Par Milot Milfort
P-au-P, 18 avril 2012 [AlterPresse] --- Près d’un an après l’incendie criminel d’une radio communautaire, d’une bibliothèque et des violences commises contre la population de Carice (nord-est d’Haïti), les principales victimes dénoncent la clémence des autorités locales qui traitent le dossier.
« Les bandits continuent de circuler librement, en dépit des mandats d’arrêt lancés contre eux. Ce, sous les yeux des autorités policières, avec lesquelles ils jouent aux dominos dans le commissariat », dénonce Annol Phylidor, responsable et membre fondateur du Centre pour la culture et le développement de Carice (Skdk en créole), consortium d’organisations victimes des incendies.
L’incendie criminel du 21 avril 2011 aurait été commis par des partisans de la plateforme politique Inite en réaction à la défaite de leur candidat Jean Berthole Bastien aux législatives haïtiennes controversées de 2011, indique Phylidor dans une interview accordée à AlterPresse.
Suite à la publication des résultats définitifs du second tour de ces élections, plusieurs maisons et autres édifices ont été incendiés dans la commune de Carice, dont le bâtiment abritant la Radio Communautaire Tèt Ansanm Karis.
Selon Phylidor, seulement deux des personnes pointées dans l’affaire ont été arrêtées par la police, grâce à la diligence de la population de Ouanaminthe.
Les auditions dans le cadre du procès qui ont débuté le 16 mars dernier au tribunal criminel de Fort-Liberté, après les ordonnances du 7 septembre 2011, trainent encore.
Erreurs dans les procédures judiciaires, marchandages politiques, tels sont entre autres les tactiques utilisées par les autorités concernées pour retarder le procès, soutient Phylidor, qualifiant de « complot » les manœuvres des responsables.
« Les autorités judiciaires nous font tourner en bourrique, de manière à nous décourager », déclare tristement Phylidor réclamant l’appui et la solidarité de toutes les instances nationales et internationales.
« Des individus font pression sur certaines autorités afin que les écroués soient relâchés, alors que la plupart des accusés sont encore libres comme l’air », reproche Phylidor, soulignant que ces bandits font pression sur les victimes.
« Ces gens qui devraient être en prison, ne cessent de provoquer les familles victimes. Ils arrivent même à exercer des pressions sur des autorités judicaires dans les salles d’audience », martèle Phylidor.
Près d’une dizaine d’individus ont été identifiés en plein jour, indique un document publié en août de l’année dernière sur les regrettables évènements d’avril 2011 à Carice.
Dans ce document les familles et institutions victimes qui vivent encore avec les séquelles, ne cessent de réclamer « justice et réparation ». Pour eux, « le droit et la justice doivent triompher sur l’impunité ». [mm kft apr 18/04/201 20:30]