P-au-P, 21 juin 2012 [AlterPresse] --- Des dizaines de déplacés du département de l’Ouest et l’organisation Force de réflexion et d’action sur la question du logement (Frakka) ont tenu un sit-in le 20 juin 2012 devant le Ministère des affaires sociales et du travail afin de réclamer un positionnement public du ministre contre les évictions forcées, a constaté AlterPresse.
Une lettre ouverte a été adressée au ministre des affaires sociales, Ronsard Saint-Cyr, pour« attirer son attention sur des cas de violations des droits des déplacés dans les camps ».
Reyneld Sanon, de Frakka, Jean Jn Robert, du Camp Mormon, Patrice Florivus, avocat et directeur de Défenseurs des oprimés (Dop), ont pu rencontrer le ministre Ronsard qui s’est engagé « à faire respecter les principes directeurs des Nations Unies sur les déplacés internes ».
Le ministre a aussi donné l’assurance que « l’Etat haïtien est contre les expulsions forcées et prêt à procéder à l’arrestation des auteurs de ces actes », rapporte Florvilus.
Ronsard a annoncé également « une rencontre urgente avec le premier ministre Lamothe sur la question ».
Toutefois les dirigeants ne veulent pas parler de satisfaction. « Nous attendons une position publique du gouvernement contre la question des expulsions forcées. Nous ne croyons pas au discours », a martelé Florvilus.
Plusieurs institutions publiques, organisations privées et personnalités connues ont été ciblées par les participants comme auteurs de « persécutions, de répressions, de menaces et d’arrestations » sur des citoyens et citoyennes vivant dans des camps depuis le passage du tremblement de terre du 12 janvier.
Les mairies de Delmas et de Carrefour, des propriétaires d’entreprises ou de terrains dans la commune de Delmas, des pasteurs protestants se sont trouvés dans la ligne de mire des manifestants.
Les déplacés du camp Mormon Megamart à Delmas 30 dénoncent les exactions des membres de la brigade de la mairie de Delmas : tentes déchirées, bastonnades, tirs nourris, etc.
Le Frakka dénonce la situation des déplacés de « Grace Village » à carrefour. Ils seraient bastonnés quasiment tous les soirs avec « la complicité de la mairie, la justice et la police de Carrefour ».
« Le vendredi 25 mai 2012, sur ordre d’un ancien directeur des douanes (...) se disant propriétaire des terres déclarées d’utilité publique, la police a arrêté 11 déplacés du camp ’lanmè frappe’ » à Titanyen (périphérie nord), lit-on dans la lettre adressée au ministre Ronsard.
Les manifestants exigent une condamnation officielle des expulsions forcées, la cessation des interventions brutales par la mairie de Delmas et l’application par des propriétaires du code civil haïtien dans le cas des déguerpissements.
Les déplacés demandent aussi la définition et la mise en oeuvre d’un « plan de logements sociaux » en vue de la construction de logements décents pour les victimes du 12 janvier 2010. [efd kft gp apr 21/06/2012 12:00]