Par Emmanuel Marino Bruno
P-au-P, 15 mars 2012 [AlterPresse] --- Des bâches, des toiles, des cartons, des cahiers noircis, des objets de toutes sortes déformés par les flammes et éparpillés : tel est le décor du camp de personnes deplacees, établi au Lycée Toussaint Louverture (au centre de la capitale, quelques jours après un incendie d’origine inconnue, relève l’agence en ligne AlterPresse.
Deux jours après l’incendie qui a ravagé le camp, à l’aube du lundi 12 mars 2012 (vers 2:00 am = 6:00 gmt), une odeur de brulé continue de planer. L’endroit offre un aspect sinistre et garde, de manière vive, les traces du feu.
Le feu, dont l’origine n’est pas encore déterminée, a causé la mort de trois (3) personnes, dont une mère et ses deux enfants.
Trois (3) autres personnes, qui ont été grièvement blessées, continuent de recevoir des soins à Médecins Sans Frontières (Msf) à Drouillard (au nord de Port-au-Prince).
La majeure partie des tentes, soit plus d’une cinquantaine érigées après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, ont été détruites, révèle le vice-président du camp, Edwine Exantus.
« Tous nos biens se sont envolés », affirme t-il.
Aux abords d’un ancien vieux bâtiment du lycée - affichant l’effigie du précurseur de l’indépendance, Toussaint Louverture, moins d’une dizaine de tentes demeurent encore debout, observe t-on.
Mais, à présent, ce qui inquiète le plus les personnes sinistrées c’est de trouver de l’eau potable rapidement.
Critiquant la lenteur de l’État à réagir en faveur des victimes de l’incendie du 12 mars 2012, Exantus dit craindre maintenant une éventuelle contamination par le choléra, vu que les résidentes et résidents du camp ne disposent maintenant d’aucun moyen pour traiter l’eau.
A l’entrée du camp, établi au lycée de Toussaint Louverture au lendemain du séisme du 12 Janvier 2010, deux autobus en mauvais état y sont stationnés.
A coté de ces autobus, sont installés - un peu en hauteur - cinq (5) réservoirs d’eau en plastique.
Ces réservoirs ne sont pas remplis régulièrement et leur eau n’est pas traitée, témoignent les personnes sinistrées.
« C’est grâce à la charité d’autres gens que nous arrivons, avec difficulté, à acheter de l’eau traitée en sachets », déplore, pour sa part, Denia Brénis, la tante de deux (2) des personnes hospitalisées suite à leurs blessures dans l’incendie du 12 mars.
« En plus, nous n’avons rien à nous mettre dessus », ajoute Brénis, visiblement attristée.
A part des dons de matelas, des couverture en laine et des draps, faits par l’organisation internationale pour les migrations (Oim), aucune autre assistance n’a été donnée jusqu’à présent à ces personnes sinistrées, fait-elle savoir.
Entre-temps, un registre des familles victimes de l’incendie du 12 mars 2012 commence timidement à se constituer par Oim, apprend t-on.
La plupart des personnes victimes se sont réfugiées dans un bâtiment du lycée, réservé à la cantine pour les élèves de l’établissement Toussaint Louverture qui fonctionne à proximité du camp. D’autres sont obligées de chercher, ailleurs, l’accueil chez de bons samaritains.
« Seule une aide financière pourrait permettre à ces gens de partir du camp parce qu’ils n’ont rien. Ils ont tout perdu. Ils ne peuvent pas, par eux-mêmes, louer une maison », explique Exantus qui raconte qu’ils sont obligés de cotiser pour essayer de subvenir à leurs besoins.
Aucun des enfants du camp ne peut aller à l’école, parce que leurs uniformes ont été incendiés, explique Monique Merson, mère de sept (7) enfants.
Les enfants du camp Toussaint Louverture, dont des fillettes, déambulent nus dans le camp.
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Depuis le séisme de janvier 2010, cent vingt-cinq (125) familles sinistrées vivaient dans ce camp situé au Lycée Toussaint Louverture sis à la rue Saint-Honoré à Port-au-Prince.
Comme c’est le cas dans beaucoup d’autres camps, les mauvaises conditions de vie, l’insécurité, entre autres, semblent vouloir les pousser vers la sortie.
Mais pour aller où ? [emb kft rc apr 15/03/2012 10:46]