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Haïti-Justice : Un officier judiciaire mis en cause pour abus de pouvoir

P-au-P, 1er juin 2012 [AlterPresse] --- La mise en disponibilité du commissaire du gouvernement près le tribunal civil de la Croix-des-Bouquets (municipalité au nord-est de la capitale), Mario Beauvoir, est liée à des actes arbitraires et abus de pouvoir sur des avocats, selon les informations recueillies par l’agence en ligne AlterPresse.

« La goutte d’eau, qui a renversé le vase, est l’arrestation illégale et arbitraire de mon client et ma mise en garde à vue par le commissaire. Avant de me mettre en garde à vue, celui-ci a failli m’assassiner, au vu et au su de plusieurs témoins, en tirant sur moi avec son revolver, le lundi 23 avril 2012 », déclare l’avocat Jean Olivens Paul, l’une des victimes de l’autoritarisme de Beauvoir, interviewé par AlterPresse au local du conseil de l’ordre des avocats du barreau de la Croix-des-Bouquets.

« Le commissaire a commis de tels actes contre ma personne, parce que je lui ai dit que la loi ne lui donne pas de provision légale pour garder mon client à vue de façon illégale et arbitraire », indique Me. Paul expliquant que Beauvoir l’a mis en garde à vue pendant plusieurs minutes après lui avoir tiré dessus au parquet.

La mise en disponibilité du commissaire du gouvernement, Mario Beauvoir, survient en réponse à la demande de sanction, adressée par le conseil de l’ordre des avocats du barreau de la Croix-des-Bouquets, en date du vendredi 25 mai 2012, au ministre de la justice et de la sécurité publique, Jean Renel Sanon, contre les abus de pouvoir exercés par celui-ci contre des avocats, reconnait Paul.

« Cette mise en disponibilité n’a rien à voir avec l’arrestation de Calixte Valentin », dément-il, faisant référence aux récentes déclarations du commissaire qui tentait, par ce fait, de justifier sa mise en disponibilité.

Paul croit que sa tentative d’assassinat ainsi que les actes arbitraires - commis par le commissaire sur deux autres avocats, dont Eddy Joseph Espérance Nelson, avocat au barreau de Saint Marc, et Rigaud Saint-Pierre, avocat au barreau de Port-au-Prince -, auraient entrainé cette mise en disponibilité.

Par contre, le commissaire Beauvoir a fait savoir, dans la presse, que sa mise en disponibilité a un rapport avec l’arrestation qu’il a orchestrée contre Calixte Valentin, un conseiller politique du président de la république, Joseph Michel Martelly, sur ordre de la justice de Crois-des-Bouquets.

Valentin a été suspendu depuis avril 2012 - pour son implication présumée dans la mort du commerçant haïtien, Octanol Dérissaint.

Dérissaint a été assassiné, le mercredi 18 avril 2012, à Fond Parisien (section communale de Ganthier, sur la frontière avec la République Dominicaine, à une cinquantaine de kilomètres à l’est de la capitale, Port-au-Prince).

Une enquête sur les actes arbitraires du commissaire, Mario Beauvoir, a été diligentée par le ministère de la justice et de la sécurité publique, pour faire toute la lumière sur le dossier, indique Paul.

Le conseil de l’ordre des avocats du barreau de la Croix-des-Bouquets considère comme une tentative d’assassinat, l’agression perpétrée par Beauvoir sur Paul, en présence d’autres avocats, du personnel judiciaire et des justiciables, dans une lettre en date du 9 mai 2012 adressée au doyen du tribunal civil de cette juridiction.

Dans cette lettre, le conseil dénonce les agissements du commissaire du gouvernement, Mario Beauvoir, à l’endroit de trois avocats, dont Jean Olivens Paul.

Suite aux actes arbitraires du commissaire du gouvernement perpétrés à l’encontre de ces avocats, un arrêt de travail a été observé du jeudi 10 au jeudi 17 mai 2012 en guise de protestation.

En date du 13 avril 2012, le commissaire du gouvernement de la Croix-des-Bouquets, Mario Beauvoir, a mis en garde à vue, au parquet de la Croix-des-Bouquets, l’avocat du barreau de Port-au-Prince, Rigaud Saint-Pierre, ainsi que ses deux clients, rappelle la lettre du 9 mai 2012.

Dans la matinée du 22 juin 2011, ce même commissaire a aussi procédé, personnellement, avec arme à la main, à l’arrestation et l’emprisonnement d’Eddy Joseph Espérance Nelson, avocat au barreau de Saint-Marc (Artibonite/ Nord), et de ses deux clients victimes. Nelson n’a été libéré que le lendemain 23 juin 2011, vers 3:30 pm (20:30 gmt) grâce à l’intervention de certaines autorités judiciaires de la juridiction.

Le ministère de la justice doit prendre des mesures utiles pour freiner et empêcher la répétition de tels actes au parquet de la Croix-des-Bouquets, en agissant avec la dernière rigueur contre le commissaire du gouvernement près le tribunal civil de la Croix-des-Bouquets, Mario Beauvoir, espère le conseil de l’ordre des avocats du barreau de la Croix-des-Bouquets, dans la correspondance du 13 avril 2012. [emb kft rc apr 1er/06/2012 11:14]