Extrait d’une lettre de la Ligue des Exilés Haïtiens pour la Promotion et la Défense des Droits Humains, en date du 15 mars
Soumis à AlterPresse le 16 mars 2004
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La Ligue des Exilés Haïtiens pour la Promotion et la Défense des Droits Humains basée à Paris a le plaisir de vous informer qu’après concertation avec un ensemble de partenaires intéressés aux différentes questions haïtiennes et conformément à ses statuts, elle est sur le point de saisir une juridiction internationale contre l’ancien-président autoproclamé Jean-Bertrand Aristide.
L’idée est toute simple : il s’agit de demander des comptes au président déchu pour tous les crimes, toutes les exactions, toutes les violences, tous les actes d’enlèvement, de torture qu’il a soit commandités soit soutenus dans le cadre de ses multiples tentatives désespérées de rester au pouvoir. Au moment où il se plaint d’avoir été enlevé et qu’il a déjà constitué avocat en la personne de Me Collard, il importe de contre-attaquer sur des sujets autrements plus sérieux et plus vitaux que les délires psychédéliques de l’ancien prêtre-président.
La Ligue des Exilés Haïtiens vous informe qu’une première réunion de travail avec l’avocat de l’association Me Philippe Missamou a eu lieu la semaine dernière. Un agenda de travail a été établi qui prévoit la cueillette des témoignages des victimes, témoignages signés et authentifiés afin qu’ils soient déclarés recevables par un magistrat français saisi dans le cadre de la compétence universelle française. Désormais, la Ligue avec ses membres et partenaires travaillent d’arrache-pied pour recueillir ces témoignages que Me Missamou utilisera pour rédiger la requête. Sachant que les victimes et les parents de victimes vivent un peu partout et sont difficilement accessibles pour la plupart, la LEH vous serait reconnaissante de lui faire parvenir tous les contacts de victimes afin de monter un dossier solide auquel le Tribunal fera droit.
La Ligue des Exilés Haïtiens tient par ailleurs à apporter une précision très politiquement incorrecte. La plainte contre Aristide n’a absolument rien à voir avec une opération de communication. Ce n’est pas non plus un espace que certains pourraient tenter d’utiliser pour satisfaire leurs ambitions personnelles mesquines. Et si d’autres organisations veulent porter plainte tant mieux. Plus Aristide sera judiciairement acculé par une fronde de plaintes, mieux ça vaudra.
Cette action qui est une action judiciaire avant d’être une action politique constitue notre axe de travail dans le cadre de la (re)construction annoncée en Haïti. C’est une façon de dire non à l’impunité scandaleuse dont les assassins et les scélérats ont toujours joui dans ce pays. C’est également une façon de soutenir les victimes et de rappeler notre foi dans un postulat de base : nulle société ne peut progresser sans avoir soldé les comptes et sans savoir fait reculer le plus loin possible les limites de l’impunité.
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Philomé ROBERT
Président de la LEH