Par José Luis Soto
Santo-Doming, 26 mars. 04 [AlterPresse ] --- des Organismes internationaux dénoncent à nouveau le trafic de migrants haïtiens en République Dominicaine, une affaire rentable pour des réseaux d’Haitiens et de Dominicains qui sont impliqués dans cette pratique illégale.
Des fonctionnaires du gouvernement de l’agronome Hipólito Mejàa Domànguez, notamment Siquió NG Rosa et Sabás Burgos, ont condamné le trafic d’Haïtiens en République Dominicaine. Ils ont indiqué qu’un réseau de délinquants conduit des opérations de transfert d’Haïtiens vers la Républque Dominicaine pour être utilisés comme travailleurs dans des plantations agricoles et des travaux de construction au nord du pays.
De même, les trafiquants ne se contentent plus d’amener au pays des Haitiens pour effectuer des travaux forcés et mal payés dont les Dominicains ne veulent pas. Depuis quelques temps, ils trafiquent des garçons et filles qu’ils font mendier dans les rues et avenues des villes de Santo Domingo, Santiago, Puerto Plata, la Romana, Higuey y Samaná.
Récemment, Sabás Burgos, Chef de la Migration en Santiago de los Calleros a fait savoir qu’il existe un réseau de trafiquants d’êtres humains qui utilisent des femmes et des enfants haïtiens, transformés en mendiants.
Le Comité Dominicain et la Commission Nationale des Droits Humains ont dénoncé l’existence de ce réseau ainsi que ceux qui en tirent profit.
Cependant les autorités officielles qui dénoncent cette mafia, n’ont encore rien fait pour traîner devant la justice ceux qui sont impliqués dans cette pratique si odieuse qu’est le trafic d’êtres humains.
Le père Pedro Ruquoy, Coordonnateur de la Pastorale Haïtienne dans les bateys du Diocèse de Barahona, a clairement pointé du doigt ceux qui sont derrière la vente et l’achat d’Haïtiens pour des travaux mal payés en République dominicaine. Ces dénonciations sont demeurées sans suite.
Toutefois pour les autorités la seule issue est d’affirmer que « nous sommes envahis de sans-papiers », tel que l’a déclaré Sabás, qui a ajouté que « la crise qui a affecté la nation voisine a stimulé beaucoup de ses citoyens à se réfugier en territoire dominicain de manière clandestine ».
En plus des autorités dominicaines, des organismes internationaux, tels que l’Organisation Mondiale pour les Migrations (OIM) et l’Organisation des Nations Unies pour la Protection de l’Enfance (UNICEF), sont également au courrant du trafic d’Haïtiens en République Dominicaine et le condamnent.
Par exemple, une étude de l’UNICEF, publiée en 2002, indique que plus de deux mille filles et garçons ont été emmenés illégalement à Santo-Domingo pour être utilisés dans les rues de la capitale dominicaine comme « mendiants ».
Vu la gravité du problème, les autorités migratoires dominicaines arrêtent et déportent tous les Haïtiens déambulant dans les rues ou surpris en train de mendier.
En ce qui concerne les Haïtiens qui travaillent dans les chantiers ou sur les plantations agricoles, les autorités de la Migration sont plus tolérantes. Elles leur permettent de travailler durant un temps limité. Des accords sont passés avec les propriétaires de ces chantiers, les plantations de café, de bananes, etc.
Selon Sabás Burgos, « maintenant notre tâche consiste à les localiser pour les rapatrier vers le pays voisin (Haiti) ».
Chaque année, des milliers d’Haïtiens traversent la frontière haitiano-dominicaine à la recherche d’une vie meilleure. Par exemple, les marchés informels dans les artères commerciales de Santo Domingo, telles que les avenues Duarte et Mella, regorgent de dizaines d’Haïtiens qui maintiennent de petites affaires grâce auxquelles ils entretiennent leurs familles tant à Santo Domingo qu’en Haïti.
Les transferts que font parvenir en Haïti ces petits commerçants haïtiens de la République Dominicaine ont crû. Des entreprises comme Caribe Tour ont multiplié des guichets de transfert à travers la capitale dominicaine.
Selon des statistiques non vérifiées, plus d’un million d’Haïtiens vivent en République Dominicaine. Ce sont en majorité des travailleurs qui participent au développement du pays. La plus grande partie des travaux agricoles et de construction se réalise avec l’apport de la main d’oeuvre à bon marché venant d’Haïti. [jls gp apr 26/03/2004 12:20 ]