Par Roody Edmé *
Spécial pour AlterPresse
Le dimanche 10 mars au port d’embarquement no 23 de la American Airlines à destination de Port-au-Prince, il y a foule. Une majorité écrasante d’étrangers, des européens, des américains, et même quelques asiatiques…
Un ami à côté de moi me chuchote : « Haiti is really open for Business » ?
Curieux et intéressé, je fis un petit tour du « gate » pour constater que la plupart d’entre eux portaient des maillots d’organisations évangéliques ou de volontariat pour la paix.
Nous sommes encore (et pour quelque temps dans l’humanitaire), et les efforts du gouvernement démissionnaire ne sont pas prêts d’aboutir si des mesures énergiques et renouvelées ne sont pas prises pour arrêter la tendance à fabriquer des crises. Le nouveau gouvernement, qui se prépare, doit divorcer avec ce management du chaos qui, jusqu’ici, entrave les bonnes intentions exprimées.
Ne dit-on malheur à celui par qui le scandale arrive, et ceci est valable pour tous nos élus et les quelques mandarins qui les entourent, et dont le fonctionnement - provocateur et/ou arrogant de personnes grisées par le pouvoir - exaspère ou inquiète.
Le temps passe vite, et le bilan ne tardera point.
L’avenir de ce pays est trop important pour le laisser uniquement aux mains malhabiles des élus de l’exécutif comme du parlement.
La « guerre de Troie », qui se prépare, ne doit pas avoir lieu.
Il faut, dans les sommets du pouvoir, que l’on arrête de danser, sur le volcan momentanément éteint de ce pays aux convulsions politiques dévastatrices, pour se concentrer sur le mal qui répand la terreur, à savoir l’insécurité rampante et désormais quotidienne.
L’assassinat d’un ancien « guérillero », qui avait contribué à la « pacification » des « zones de non droit », est peut-être le signal d’un réarmement de secteurs déterminés à ouvrir d’autres fronts.
Et les tensions au sein du haut commandement de la police nationale d’Haïti (Pnh), sur la possibilité d’un départ anticipé du directeur général de la Pnh , ne peuvent qu’agir sur le moral des troupes. La police annonce des dispositions qui ont peine à se déployer sur le terrain, alors que les commandos motorisés - qui sillonnent nos rues de leurs mitrailles - sont, eux, en avance sur leur plan machiavélique.
Quant à la mission des Nations Unies de stabilisation en Hait (Minustah), avilie dans de nombreux scandales, elle n’a jamais été aussi pâle. Si elle doit rester encore un an…qu’elle s’active pour assumer son mandat.
Un signal fort doit être envoyé pour la résolution, une fois pour toutes, de ce trop long problème de nationalité qui plombe le climat politique.
Le président doit s’efforcer de désamorcer les tensions, déminer systématiquement le terrain, et le parlement faire son travail dans la sérénité qui incombe à des femmes et hommes d’État responsables et non dans la tempête médiatique, génératrice de pluies « acides » et « de sauve qui peut » préjudiciables aux vies et aux biens.
Le président a ouvert, ce lundi 12 mars 2012, les états généraux de l’investissement, mais le climat général est morose, les vieux démons de ce pays reviendront le hanter si nous ne savons pas tirer les leçons de l’Histoire.
Un peuple sans mémoire…je vous laisse deviner les conséquences.
* Éducateur, éditorialiste