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Indignation de voir l’Université Populaire de Tabarre, devenue une base militaire

Lettre ouverte au Président de la Republique
et au Premier Ministre

Soumis à AlterPresse le 18 mars 2004

Port-au-Prince, le mardi 16 mars 2004

Messieurs le Président et le Premier Ministre,

Le Mouvement Démocratique Populaire (MODEP) veut vous faire part de son indignation de voir l’Université Populaire de Tabarre, devenue la base militaire de la force multinationale d’occupation ayant à sa tête le général américain, Ronald S.Coleman.

Faut-il rappeler, comme nous l’avons mentionné dans notre lettre ouverte à l’Ambassadeur de Cuba en Haïti (voir ci-joint la lettre datée du 18 février 2004), que l’Université Populaire de Tabarre, « propriété privée » de l’ex-président dictateur Jean-Bertrand Aristide, serait l’œuvre d’une partie des détournements de fonds de la coopération haïtiano-cubaine et taiwannaise. Par conséquent, ce sera justice rendue à la population haïtienne, particulièrement aux étudiants, de transférer cette université au domaine public, soit dit, de l’Université d’Etat d’Haïti. (voir ci-joint la note de presse de MODEP en date du 2 mars 2004)

Messieurs le Président et le Premier Ministre,

Le MODEP voudrait souligner à votre attention que Haïti, après le Bélize, est le pays de toute l’Amérique latine sinon du monde, qui a le taux de scolarisation universitaire le plus faible ; ce taux représente actuellement moins de 2% de sa population, tandis que les Etats-Unis ont un taux de scolarisation universitaire de plus de 75%, le Canada plus de 55%, le Chili plus de 30% et la France, fer de lance de la force d’occupation, de plus de 50%. Tenant compte, entre autres, de ces données, le MODEP interprète l’utilisation faite par la force multinationale d’occupation comme un acte injuste et qui est contre la promotion d’une jeunnesse haïtienne éduquée et compétente, contre le développement réel du pays. Serions-nous revenus au temps du Président obscurantiste Boyer ?

Nous du MODEP, l’avons déjà indiqué dans la note de presse du 2 mars courant, que tout gouvernement qui aurait voulu rompre avec les pratiques lavalassiennes devrait promouvoir des politiques économiques et sociales qui vont dans le sens des intérêts du pays et de la population, notamment des étudiants, des ouvriers, des paysans et des femmes.

Le MODEP soutient une autre fois que le Peuple haïtien a en effet, un réel besoin de coopération de la communauté internationale et de certains pays dits amis d’Haïti, que le Peuple haïtien voulait se débarasser du dictateur Aristide et des pratiques du régime lavalas, mais il ne veut pas d’une occupation et non plus d’une coopération bilatérale ou multilatérale qui ne respecte pas les lois du pays et les droits fondamentaux comme le droit à l’éducation, le principe de l’autodétermination des peuples et la solidarité nécessaire entre les différents Etats de la planète.

C’est dans cette optique, d’ailleurs, que le MODEP vous félicite de votre position de géler les relations avec la Jamaïque et les pays de la CARICOM, pour les raisons que nous connaissons tous. Toutefois, le MODEP ose espérer que cette position n’est pas motivée par l’émotion du moment et/ou par un esprit de fanfaron. Dans le cas contraire, votre Gouvernement doit également prendre des positions fermes contre la présence de la force multinationale dans le pays. En effet celle-ci, non seulement, a facilité la fuite hors du pays de maints responsables lavalassiens, massacré des innocents dans un quartier populaire comme le Bel-Air pendant que les chimères continuent de vaquer en toute quiétude à leurs sales besognes, mais aussi, elle s’est arrogée le droit de s’installer dans l’ enceinte d’une université dans un pays où le besoin en éducation demeure grandement insatisfait.

Messieurs le Président et le Premier Ministre,

En attendant le mot du droit de votre Gouvernement sur cette question urgente, le MODEP entend continuer à manifester sa réprobation et son indignation face aux agissements des occupants jusqu’à ce que la justice soit rendue à la communauté universitaire et au Peuple haïtien.

Anil LOUIS JUSTE

Frantz MOISE

S.E.M. Boniface ALEXANDRE, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE D’HAITI

S.EM. Gérard LATORTUE, PREMIER MINISTRE DE LA REPUBLIQUE