P-au-P, 28 mai 2012 [AlterPresse] --- Le jeudi 24 mai 2012, alors que les parents de Jean Wilbert Elma sont à ses funérailles à l’église baptiste Eben-Ezer située en face de Delmas 101, ils découvrent, horrifiés, le corps du défunt encore en sang, un pied brulé et différentes parties du corps transpercés par un objet pointu.
Déclaré mort par un médecin à la suite d’une crise d’hypertension artérielle, Elma a été confié aux entreprises funéraires Shalom pour l’organisation des funérailles, entreprises qui l’ont acheminé à la morgue privée des entreprises Marcellus. C’est là que le prétendu mort aurait été massacré.
Arrivé sur les lieux, le commissaire du gouvernement pres le tribunal civil de Port-au-Prince, Me Jean Renel Sénatus, a fait transporter le corps à l’hôpital de l’université d’ État d’Haïti, où, finalement, le décès de Jean Wilbert Elma a été constaté.
Pour le moment, les pompes funèbres Marcellus sont fermées et 5 employés de ces entreprises funéraires sont sous les verrous, sur ordre du chef du parquet de Port-au-Prince.
Cette maison funéraire serait réputée pour ce genre d’atrocités sur de personnes tombées en syncope. Ce n’est d’ailleurs pas le premier cas similaire, rapporté un peu partout dans le pays.
Ce fait, son caractère horrifiant mis à part, amène à questionner sur les rapports de certains avec la vie, dans une société mue par la logique marchande et toujours très attachée aux croyances et au surnaturel...
Haïti, terre du blanchiment d’argent ?
Rapports et études continuent à ne pas être favorables au pays.
Ainsi, une étude, menée par l’Institut de Bâle (Suisse), sur la gouvernance en 2012, place-t-elle la république d’Haïti en quatrième position dans le peloton des 32 pays, où le risque de blanchiment d’argent est le plus élevé.
Ce travail d’investigation a été conduit dans 144 pays au total, à partir de l’indice« Basel Aml Index 2012 ».
Haïti fait cavalière avec l’Iran, le Cambodge et le Kenya. Le puissant voisin, dit ami d’ Haïti, les États-Unis d’Amérique, se retrouve dans la catégorie des pays à risque moyen.
Une loi sur la réglementation du secteur bancaire haïtien et le renforcement de l’autorité de la Banque de la République d’Haïti (Brh) a déjà été votée au sénat le 13 mars 2012.
Qu’est-ce qui la bloque donc au niveau de la chambre des députés ? Quelles sont les conséquences de ce classement d’Haïti sur les relations de correspondance des banques haïtiennes avec celles de l’étranger ?
L’Ecosoc juge « utile »…la mission réalisée dans le pays
Jeudi 25 mai 2012, après 4 jours d’échanges et de visites de terrain, le groupe consultatif spécial du conseil économique et social des Nations Unies (Ecosoc) juge avoir fait œuvre qui vaille durant sa mission « utile » en Haïti.
L’Ecosoc fait déjà des recommandations au gouvernement haïtien, au secteur privé et à la société civile, avant même la publication du rapport de ces 12 ambassadeurs le 8 juillet 2012 (à venir).
Au cours de sa mission, le groupe consultatif a rencontré le président Joseph Michel Martelly, quelques ministres, dont Josépha Gauthier de la planification et de la coopération externe, le parlement haïtien, les membres du G12 dont la Banque Mondiale (Bm), le Fonds monétaire international (Fmi), l’union européenne (Ue), la Banque interaméricaine de développement (Bid), la Minustah, la société civile et le secteur privé.
Avant de partir du pays, l’Ecosoc souhaite des initiatives de différents secteurs pour aboutir aux points suivants : relance économique, État de droit, bonne gouvernance, environnement favorable à l’investissement.
L’Ecosoc n’a pas oublié de faire l’apologie des zones franches, sans mentionner les conditions d’évolution des travailleuses et travailleurs qui laissent souvent à désirer.
En prélude au 8e anniversaire (juin 2012) de l’implantation de la force onusienne en Haïti, pourquoi le groupe consultatif se tait-il sur les graves violations de droits humains de la Minustah et le virus du choléra apporté au pays ?
Le taux de contamination au choléra risque de grimper
Les dernières déclarations de John Ging, directeur des opérations du bureau des affaires humanitaires des Nations Unies en Haïti (Ocha) sont inquiétantes et laissent présager une remontée vertigineuse du taux de contamination de la population au virus du choléra.
Ces déclarations sont intervenues à la fin de la visite de trois jours de Ging, qui a confessé la réduction considérable de la capacité de détection et de réaction des acteurs dans le cadre de la lutte contre cette épidémie introduite en Haïti par la Minustah.
L’organisation mondiale de la santé (Oms) a porté l’estimation de nouveaux cas de contamination en 2012 à environ 200 000 personnes.
Depuis le début de la saison pluvieuse en avril 2012, il y a une flambée dans la propagation de l’épidémie.
Pourtant, les acteurs sont réduits pour cause de financement. Certains ferment boutique, d’autres cherchent une activité sanitaire plus rentable.
Est-ce que les victimes du choléra peuvent s’attendre au dédommagement et à la réparation civile par l’Organisation des Nations Unies (Onu), comme l’exige la plainte déposée par le bureau des avocats internationaux (bai) ? Ne trouve-t-on pas l’argent pour continuer à payer les soldats de la force onusienne ?
Rapport mi-figue mi-raisin des États-Unis d’Amérique sur les droits humains en Haïti
Le rapport de 24 pages de l’administration politique étasunienne, publié le jeudi 24 mai 2012, relève des efforts faits en Haïti, au cours de l’année 2011, pour le respect des droits de la personne humaine. Par contre, des violations graves côtoient ces efforts.
Le département d’État américain souligne, notamment, les abus de pouvoir des forces de sécurité du gouvernement, les exécutions sommaires par les fonctionnaires de l’administration Martelly et des policiers, sans oublier les exploitations et crimes sexuels de la mission des Nations Unies de stabilisation en Haïti (Minustah) sur de jeunes Haïtiennes et Haïtiens.
Le gouvernement haïtien est corrompu dans toutes ses branches, d’après ce rapport.
D’autres problèmes sont « la torture et le recours excessif à la force contre des suspects et de détenus, la surpopulation carcérale, le manque d’assainissement des prisons, la détention préventive prolongée, une magistrature inefficace, peu fiable (…),viol, violence et discrimination sociale contre les femmes , violence envers les enfants, la traite des êtres humains ».
En reconnaissant les efforts de relocalisation des familles sinistrées dans le tremblement de terre du 12 janvier 2010, le rapport évoque aussi le comportement « vulgaire » du président Martelly envers les médias en général et des journalistes en particulier.
Où sont passées les promesses de « changement » de Martelly, puisque, avant son entrée en fonction le 14 mai 2011, l’état des lieux était pareil, selon l’administration politique américaine.
Quand la France offre des équipements à la police haïtienne
La république de France a offert, le mercredi 23 mai 2012, un lot d’équipements valant 400 000 euros [US $ 1.00 = 43.00 gourdes ; 1 euro = 61.00 gourdes aujourd’hui] à la police nationale d’Haïti (Pnh) lors d’une cérémonie spéciale à l’académie de police.
Des machines à fabriquer des cartouches, des casques, des gilets pare-balles et des matériels informatiques composent ce don.
Prenant part à la cérémonie, l’ambassadeur français en Haïti Didier Lebret, a sauté sur l’occasion pour féliciter les policières et policiers haïtiens de l’opération du 18 mai 2012 pour déloger les civils armés qui ont occupé la base militaire de Lamentin 54 (municipalité de Carrefour, au sud de la capitale).
Mais…Martelly continue son compas d’inaugurations
De mardi 22 mai au jeudi 24 mai 2012, le Chef de l’ État ajoute à son actif pas moins de trois inaugurations.
Flanqué de sa femme Sophia Saint-Rémy et de leur fils Olivier, le conseiller en sport de la présidence, Joseph Michel Martelly a procédé, le mardi 22 mai, à l’ « inauguration des espaces réhabilités du parc Michelet Destinoble » dans la ville de Verrettes dans le département de l’Artibonite.
Désormais, le parc Destinoble pourra accueillir environ 3 milles personnes.
Mis à part l’espace de jeu réhabilité, des cabinets pour les joueurs et les supporteurs sont aménagés, un système d’éclairage pour les manifestations sportives nocturnes et un comité de maintenance de l’espace sont mis en place.
Et…Martelly ne chôme pas, puisque, le 23 mai, il était à Titanyen (périphérie nord de la capitale) pour inaugurer une station d’épuration d’eaux usées et des excreta avec le directeur général de la direction nationale de l’eau potable et de l’assainissement (Dinepa), Gérald Jean-Baptiste, et le directeur exécutif de l’agence espagnole de coopération internationale au développement (Aecid), Juan López-Dóriga.
« Plus de 1,5 million de personnes bénéficieront directement de cette unité de traitement, les eaux seront débarrassées à 90% de leur charge polluante et pourront être à nouveau utilisées, et Martelly souhaite qu’une usine de fabrication de compost soit adjointe à cette station de traitement », selon la page facebook de la présidence.
Le jeudi 24 mai, Martelly fait à nouveau cap pour le département de l’Artibonite, où il procède à la mise en utilisation officielle d’ « importants ouvrages agricoles dans la vallée de l’Artibonite ».
Un système d’irrigation dans la section communale de Bocozelle (Saint-Marc), aménagement en paroi berlinoise des sites de Janin et de Boudet Savien, des berges protectrices de la rive droite du fleuve Artibonite et un pont à une voie sur le Salée Flood Way à Fery constituent ces ouvrages.
Soutenu par la Banque interaméricaine de développement (Bid), dans le cadre du programme d’intensification agricole de la Vallée de l’Artibonite (Pia-art), ces travaux ont été réalisés par le ministère de l’agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (Marndr).
D’aucuns continuent à se questionner si ce sont des projets de l’administration Martelly ou l’héritage de René Préval ?
De nouvelles nominations dans l’administration publique
Un nouveau premier ministre, ça amène quelques changements.
Ainsi, la présidence s’est-elle fait le devoir de nommer d’autres personnes au sein de l’administration publique.
Sur la liste, on retrouve Josué Pierre-Louis, qui s’était sacrifié en démissionnant de son poste de ministre de la justice, dit-on dans certains couloirs d’une maison blanche, pour sortir le président de la mauvaise passe de l’arrestation du député en fonction Arnel Belizaire (octobre 2011). Pierre-Louis devient le nouveau secrétaire général de la présidence, en remplacement de Me. Jean Renel Sanon, nouveau ministre de la justice et de la sécurité publique.
Et il faut arriver au quota de 40% de femmes (même si cela n’enthousiasme guère les féministes haïtiens, tant pis !) ! Martelly fait passer sa conseillère, Ann-Valérie Timothée Milfort, au poste de « directrice du cabinet du président de la république ».
Parmi les autres nominations, il convient de citer : Salim Succar, avocat du Cabinet Lissade, nommé directeur de cabinet du premier ministre ; Enex Jean-Charles, secrétaire général du conseil des ministres et secrétaire général ddu bureau du premier ministre ; Clovis Noël, directeur général adjoint de l’administration générale des douanes (Agd).
On change d’équipe ou on permute des joueurs ?
Laurent Lamothe annonce de grandes décisions d’État !
Au cours d’une conférence de presse, le mercredi 23 mai 2012, le premier ministre Laurent Salvador Lamothe a fait deux importantes annonces : la tenue prochaine des élections sénatoriales et des collectivités territoriales et la publication de la l’amendement constitutionnel.
Comprenant les liens entre les deux opérations, le chef du gouvernement a rappelé que c’est la publication de l’amendement constitutionnel ou non qui décidera quel appareil électoral organisera les prochaines joutes. Un argument déjà tenu par la présidence.
Lamothe se rappelle aussi qu’il est du ressort exclusif du chef de l’État de publier l’amendement de la Constitution dans le journal officiel de la république.
Pour les prochaines élections en Haïti, Lamothe souhaite avoir un vote électronique pour que les résultats soient connus rapidement et éviter des contestations.
L’hyperactif Lamothe veut aller rapide et voit déjà ses élections électroniques se concrétiser en novembre 2012 ? Diplomatie d’affaires, Le premier ministre prouvera-t-il qu’élections et amendement constitutionnel sont aussi les affaires de Lamothe ?
Amendement constitutionnel ?
L’annonce de la prochaine publication de l’amendement constitutionnel n’a pas fait l’unanimité à la chambre basse.
Craignant que cette annonce du premier ministre Lamothe ne soit qu’un nouvel épisode de ce feuilleton constitutionnel, plusieurs parlementaires, dont le député Vickens Dérilus, estime que cette publication doit être le fruit d’un consensus entre les secteurs de la vie nationale.
D’autres députés déclarent ne pas vouloir jouir des acquis institutionnels de l’amendement de la constitution de 1987 par la voie de l’illégalité. A l’image du député Jules Lionel Anélus, des parlementaires se demandent si l’administration Martelly n’a pas une addiction à l’illégalité.
Des fleurs au carnaval ou carnaval des fleurs ?
Mardi 22 mai, la ministre Stéphanie Balmir Villedrouin a eu une réunion de travail corsée au ministère du tourisme pour planifier un carnaval des Fleurs (qui rappelle une pratique sous la dictature de Jean-Claude Duvalier), devant être organisé à Port-au-Prince les 27, 28, 29 juillet 2012.
Martelly l’a annoncé lors de la conférence de presse de clôture (21 fevrier 2012) du carnaval officiel des Cayes (Sud), mais c’est la ministre du tourisme, qui s’agite pour le concrétiser.
Aussi, change-t-elle le ministère de "look" : nouveau logo, nouveau slogan ! La présentation officielle est annoncée pour le 1er juin 2012.
La fleur du logo, un hibiscus, sera-t-elle la fleur officielle de ce carnaval des fleurs ?
Quelques satisfactions en sport !
La sélection nationale féminine de volley-ball a obtenu, le weekend écoulé, un billet qualificatif pour le prochain tour des éliminatoires, dans le cadre de la 17e édition du championnat du monde de volley-ball féminin qui se tiendra en Italie entre le 1er et le 8 novembre 2014.
Après seulement six semaines de préparation à Port-au-Prince, la selection nationale féminine de volleyball a pu obtenir sa qualification aux Iles Vierges américaines, en terminant troisième dans la compétition. Elle a battu la Martinique par 3 sets à zéro, mais a baissé pavillon face aux joueuses du pays hôte et à celles de Curaçao.
par ailleurs, 5 sportifs haïtiens, 1 en judo et 4 en athlétisme, se sont déjà qualifiés pour défendre le drapeau national aux Jeux olympiques 2012 qui seront organisés à Londres, du 27 juillet au 12 août 2012.
Linouse Desravines en judo (catégorie 52 kilos), Moïse Joseph en athlétisme (800 m), Marleine Wesh (400 m) Jeffrey Julmis (110 m/haies) et Samyr Lainé (triple saut) seront les représentants d’Haïti aux jeux olympiques de Londres 2012. [efd kft rc apr 28/05/2012 9:42]