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Haïti-Education : Rigueur et transparence dans la gestion du Fonds national de l’éducation, prône l’Isc

P-au-P, 10 mai 2012 [AlterPresse] --- L’Initiative de la Société civile (Isc) réclame de la rigueur dans la gestion du Fonds national de l’éducation (Fne) mis en place par le président Michel Martelly dans le cadre de son Programme de scolarisation universelle gratuite.

L’Isc a tenu une rencontre avec des acteurs du système éducatif haïtien et des experts, mardi 8 mai. Selon Rony Desroches, coordonnateur de l’Isc, le Fne est « une bonne chose » mais doit être géré « avec beaucoup plus de rigueur » et de « participation ».

Jusqu’ici le fonds n’est pas encore doté d’une loi cadre. Entre temps, 19 milliards de gourdes du trésor public sont allouées au Programme de scolarisation universelle de Michel Martelly, selon le budget 2011-2012, approuvé récemment par le pouvoir legislatif.

L’Isc a surtout fait part de ses craintes par rapport au Fne. Craintes que celui-ci ne puisse assurer la pérennité du programme qui deviendra de plus en plus couteux au fil des années. Et craintes également que le ministère de l’éducation nationale ne soit finalement éclipsée du processus, enclenché dès le départ en dehors des institutions publiques.

« Le recrutement des élèves et des écoles a été fait, dans une grande mesure, en dehors du système administratif du ministère [de l’éducation] » souligne Rosny Desroches.

Selon Desroches, l’an prochain il faudra 94 millions de dollars américains pour le Programme de scolarisation universelle. Ce chiffre atteindra 400 millions de dollars sur 4 ans.

L’Isc affirme avoir mené une enquête révélant que parmi 64 écoles indiquées sur officiellement comme faisant partie du programme, 19 n’en font pas réellement partie, selon leurs responsables. Parmi ces 64 écoles, l’une d’elles n’a pas pu être localisée, ajoute l’organisme de la société civile.

« Les enseignants figurent parmi les acteurs oubliés du processus de la formation, alors que la demande de l’éducation reste toujours à la hausse », analyse pour sa part, Antoine Levelt, directeur du Fonds de parrainage national, qui permet à des enfants de familles défavorisées d’avoir accès à l’école.

« Un écriteau, quelques bancs, des uniformes font une école » ajoute t-il.

Lourdes Edith Delouis, secrétaire générale de la Confédération nationale des éducateurs et éducatrices haïtiens et haïtiennes (Cneh) intervenant précisément sur la condition enseignante en Haïti, dresse un sombre tableau.

« Les enseignants travaillent dans des conditions infernales en raison d’absence de matériels. Plus de 15 écoles cohabitent avec des camps d’hébergement. Des salles de classes peuvent avoir 200 jusqu’à 250 élèves, alors que le professeur n’a pour travailler qu’un tableau et un bâton de craie », explique Delouis.

La secrétaire générale de la Cneh fait également un plaidoyer pour de meilleures conditions salariales.

Souvent, « leur salaire est calculé selon la taille de l’école et des élèves qui la fréquentent, ou du moins entre des critères absurdes comme des professeurs qualifiés ou non, des grandes ou petites écoles, école de classe ou école borlette », a fait savoir la secrétaire générale de la Cneh, Lourdes Edith Delouis.

Certains d’entre eux ne jouissent pas d’avantages sociaux, comme les assurances, poursuit-elle.

La rencontre de l’Initiative de la société civile fait partie d’une série enclenchée par l’organisme dans le cadre d’un projet de suivi sur le budget national. Des discussions similaires sur le budget lui-même ont notamment été organisées. [jep kft gp apr 10/05/12 11 :40]