Malgré des contraintes diverses, de rudes travailleurs paysans de Lahoye (une des sections communales dans le département du Centre) ont pris l’initiative de s’entraider afin d’aménager, en cette année 2012, plusieurs kilomètres de route devant faciliter les échanges et l’accès des véhicules...
Correspondance Ronel Odatte
Hinche, 31 mai 2012 [AlterPresse] --- Deux mondes dans une seule commune.
C’est la situation de Lahoye, située dans le département du Centre, qui présente deux parties, est et ouest, aussi différentes que le jour et la nuit, relève l’agence en ligne AlterPresse.
Enclavée, Lahoye de l’ouest, oubliée par les politiques et les organisations non gouvernementales (Ong), demeure un échantillon malheureux des inégalités observées notamment dans les sections communales.
Une section entre deux communes
La 3e section de la commune de Thomonde porte le nom de Lahoye.
Néanmoins, les habitantes et habitants se retranchent entre l’est (Lascahobas) et l’ouest (Thomonde). D’où Lahoye de l’est et Lahoye de l’ouest.
La 3e section communale Lahoye, appartenant antérieurement à la municipalité de Lascahobas et située de l’autre côté du Lac de Péligre (plus près de la municipalité de Thomonde) est rattachée désormais à la commune de Thomonde, sous le nom de "4e section communale Lahoye de Thomonde", indique un décret présidentiel datant du 4 avril 2004.
La 4e section communale Lahoye de Thomonde est composée de 63 localités, dont 21 à l’est et 42 à l’ouest.
En voiture, en camion, à moto, à cheval ou à pied, tous les moyens sont bons pour atteindre la partie est ou orientale de la section de Lahoye.
A l’est, les agents de police, les juges, le conseil d’administration de la section communale (Casec), sont présents. Les services, comme l’école, l’eau, les soins de santé, y fonctionnent, ainsi que les loisirs, l’église.
Cependant, à l’ouest, qui compte 10 mille paysannes et paysans, la vie ressemble à un combat quotidien pour la subsistance. Les routes sont dans un tel état qu’il faut des heures pour passer de l’est à l’ouest, alors qu’il s’agit d’une seule et même commune.
Les 42 localités, qui forment Lahoye de l’ouest, ne disposent d’aucun type d’infrastructures, tient à signaler Luc Poteau, responsable de l’organisation pour le développement universel de Lahoye (Odil),
Le coordonnateur de l’association des planteurs paysans pour le développement Ananas (localité de Lahoye de l’ouest), Gracia Mariano, fustige le comportement des autorités de la zone, qui ne prennent pas des habitantes et habitants.
« La partie ouest de la section de Lahoye est complètement oubliée. Ce sont plus de 10 000 personnes qui végètent dans une extrême pauvreté », s’indigne-t-il.
A Lahoye de l’ouest, les enfants, qui sont inscrits à une école, doivent marcher plus de 15 kilomètres pour y arriver. Et c’est le cas aussi pour celles et ceux qui veulent se faire soigner, trouver de l’eau potable ou participer aux cérémonies religieuses.
A Lahoye de l’ouest, l’agriculture est la seule activité des paysans qui misent sur le konbit (forme d’entraide dans les exploitations agricoles en Haiti). Mais ils n’ont accès qu’à des outils rudimentaires : houe, machette et couteau.
Mettant en avant les difficultés d’existence à Lahoye de l’ouest, Eveline Casibeau, une jeune paysanne âgée de 26 ans, avoue qu’elle envisage de déménager pour aller vivre à Elias Piña (ville dominicaine frontalière avec la municipalité haïtienne de Belladère) car la vie n’existe pas.
« J’ai déjà deux enfants, je ne veux pas en avoir d’autres. Cet état de misère ne me convient pas », déplore-t-elle.
En cette année 2012, de rudes travailleurs paysans de Lahoye veulent construire plusieurs kilomètres de route afin de faciliter la circulation des véhicules.
Ils disent vouloir aménager une voie pouvant déboucher sur la nationale #3.
« Cela va prendre du temps, mais nous y arriverons sûrement », anticipe l’un d’eux.
Le coordonnateur du Casec, Brunet Jourdain, qui dit être au courant des problèmes auxquels font face les paysans de Lahoye de l’ouest, déclare qu’il n’a pas les moyens de leur venir en aide.
« Si nous voulons leur apporter le moindre apport, nous devons marcher pendant plus de 8 heures de temps avant de pourvoir les rencontrer », se défend le Casec Jourdain, affirmant avoir fait parvenir des outils a la communauté pour l’aménagement de cette voie d’accès. [ro kft rc apr 31/05/2012 12:35]