Par Roody Edmé*
Spécial pour AlterPresse
Des policiers nationaux sont en grève. Fatigués qu’ils sont d’être pris pour des canards sauvages.
Qui nous protégera quand nos gardiens sont alarmés pour leur propre sécurité ?
La candidature de Laurent Salvador Lamothe, au poste de premier ministre, stagne dans les eaux troublées du jeu parlementaire.
Des rumeurs enflent sur la santé réelle du chef de l’État.
La fumée, qui se dégage des pneus enflammés, est le signe indien du retour de l’instabilité et de la violence, pendant que des entreprises criminelles se multiplient contre la paix, dans un pays que les journalistes occidentaux qualifient, malheureusement, non sans raison, de « trouble country ».
La grève des policiers nationaux est d’une exceptionnelle gravité pour la sécurité générale. Elle montre que les situations de crise n’ont pas de limites et qu’elles peuvent prendre des proportions incontrôlables.
A force d’indécisions, de tergiversations, d’absence de fermeté, d’absence d’urgence, dans un pays ou tout est urgent, les situations deviennent critiques. C’est beaucoup pour un petit pays, déjà si peu gâté par la nature.
C’est une insulte à la résistance de ce peuple, jamais abattu par les adversités de toutes sortes, et à qui on avait promis en grande pompe la « refondation » ou d’être désormais « open for business ».
A ce propos, à Port-au-Prince et à Miami, les colloques se multiplient autour de la finance et des investissements.
Des cartons de projets sont déballés, mais le climat général ne permet pas d’attirer ces fameux investisseurs.
Il n’y a pas de malédiction sur ce pays.
Il y a tout simplement une absence de leadership éclairé, de la part de tous les centres de pouvoirs, trop enfoncés dans leurs manœuvres hégémoniques.
L’arrogance des uns et le marronnage des autres sont une recette infaillible de l’ingouvernabilité.
Entre-temps, des Haïtiennes et Haïtiens de la diaspora rêvent de revenir « finir leurs vieux jours » dans leur pays enfin en marche.
Celles et ceux de la République Dominicaine vivent parfois dans des situations humiliantes et insoutenables, mais les subissent, parce que, dans leur pays, tous les horizons paraissent fermés ; ils attendent avec impatience que les choses aillent mieux.
Voilà l’agenda, qui attend encore et toujours nos décideurs, le test est gravissime.
Il s’agit de savoir s’ils savent faire une différence, ou s’ils ne font que prolonger le cercle vicieux des échecs.
La ville s’est fermée, comme un parapluie en ce lundi 23 avril 2012.
Notre pays continue à être, suivant le langage des diplomates, un « low income state under stress ».
Il est temps que nous reprenions le gouvernail avec sérieux, sans forfanterie ou don quichottisme, pour le meilleur !
Avant que nos « amis » et tuteurs ne soient pas forcés de nous arracher encore quelques lambeaux de souveraineté.
* Éducateur, éditorialiste