Par Emmanuel Marino Bruno
P-au-P, 29 mars 2012 [AlterPresse] --- Les conditions de travail au service social du centre hospitalier universitaire de psychiatrie Mars et Kline (Chupmk) à Port-au-Prince, sont déplorables, critiquent des membres du personnel de cet établissement public, interviewvés par AlterPresse.
A l’entrée de ce centre, 3 gardes privés et 2 policiers cantonnés dans un petit poste, assurent la sécurité. L’un d’eux, une femme apparemment fatiguée, appuie sa tête contre un bureau et somnole.
Sur la cour, des hangars - dont le plafond est en tôle - sont aménagés pour des personnels du centre.
« Quand on fait la gueule, c’est 80 muscles du visage qui travaillent, quand on sourit 10 seulement, alors pourquoi se fatiguer », lit-on sur des affiches placardées sur ces maisonnettes, qui logent divers services, notamment ceux de la comptabilité, du bureau médical du directeur du Chupmk, Louis Marc Jeanny Girard, des dépôts de médicaments et le service social.
Les fonctionnaires du service social, en charge de l’historique des patientes et patients, critiquent leurs mauvaises conditions de travail, notamment le manque d’hygiène.
L’odeur d’urine des patientes et patients - qui font généralement leurs besoins derrière le hangar du service - nous empêche de respirer, déplore Gilberta Louidor.
De plus, le manque d’encadrement, de matériels de travail, l’absence de ventilateurs et de toilettes, forment le lot des principaux problèmes, auxquels sont confrontés les travailleuses et travailleurs sociaux de ce service.
« Quand le soleil est à son zénith, la chaleur monte, au point de menacer d’étouffer les employés », fustige Guerline Ledmé Dejean, qui réclame l’installation d’un ventilateur dans cet espace.
« Il est impossible de faire une prise en charge pour un patient dans de pareilles conditions », s’indigne t-elle.
« On peut avaler tous les rafraichissements, ça ne sert à rien », lâche t-elle, mécontente.
Outre le problème de ventilation, il existe une inaccessibilité aux services hygiéniques en vue de satisfaire les besoins physiologiques des fonctionnaires, signale Claudette Emile Valmond.
« Avant de venir travailler au centre, il faut faire tous ses besoins physiologiques chez soi, sinon on risque de ... », avoue Lys Jean-Pierre Benjamin, montrant un récipient en plastique qui lui sert d’alternative.
Créé en 1959, sous l’impulsion du Docteur Louis Price Mars et un psychiatre américain du nom de Nathan S. Kline, le centre de neurologie et de psychiatrie Mars et Kline à Port-au-Prince s’occupe du diagnostic et du traitement des troubles nerveux et mentaux.
Haïti ne compte que deux centres de soins psychiatriques, à savoir le Chupmk, à Port-au-Prince, et l’Hôpital Défilée de Beudet à la Croix-des-Bouquets (municipalité au nord-est de la capitale).
82 travailleuses et travailleurs sociaux, soit 0.86 pour 100.000 habitants, travaillent dans les structures publiques et privées, indique l’organisation mondiale de la Santé (Oms) dans un rapport (publié en 2011) sur le système de santé mentale en Haïti.
Il n’existe « que 27 psychiatres pour tout le pays. 70%, soit 19 d’entre eux, exercent exclusivement dans le secteur privé ou pour une organisation non gouvernementale (Ong) et 30%, soit 8, travaillent dans les structures publiques et privées », souligne le rapport 2011 de l’Oms sur le système de santé mentale en Haïti [emb kft gp apr 29/03/2012 21:40]