P-au-P, 23 avril 2012 [AlterPresse] --- La Fondation connaissance et liberté (sigle créole : Fokal) a présenté, le vendredi 20 avril 2012, une lecture-spectacle des œuvres de l’écrivain, romancier et militant politique, Jacques Stephen Alexis en vue de lui rendre hommage à l’occasion du 90 e anniversaire de sa naissance (22 avril 1922- 22 avril 2012) et du 51e anniversaire de sa disparition (17 avril 1961-17 avril 2012), a observé l’agence en ligne AlterPresse.
Des fragments de textes de « Compère général soleil » et de « L’espace d’un cillement » de Jacques Stephen Alexis ont été lus par les comédiennes et comédiens, Béonard Monteau Kervens, Louisna Laurent et Gaëlle Bien-Aimé.
Ces comédiennes et comédiens ont déclamé des extraits de « Compère général soleil », relatifs à la détention du personnage central du roman, Hilarion, jeune noir des bidonvilles de Port-au-Prince dans la sinistre prison de fort-dimanche. Dans cette prison, il fait la connaissance de Pierre Roumel, qui lui fait découvrir le message d’espoir du communisme.
Dans ce roman, Alexis dénonçait les régimes dictatoriaux et l’exploitation illimitée de la personne humaine qui portent atteinte à la dignité humaine.
Ces ouvrages de Jacques Stephen Alexis, notamment « Compère général soleil »(1955) et « L’espace d’un cillement » (1959), demeurent des références dans la littérature haïtienne.
A l’occasion du 90e anniversaire de la naissance de Jacques Stephen Alexis (22 avril 1922- 22 avril 2012) et du 51e anniversaire de sa disparition (17 avril 1961-17 avril 2012), une semaine d’hommage (débutée le lundi 16 avril 2012), lui a été rendue par la Fokal.
Des conférences-débats, projections, lectures et expositions ont lieu à l’occasion.
Les expositions retracent l’itinéraire d’Alexis à travers des photos anciennes et textes, depuis sa naissance en 1922 aux Gonaïves (Artibonite / Nord) à son assassinat en 1961 sous la dictature de François Duvalier.
Parmi les extraits de textes, exposés du militant politique, figure la lettre adressée à François Duvalier (septembre 1957 - avril 1971).
A travers cette lettre adressée au dictateur, moins d’un an avant sa mort, Jacques Stephen Alexis a dénoncé l’intimidation dont il était l’objet du pouvoir.
« Mon ex-domicile avait été cerné par des policiers qui me réclamaient, à l’émoi du quartier. Je suis assez au courant des classiques méthodes policières pour savoir que cela s’appelle intimidation », écrivit t-il.
« Je me suis d’abord demandé si l’on ne visait pas à me faire quitter le pays en créant, autour de moi, une atmosphère d’insécurité », se questionna-t-il, dans la lettre, en affirmant qu’il ne peut renoncer à son terroir.
« En tant que médecin de la douleur, je ne peux pas renoncer à la clientèle populaire, celle des faubourgs et des campagnes, la seule payante, dans ce pays qu’abandonnent presque tous nos spécialistes. Enfin, en tant qu’homme et en tant que citoyen, il m’est indispensable de sentir la marche inexorable de cette maladie, cette mort lente, qui, chaque jour, conduit notre peuple au cimetière des nations, comme les pachydermes blessés à la nécropole des éléphants », avança-t-il.
« Je connais mon devoir envers la jeunesse de mon pays et envers notre peuple travailleur. Là, non plus, je n’abdiquerai pas », soutint encore Jacques Stephen Alexis avec fermeté.
Né le 22 avril 1922 aux Gonaïves (la cité où fut proclamée l’indépendance d’Haïti le 1er janvier 1804) et assassiné en 1961, Jacques Stephen Alexis symbolise un écrivain martyr de l’intolérance et de la barbarie du pouvoir de Duvalier.
Romancier, militant politique, Alexis est éminemment reconnu pour ses romans, dont "Compère général soleil (1955), les arbres musiciens (1957) et l’espace d’un cillement (1959)".
Vouant un amour sans bornes au savoir et à l’intelligence, il conseille, dans une lettre, à sa fille Florence, le 13 Janvier 1955, ce qui suit :
« Et surtout… n’oublie jamais qu’un être humain, ce n’est pas seulement des bras, des jambes et des mains, c’est avant tout une intelligence, je ne voudrais pas que tu laisses dormir ton intelligence. Quand on laisse dormir son intelligence, elle se rouille, comme un clou, et puis, on est méchant sans le savoir » [emb kft rc apr 23/ 04/2012 10:48]