutte contre l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et des enfants.
Cette législation qui permet de lutter contre l’irresponsabilité des hommes met les enfants notamment incestueux ou adultérins à l’abri d’injustices sociales, de marginalisation et de stigmatisation sociale, souligne Lassègue.
Le code civil daté de 1825 considérait la recherche de la paternité par la mère comme un acte illégal aux yeux de la loi, rappelle t-elle.
Seul l’homme-géniteur avait la possibilité de déclarer à l’officier d’Etat civil la naissance d’un enfant survenu hors des liens du mariage, précise l’ancienne ministre faisant remarquer que l’absence de législation a engendré une prolifération du nombre d’enfants mis au monde par l’homme haïtien « parce que la loi ne les obligeait pas de s’en occuper ». [emb gp apr 24/06/2012 22 : 40]