Après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, « un besoin réel de service d’accompagnement » des femmes se pose à Croix des Bouquets, une municipalité « qui a connu une forte croissance démographique et une augmentation considérable des cas de violence basée sur le genre ».
Par Emmanuel Marino Bruno
P-au-P, 14 juin 2012 [AlterPresse] --- La mise en place de dispositions de renforcement institutionnel sera poursuivie en vue de lutter contre la banalisation de la violence basée sur le genre, notamment dans la municipalité de la Croix des Bouquets (à une vingtaine de km au nord-est de la capitale), annonce la conseillère en genre et protection à Oxfam, Soudnie Rivette, dans une interview accordée à AlterPresse.
Une cellule d’échange et de coordination est en cours de structuration afin de permettre aux organisations partenaires d’Oxfam et aux autorités locales concernées de faire le plaidoyer dans la lutte contre la violence basée sur le genre, indique Rivette.
En ce sens, trois centres d’accueil ont été inaugurés par Oxfam dans la commune de la Croix-des-Bouquets (municipalité au nord-est de la capitale), le mercredi 6 juin 2012, dans le cadre d’un projet global visant à renforcer la lutte contre la violence sexo-spécifique.
Débuté peu de temps après le séisme du 12 janvier 2010, ce projet global prend en compte la formation et le renforcement des capacités techniques des organisations incluant la mise en place de centres d’accueil, la sensibilisation des personnes pour la débanalisation de la violence basée sur le genre, la recherche de l’aide pour les victimes et la dynamisation de la coordination entre les différentes institutions concernées, dont les autorités politiques locales.
Ces centres d’accueil constitueront un pont entre la population et les différentes institutions du système national de référencement des personnes victimes de violences sexuelles spécifiques, souligne un communiqué d’Oxfam transmis à AlterPresse.
« L’objectif de ces centres d’accueil est de donner un service de proximité, en assistant les gens - confrontés aux actes de violence basée sur le genre à Croix des Bouquets -, et d’éviter de les exposer à d’autres risques médicaux ou psychosociaux ».
Conseiller les victimes sur leurs droits et l’importance de l’accompagnement - avant d’être référencées auprès de centres de santé, pour leur prise en charge médicale, et d’institutions légales, pour la recherche de justice et réparation -, sera, entre autres, l’un des services disponibles dans ces centres d’accueil.
Plusieurs organisations partenaires d’Oxfam entendent accueillir les victimes, les survivants et leurs proches ainsi que toutes personnes voulant recevoir de l’information au sujet de la violence liée au genre.
« A Croix-des bouquets, il existe une carence en matière de services liés à la prise en charge des personnes victimes de violence basée sur le genre », relève Rivette qui insiste sur la nécessité de rendre accessible des services appropriés dans cette municipalité.
La conseillère en genre et protection à Oxfam forme le vœu d’une implication plus systématique de l’État (local) dans la coordination des interventions dans ce domaine en vue d’une meilleure qualité des services au niveau légal, médical et psychosocial.
« Les autorités locales, Oxfam ainsi que ses partenaires ont, tous, identifié un besoin réel de service d’accompagnement à Croix des Bouquets qui a connu une forte croissance démographique, suite au séisme de 2010, et une augmentation considérable des cas de violence basée sur le genre », fait-elle remarquer.
Dans le cadre de la lutte contre la violence basée sur le genre, l’organisation de defense et de promotion des droits des femmes Solidarite Fanm Ayisien (Solidarité des femmes haïtiennes / Sofa) aide ces partenaires et responsables des centres à renforcer leurs capacités en vue de fournir un accompagnement de qualité (répondant aux principes internationaux), en termes d’accueil, du respect de la confidentialité et du fonctionnement du système de référencement.
« Huit femmes sur dix en Haïti sont victimes ou exposées à la violence basée sur le genre. C’est un problème systémique, qui constitue un obstacle majeur au développement.dans le pays », selon des statistiques avancées par la conseillère en genre et protection à Oxfam, Soudnie Rivette.
Oxfam et ses partenaires invitent la population à dénoncer de tels actes de violence basée sur le genre et à lutter contre l’impunité. [emb kft rc apr 14/06/2012 0:43]