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Haïti-Minustah/viol : Johnny Jean a témoigné et identifié ses agresseurs devant une cour à Montevidéo

Port-au-Prince, 11 mai 2012 [AlterPresse] --- Johnny Jean a laissé la capitale uruguayenne Montevidéo ce 11 mai 2012 après avoir témoigné contre ses agresseurs la veille, lors d’une séance qui a duré un peu plus de trois heures au tribunal, rapporte Pierre Espérance, directeur du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) à AlterPresse.

Le jeune haïtien de 18 ans, qui a dénoncé 5 casques bleus uruguayens d’avoir abusé sexuellement de lui en juillet dernier, a été accompagné de ses deux avocats américains, de maitre Gervais Charles, d’un responsable des affaires juridiques du Ministère des affaires étrangères et de Pierre Espérance.

Selon les déclarations du directeur du Rnddh, la victime a rapporté l’histoire telle qu’elle a été présentée dans les nombreux rapports établis sur ce viol.

Pour lui, le récit a été « correct », mais « traumatisant » pour Jean qui a su quand même « parfaitement bien » identifier ses violeurs.

Tout par le gouvernement uruguayen

Le gouvernement uruguayen a lui-même choisi l’avocat qui doit faire le pont entre le tribunal et les avocats de Johnny Jean.

« Nous n’avons aucune confiance en cet avocat uruguayen. Nous estimons qu’il ne défend pas les intérêts de la victime », déclare Esperance.

Même l’interprète, un jeune inexpérimenté ne maitrisant pas le créole haïtien, a été choisi d’office par Montévidéo. Ce qui a posé de sérieux problèmes liés à la traduction. Et ceci en défaveur de la victime haïtienne, souligne Espérance.

Quoique les avocats, les parents et supporters du jeune Jean aient soulevé le problème de la traduction dans le déroulement de la déposition, l’avocat uruguayen n’a jamais voulu le mentionner dans ses interventions, regrette Espérance.

De plus, cet avocat a préféré s’adresser à celui des présumés violeurs, ajoute-t-il.

La traduction laissait tellement à désirer que le dirigeant du Rnndh a été obligé de jouer à l’interprète pour Rose-Marie Jean, mère de Johnny Jean.

Les considérations du Rnndh

Selon les informations fournies à AlterPresse, le Rnndh estime que tout a été bien au niveau de la forme, aussi bien au niveau du tribunal qu’à celui de l’accueil réservé par le gouvernement de l’Uruguay.

Toutefois, l’organisation de défense des droits humains s’inquiète, car ne sachant pas « ce qui se trame entre le gouvernement haïtien, les Nations Unies et l’Uruguay ».

Plus loin, Espérance estime que l’affaire paraît comme une vaste entreprise pour laver les militaires uruguayens impliqués dans ce viol.

Toutefois le Rnddh ne peut s’empêcher de demander « où est l’État haïtien ? » qui semble s’effacer sur la scène, alors qu’il devait être partie prenante dans ce processus judiciaire, dans lequel est impliqué l’un de ses nationaux.

Pour le directeur exécutif du Rnddh, l’État d’Haïti devait engager un cabinet d’avocats uruguayen pour défendre le jeune Johnny Jean.

Après la déposition de Johnny Jean, qui a été cruciale, le tribunal a 30 à 60 jours pour décider : soit du classement du dossier, soit de la poursuite de l’affaire.

Les agresseurs de Johnny Jean, en liberté conditionnelle depuis début 2012, risquent entre 2 à 10 ans de prison, selon les lois uruguayennes. [efd kft gp apr 11/05/2012 13 :45]