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Haïti-Sécurité alimentaire : Les inondations, la sécheresse et l’envolée des prix en embuscade dans les 5 prochains mois

Par Emmanuel Marino Bruno

P-au-P, 25 mai 2012 [AlterPresse]--- Des inondations, dues aux saisons pluvieuses, la sécheresse et l’augmentation des prix des produits alimentaires sont les principaux impacts négatifs, susceptibles d’être enregistrés, de juin à octobre 2012, sur la sécurité alimentaire dans certaines communes du haut Artibonite, du Nord-Ouest, du Nord-Est et de la zone métropolitaine de Port-au-Prince (Ouest).

C’est ce qui ressort du bulletin de la coordination nationale de la sécurité alimentaire (Cnsa), publié en mai 2012 sur les perspectives de la sécurité alimentaire pour la période d’avril à septembre 2012 et consulté par l’agence en ligne AlterPresse.

Divers départements géographiques - notamment l’Artibonite (particulièrement le haut Artibonite), le Nord-Ouest, le Nord–Est, le Sud, le Sud-Est, le Centre et l’Ouest comptent parmi les zones les plus affectées par l’insécurité alimentaire, indique ce bulletin de la Cnsa.

Des inondations sont encore possibles en mai et en septembre 2012 dans l’Artibonite, la péninsule du Sud, les départements du Nord et de l’Ouest, aux pics de la première et de la deuxième saison pluvieuse, lesquels coïncident avec la période cyclonique 2012, avertit la Cnsa.

Toutefois, en dépit des inondations survenues dans l’Ouest et le Nord, qui ont causé des dégâts matériels et humains, les semis de céréales et de légumineuses se poursuivent dans ces départements, tandis que les récoltes sont attendues en juin et juillet 2012.

Parallèlement, les haricots, semés en mars dans les montagnes humides, arriveront à maturité en mai 2012, souligne la Cnsa.

L’occurrence de tels événements, comme les inondations, endommagerait les plantations, tuerait les têtes de bétail, ralentirait l’approvisionnement des marchés avec des conséquences sérieuses sur la disponibilité alimentaire et les prix, prévoit-elle.

Certaines communes du haut Artibonite, du Nord-ouest et du Nord-Est continuent de faire face à la sécheresse, ajoute la Cnsa.

Le haut Artibonite fera face aux chocs, comme l’augmentation des prix des produits alimentaires entre avril et juin 2012, à cause de la faible production agricole d’hiver et de la demande des céréales et des légumineuses pour satisfaire les besoins en semences.

Ces chocs, comme les inondations détruisant les champs et les animaux d’élevage, l’augmentation des prix, la dissémination des maladies transmissibles par l’eau dans les communautés où l’assainissement constitue un véritable défi, auront des incidences néfastes sur la disponibilité alimentaire.

La zone métropolitaine de Port-au-Prince

L’incidence de l’insécurité alimentaire sera aussi élevée dans les quartiers précaires de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, notamment dans les bidonvilles (Cité Soleil, plus particulièrement dans les première et deuxième sections Varreux) et les camps d’hébergement, avertit la Cnsa.

Les personnes déplacées, vivant dans les camps, continuent de faire face à des conditions de sécurité alimentaire difficiles.

Parmi les chocs susceptibles d’affecter la sécurité alimentaire, figure l’occurrence des inondations et des glissements de terrains dans les bidonvilles et les camps de personnes déplacées, pendant la saison pluvieuse en avril et mai, puis en aout et septembre 2012.

L’augmentation du niveau des prix des produits alimentaires, liée surtout à la non-résolution de la crise politique, la résurgence de l’épidémie du choléra - affectant surtout les pauvres des bidonvilles et des camps pendant la saison pluvieuse entre avril et septembre 2012 - peuvent aussi avoir des répercussions sur la sécurité alimentaire.

L’augmentation du banditisme, au marché public de la Croix des Bossales, le plus important marché dans la zone métropolitaine de la capitale, contraint de nombreuses marchandes et de nombreux marchands ainsi que consommatrices et consommateurs de fréquenter, de préférence, les autres marchés publics, où les prix sont, en général, plus élevés, observe la Cnsa.

Le prix moyen du riz importé, qui a connu une baisse significative de 120.00 gourdes à 110.00 gourdes (Us $ 1.00 = 43.00 gourdes aujourd’hui ; 1 euro = 61.00 gourdes aujourd’hui) au cours du mois de mars 2012, retourne à son niveau de février, soit environ 120 gourdes la marmite de six livres, estime la Cnsa.

« De plus, les prix des produits, tels que le maïs, le sorgho et les haricots, sont à la hausse », dénote-t-elle, affirmant qu’en revanche, ceux de l’huile de cuisson, du sucre, sont stables, mais très élevés.

Le riz compte pour 21 pour cent dans la composition du panier de la ménagère. Viennent, ensuite, l’huile et le sucre avec environ 11 pour cent chacun, fait-elle remarquer.

Dans ces circonstances, entre avril et juin 2012, les pauvres vivant dans les camps et les bidonvilles de la zone métropolitaine seront dans la précarité et feront face à des déficits alimentaires, même après le déploiement des mesures de stratégie d’adaptation, telles que l’achat d’aliments à crédit ou la diversification des sources de revenu, augure la Cnsa.

La situation pourrait s’améliorer, entre juillet et septembre 2012, suite aux récoltes des plantations de printemps qui entraineraient une baisse des prix des produits alimentaires et des interventions des acteurs externes investissant dans l’assainissement des communautés affectées.

La coordination nationale pour la sécurité alimentaire (Cnsa) préconise, pour les départements les plus vulnérables, une distribution de semences et d’engrais pour la campagne de printemps, la protection des bassins versants, le réaménagement et le renforcement des systèmes d’irrigation.

Donner l’accès aux crédits pour les agricultrices et agriculteurs, ainsi que pour les femmes en général, créer des travaux à haute intensité de main-d’œuvre, aménager des bassins versants, réhabiliter des routes agricoles, sont quelques recommandations spécifiques, formulées par la Cnsa pour ces zones vulnérables. [emb kft rc apr 25/05/2012 13:00]