Par Lis Bell *
Soumis à AlterPresse le 12 avril 2012
En réponse à un article paru le 10 avril 2012, le Ministère haïtien des Affaires Etrangères a indiqué dans une note de démenti transmise à l’Agence AlterPresse, le 10 avril , que le chancelier Laurent Lamothe n’a pas paraphé « avec son homologue dominicain Carlos Morales Troncoso un ‘accord’ consacrant la mise sous tutelle de l’université Henri 1er de Limonade, le 26 mars 2012 ».
Est-ce que la mise en question du terme "accord" par le Ministère des Affaires Etrangères ne le place pas en nette contradiction avec une note de la Chancellerie dominicaine publiée le 27 mars 2012 à Santo Domingo, autrement dit, au lendemain de la visite officielle de la délégation haïtienne ?
En effet, il y est mentionné que : « Dans le cadre d’une réunion de la Commission Mixte Binationale Dominico-Haïtienne dirigée par les présidents Michel Martelly et Leonel Fernandez, les chanceliers d’Haïti et de la République Dominicaine, Laurent Lamothe et Carlos Morales Troncoso ont signé sept accords de coopération qui renforceront les relations entre les deux pays et qui couvrent un large spectre de thématiques « (Source : www.serex.gov.do 27/3/12)
Comment expliquer alors que quinze jours plus tard, la chancellerie haïtienne renie l’utilisation du terme ACCORD ?
La note de démenti du Ministère qualifie aussi d’allégation mensongère la question de la mise sous tutelle de l’Université de Limonade et de l’Enseignement Supérieur à un Ministère dominicain ; il avance que « l’assistance des partenaires dominicains se limiterait exclusivement aux aspects techniques ».
Là aussi, la contradiction est flagrante dans le communiqué de presse des partenaires dominicains, autrement dit, de la chancellerie. Cela ne se limite guère a de simples aspects techniques car, le 27 mars 2012, Santo Domingo renseigne que : « … ont été signés deux accords de coopération technique à travers lesquels la République Dominicaine appuiera Haïti dans l’organisation de son système d’éducation supérieure et en particulier dans la mise en marche de l’Université de Limonade. (Source : www.serex.gov.do)
Pourquoi la chancellerie haïtienne s’emploie t elle à démentir ce qu’elle a signé avec la chancellerie dominicaine ?
En outre, à parler de tutelle, le chancelier Lamothe n a-t-il pas conféré un statut de mineure à l’Université de Limonade quand il s’en remet aux partenaires dominicains pour : la conception et la mise en œuvre du modèle de cette université, l’offre programmatique, l’identification des ressources pédagogiques, la formation du corps enseignant et des gestionnaires, etc…. ?
De plus, selon l’article 6 de l’accord, cette entente va durer indéfiniment…
Par ailleurs, le Ministère des Affaires Etrangères ne devrait-il pas donner le ton en ce qui a trait au changement de système tant prôné par l’ Exécutif ? Pourquoi avoir refusé la transparence et gardé secret cet accord s’il est l’expression d’un acquis pour le progrès et le renforcement salutaire de l’Enseignement supérieur en Haiti ?
Pourquoi le ministre démissionnaire Laurent Lamothe a t-il dédaigné toute consultation avec les responsables de l’Université d’Etat d’Haïti ? Selon les propos du recteur Vernet Henri, « le rectorat n’a pas été consulté », a rapporté AlterPresse dans une dépêche en date du 11 avril 2012.
Pourquoi enfin, le chancelier démissionnaire Laurent Lamothe n’a-t-il pas partagé cet accord et les autres au cours de sa grande rencontre avec les directeurs de médias ?
Nous souhaitons que le Ministère des Affaires Etrangères pense à communiquer le démenti qu’il aura adressé à la chancellerie dominicaine… question de nous rassurer que les fondamentaux qui doivent garantir notre dignité et notre auto-détermination de peuple restent encore la priorité du Ministère.
Pour l’édification des lecteurs et lectrices, sont placés ci-dessous 5 autres accords signés par le chancelier démissionnaire Laurent Lamothe, le 26 mars 2012, à Santo Domingo.
* Militante de droits humains