Español English French Kwéyol

Télé Haïti tente de renaître de ses cendres

Une douzaine de jours après avoir été durement éprouvée, la seule télévision de Port-au-Prince qui n’était pas contrôlée par Jean Bertrand Aristide, Télé Haïti, un cablodistributeur, a repris ses émissions locales d’information le samedi 13 mars dernier. Cette station a subi le 29 février dernier des pertes et dommages estimés à environ un million de dollars américains. Télé Haïti a ouvert comme suit, sur font d’images saisissantes, son édition spéciale d’information du 13 mars :

Madame monsieur, bonsoir. Très heureux de vous retrouver après ce long silence provoqué par l’ouragan qui a ravagé Télé Haïti le dimanche 29 février dernier, à la mi-journée.

Télé Haïti présente ses vifs remerciements à tous ceux-là et toutes celles qui l’ ont visité après le drame et lui ont exprimé leurs sympathies.
Nos remerciements vont également aux membres de la population et à certains agents très dévoués de la police nationale qui nous ont permis de récupérer certains matériels si minimes soient-ils en regard de l’ampleur des dégâts.

Nous remercions aussi nos cher(e)s abonné(e)s et commanditaires de leur patience et leur compréhension. Nous remercions tout particulièrement les abonnés qui nous pressaient de régler leurs abonnements malgré que Télé Haïti n’émettait pas, voulant par ainsi nous aider à surmonter l’ouragan.

Nous adressons enfin nos vifs remerciements à toutes les stations sœurs et tous les membres de la corporation pour leur marque d’attention et de solidarité.

Le rappel des faits :

Le dimanche 29 février, à la mi-journée, des individus armés dont certains portaient des T-shirt à l’effigie du président déchu, Jean Bertrand Aristide, ont pénétré par effraction, en brisant la barrière et les portes de Télé Haïti sise au bicentenaire.

Ce vol par effraction suivi d’actes de vandalisme a été facilité par un véhicule de la compagnie de transport Service Plus.

Ces individus ont volé une vingtaine de véhicules de Télé Haïti ainsi que de nombreux matériels et équipements de la station.

Sur ces images, notre salle UPS complètement sabotée. UPS, stabilisateur, quantité d’inverters et de batteries emportés.

Ici, notre département des services généraux entièrement dévasté également.

Il en est de même pour le système informatique. Objets emportés : plus d’une trentaine d’ordinateurs, quatre serveurs, un routeur, trois concentrateurs, une imprimante lazer, une imprimante à jet d’encre pour environ huit départements, livres, logiciels, bases de données.

Le studio de RFI a été vidé de tous ses matériels et équipements.

S’agissant de la salle des nouvelles, tout le système de montage a été saboté ou emporté ainsi que le mobilier.

Ont été également sabotés l’installation électrique et le système de climatisation.

Les intrus ont par ailleurs tenté d’incendier Télé Haïti. Heureusement, le feu ne s’est pas propagé et a pu être maîtrisé le lendemain matin.

Pour mémoire, nous rappelons que déjà les 24 et 25 février dernier, plusieurs stations de radios lançaient à longueur de journée des SOS en faveur de Télé Haïti.

Des partisans de Jean Bertrand Aristide venaient d’agresser verbalement une équipe de reportage de Télé Haïti qui rentrait à la station, indiquant clairement qu’ils allaient marcher sur Télé Haïti.

Peu après ces menaces, ils allaient brûler des pneus et ériger des barricades de pneus enflammés à l’entrée de Télé Haïti, au bicentenaire. Une situation qui avait forcé le personnel à quitter la station en catastrophe.

Malgré les nombreux SOS lancés par divers médias au cours de ces deux journées angoissantes, aucune présence policière n’a été observée dans les parages de Télé Haïti jusqu’à ce que ce qu’on redoutait arriva le dimanche 29 février 2004, à la mi-journée.

L’ouragan du 29 février n’entamera en rien notre détermination à vous informer, chers téléspectateurs et téléspectatrices, étant persuadé que l’information est un puissant ferment de démocratisation de la société.

Ce travail d’information, nous continuerons à le faire, comme par le passé, en respectant l’éthique professionnelle, les principes d’équité et d’honnêteté et en gardant notre distance critique par rapport à tous les acteurs politiques, économiques et sociaux.

Merci de continuer à nous accompagner dans cette noble et difficile mission.