Correspondance Mergenat Exalus
Gonaïves, 27 mars 2012 [AlterPresse] --- Environ 10 ans depuis les événements politiques anti-Aristide de 2002 ayant occasionné la destruction de la prison civile aux Gonaïves (Nord) par les membres du Front Resistance Artibonite (FRA), les autorités n’ont donné aucun signal prouvant leur volonté de reconstruire l’unique centre carcéral de cette ville, constate l’agence en ligne AlterPresse.
Depuis 2002, les individus en contravention avec la loi aux Gonaïves vont purger leur peine dans un bâtiment (annexé à la place d’armes) qui devait loger un centre de recherche pour les jeunes. Transformé en centre pénitencier, le bâtiment dessert les départements de l’Artibonite et du Nord-Ouest.
L’espace aménagé et considéré comme prison aux Gonaïves a une capacité d’accueil de soixante dix détenus. Pourtant il en abrite présentement plus de 227 dont 13 femmes et 11 enfants écroués au mépris des normes et principes régissant la matière, selon le commissaire du gouvernement près le tribunal civil premier instance des Gonaïves Me Mesac Philogène.
Se montrant préoccupé par l’absence d’une vraie structure carcérale aux Gonaïves, le chef du parquet a expliqué que, pour des raisons sécuritaires et pour ne pas aggraver davantage la situation déjà alarmante des prisonniers en surnombre, des détenus réputés dangereux et certaines personnes placées en détention pour infractions et délit divers en attente de jugement sont transférés vers d’autres centres carcéraux du pays, soit à St-Marc, Arcahaie ou à Port-au-Prince.
Le commissaire affirme avoir déjà soulevé ce problème avec les autorités du ministère de la justice et l’expert indépendant des droits de l’homme des Nations Unies qui avait visité la prison, mais le problème reste intact, a-t-il dit.
Le fait de transférer certains détenus dans d’autres centres pénitenciers du pays, constitue un handicap pour le fonctionnement de la justice aux Gonaïves, estime pour sa part le président de la cour d’appel, Me Octélus Dorvilien.
Diverses difficultés entravent le transfert d’un prévenu qui doit se présenter devant la Cour d’appel des Gonaïves, explique le juge. Parfois, il s’agit d’un simple problème de transport ou d’insdisponibilité de policiers, car aux Gonaïves, il n’y a pas d’agent de l’Administration Pénitentiaire Nationale (APENA), fait remarquer Octélus Dorvilien.
De son coté, la directrice départementale de l’Office de la Protection du Citoyen et de la Citoyenne (OPC) aux Gonaïves, Me Youdeline Cherizard Joseph, pense qu’on ne peut pas parler de respect des droits de l’homme aux Gonaïves, compte tenu des mauvaises conditions de détention.
En plus du surpeuplement exagéré, l’espace considéré comme centre de détention n’a pas d’éclairage, de ventilation, et pas d’accès à des soins médicaux. Les détenus sont empilés, ils n’ont pas de lits et ils font leurs besoins dans des récipients qui débordent et dégagent une odeur nauséabonde, rapporte la responsable de l’OPC.
Alliance gonaivienne pour le respect et l’avancement des droits de l’homme (Agreda) et le Réseau de défense des droits humains de l’Artibonite (Reddha) dénoncent cette situation qui oblige les autorités judiciaires à transférer les détenus, certaines fois à l’insu de leurs parents.
Les responsables de ces organisations tirent la sonnette d’alarme en appelant les autorités du pouvoir central à doter Gonaïves d’une véritable structure carcérale, indispensable dans tout processus d’instauration d’un Etat de droit. Ils rappellent aussi aux autorités le droit que possède toute personne détenue d’être traitée avec humanité dans des espaces appropriés. [me kft gp apr 27/03/2012 09:15]