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Ralph Allen : plaidoyer pour une meilleure formation des jeunes en arts plastiques

P-au-P., 16 avr. 02 [AlterPresse] --- Les arts plastiques constituent "le secteur le plus vivant" actuellement en Haïti, a déclaré le peintre haïtien Ralph Allen dans une interview accordée à AlterPresse.

Dans le sillon de la cinquantaine, le plasticien haïtien qui a œuvré à plusieurs niveaux pour promouvoir l’art dans le pays, fait preuve d’une bonne connaissance du milieu. Il se dit optimiste quant a l’avenir de la peinture haïtienne, malgré "une absence de structure pour encadrer la jeunesse".

"Il faut procéder à la formation de la relève qui doit perpétuer le savoir", préconise Ralph Allen qui consacre une bonne partie de sa carrière à l’enseignement des formes et des couleurs. "J’ai formé, dit-il, beaucoup de peintres professionnels et certains de mes élèves sont actuellement dans des universités et bénéficient de bourses d’études à partir de ce qu’ils ont appris avec moi".

Lire plus bas une biographie de l’artiste

Professeur de dessin et de peinture depuis 15 ans en studio privé, Ralph Allen fut membre du conseil d’administration de l’Ecole Nationale des Arts où il enseigna les arts plastiques. Il a animé plusieurs séminaires de formation au Cap-Haitien, en Guyane et en Martinique.

C’est la Martinique qui a accueilli l’année dernière la plus récente exposition de Ralph Allen. 40 tableaux ont été exposés. "Une quarantaine de toiles à travers lesquelles la vie quotidienne haïtienne prend forme avec des scènes de marché ainsi que des visages mêlés à des espaces végétaux, marins ou encore chaotiques", explique le peintre.

Cette exposition a été pour Ralph Allen une "expérience enrichissante", qu’il décrit comme une rencontre : "L’image veut susciter le regard, interpeller le spectateur, le toucher, initier le dialogue. L’écriture est plurielle, hybride, comme la Caraïbe, avant-garde de la mondialisation ?"

Interrogé par AlterPresse sur sa démarche artistique, Ralph Allen s’est dit "en perpétuel mouvement". Il joue du temps et des styles. "Mes œuvres, dit-il, sont suspendues dans des temps varies ainsi que dans des styles divers (cubistes, surréalistes et figuratifs), à travers lesquels les images se reflètent l’une sur l’autre".

En définitive, "mes tableaux, confie-t-il, expriment mes émotions". Et "le regard du public s’émeut devant des corps parfois entremêlés et éperdus de désir où les formes des femmes révèlent des traces de fragmentation".

A propos de sa technique, Ralph Allen déclare se servir du savoir universel pour mieux exprimer sa pensée et du savoir moderne pour aller de l’avant.

Ralph Allen est né à Port-au-Prince en 1952. Il a été en partie formé au National Academy School of Fine Arts où il a reçu des prix prestigieux. Il a pris part à de nombreuses activités artistiques en Haïti, dans la Caraïbe et aux Etats-Unis. Son premier grand succès haïtien remonte a 1978, lorsque pour la première fois ses toiles furent exposées à la galerie panaméricaine à Pétion-Ville. [gp/yh 16/04/02 05:00]


EN PERPETUEL MOUVEMENT...

Conversation avec l’artiste Ralph Allen

Par Yolette Hazel, peintre et critique d’art

Yolette Hazel - Peintre - témoin d’une société hydre en mutation accélérée, anarchique, Ralph Allen, parlez-nous de votre exposition en Martinique, l’année dernière ?

Ralph Allen - J’ai exposé 40 tableaux en Martinique. l’expérience a été enrichissante. Une quarantaine de toiles a travers lesquelles la vie haïtienne quotidienne prend forme avec des scènes de marché ainsi que des visages mêlés à des espaces végétaux, marins ou encore chaotiques. L’image veut susciter le regard, interpeller le spectateur, le toucher, initier le dialogue. l’écriture est plurielle, hybride, comme la Caraibe, avant-garde de la mondialisation ?

YH - Quel est votre but dans la vie et comment définissez-vous votre art ?

RA - Je suis en perpétuel mouvement. Mes tableaux expriment mes émotions. Mes oeuvres sont suspendues dans des temps variés ainsi que dans des styles divers ( cubistes, surréalistes et figuratifs), a travers lesquels les images se reflètent l’une sur l’autre.

Je traite aussi du nu et le regard du public s’émeut devant les corps parfois entremêlés et éperdus de désir ou les formes des femmes révèlent des traces de fragmentation.

YH - Et la technique ?

RA - Je me sers du savoir universel pour mieux exprimer ma pensée. Je me sers du savoir moderne pour aller de l’avant.

YH - A quoi sert l’art dans le monde moderne ?

RA - Dès les temps primitifs, c’est par l’art que l’on transmettait les messages. L’image véhicule les messages. L’humanité a un besoin d’images...et, en Haiti, actuellement, c’est le secteur le plus vivant de la société haitienne. L’oeuvre d’art s’impose.

L’oeuvre propose des pistes. Le regard la prolonge et lui donne une dimension infinie. Les symboles sont évidents, suggérés ou subliminaux. Syncrétisme de réalisme, symbolisme, surréalisme ou cubisme.

YH - Quel est l’avenir de la peinture haitienne ?

RA - Il y a une absence de structure pour encadrer la jeunesse. Il faut procéder à la formation de la relève qui doit perpétuer le savoir. Mais je suis optimiste.

J’ai formé beaucoup de peintres professionnels et certains de mes élèves sont actuellement dans des universités et bénéficient de bourses d’études à partir de ce qu’ils ont appris chez moi.

Je suis professeur de dessin - peinture depuis 15 ans en studio privé et j’ai animé plusieurs séminaires de formation au Cap-Haitien, en Martinique et en Guyanne. je fus professeur d’art plastique et membre du conseil d’administration de l’ENARTS.

YH - Encore un mot ?

RA - Des qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Les médias devraient informer le public pour avoir une meilleure connaissance de ce qui se passe de nouveau. C’est une chance que l’on ne subisse pas l’influence des autres, en Haiti. Le vrai intellectuel haitien a conservé son âme.


Ralph Allen : l’enfant prodige

Biographie

Ralph Allen est né à Port-au-Prince en 1952. Dès son jeune âge, il se passionne pour le dessin. En salle de classe, il s’exerce au portrait de ses camarades et, son professeur le recommande a deux écoles d’art.

Plus tard, Il obtint une bourse d’études de la National Academy School of Fine Arts aux Etats-Unis. Il s’y distingua et fut honoré en recevant les Prix Albert H. Baldwin, Dr Ralph Weiler et Lucrezia Bori.

Ralph Allen prend part à de nombreuses activités artistiques aux Etats-Unis d’Amérique et présente ses oeuvres à l’annuelle de la National Academy of Design, l’annuelle de la Watercolor Society, l’annuelle de la Audubon Artists of America et à l’exposition mobile de la AWS à travers les Etats-Unis d’Amérique.

En 1978, il montre ses toiles a la galerie panaméricaine à Pétion-Ville en Haïti. C’est un véritable triomphe. Le promoteur artistique Pierre Monosiet, découvre celui qui devait "beaucoup apporter au renouveau de l’art haitien". Le public est ébloui et Ralph Allen se produit dans les plus importantes galeries du pays.

Son one man show à la galerie Marassa est un succès. Ses oeuvres sont exposées au papyrus, a l’Hotel Kinam et aussi, au Musée d’Art Haitien en 1985.

Il voyage beaucoup surtout dans les Caraibes où il réalise plusieurs expositions : a la galerie Soley’o, en Martinique (1979) ; en groupe, SCOPA, Haiti - Martinique (1980) ; à Nyangoma galery, washington (1982) ; one man show CMAC, Martinique ; en Guadeloupe, a l’Hotel PLM et à l’exposition internationale Cayenne en Guyanne ( 1985 ) ; Galerie Banayel, République Dominicaine (1988) ; en Equateur à l’Arte bienal à Cuenca (1991) ; regards au Palais des Congrès à Dinard, en France (1991) ; Carib Art Galery, New York (1993) ; Galerie Monsieur Henry, Miami ; au Milogro Art Center, Floride (1999). Au cours de l’année dernière, Ralph allen a expose en Martinique et au Musée de l’Homme en République Dominicaine.(YH)