P-au-P, 12 mars 2012 [AlterPresse] --- Il est 10 heures et demie (10:30 locales = 15:30 gmt). Nous sommes vendredi (9 mars 2012). Sur la cour du Lycée Henry Christophe (dans la périphérie de Diquini 63, au sud de Port-au-Prince), des centaines d’élèves vont et viennent, constate l’agence en ligne AlterPresse.
A croire que c’est la recréation ! Pas du tout. Ces élèves attendent, en fait, leurs professeurs, comme chaque jour de classe depuis des mois.
Le Lycée Henry Christophe vit une véritable crise, selon les informations recueillies par AlterPresse.
Aux problèmes d’ordre administratif et académique, qui affectent cette institution, est venue s’ajouter une grève des professeurs contractuels. Ces professeurs réclament non seulement leurs traitements, mais également leur nomination.
« Cette crise a démarré lors de l’ouverture des classes en novembre 2011. La direction a touché (des parents d’élèves) des frais de scolarité de mille gourdes (US $ 1.00 = 42.00 gourdes ; 1 euro = 61.00 gourdes aujourd’hui), alors que le président Michel Martelly a autorisé les élèves à venir à l’école gratuitement. C’est ce qui a été à l’origine de la crise », explique le censeur du Lycée Henry Christophe, Gérard Celbeau.
Depuis la fin du carnaval 2012 (20 février), le lycée fonctionne au ralenti.
Sur la route conduisant au Lycée Henry Christophe, plusieurs dizaines d’élèves vont dans la direction opposée.
Ils préfèrent rentrer chez eux, au lieu d’attendre des professeurs qui accumulent des absences. D’autres élèves sont restés, pour jouer aux cartes ou au football, profitant de cette incroyable recréation.
Suivant les affiches publicitaires, réalisées par la présidence pour vanter le succès du programme de scolarisation universelle gratuite, plus de cinquante sept mille huit cent-soixante-douze (57,872) enfants se seraient rendus à l’école gratuitement, dans la zone de Carrefour, depuis le début de l’année académique 2011-2012.
« Cette institution a plus de quatre mille cinq cent (4,500) élèves, répartis en deux vacations, alors qu’un nombre de cent dix-huit (118) professeurs peinent encore à obtenir leurs traitements, parce qu’ils ne sont pas encore nommés », signale Celbeau.
« C’est une crise institutionnelle, car la majorité des professeurs - qui dispensaient des cours avant le 12 janvier 2010 - sont morts. Leurs remplaçants ne sont pas encore nommés », corrobore un professeur.
Sur la cour du lycée, un buste du roi Henry Christophe. Non loin de la sculpture, est affiché le slogan suivant : « Lycée Henry Christophe, c’est la référence ».
Mais, derrière cette image, les témoignages des élèves font surgir une réalité démontrant que tout va mal.
La plupart des salles de classe sont vides. Certains élèves discutent de la situation, par petits groupes.
Les réactions sont partagées. Pour les élèves de la neuvième année notamment, c’est l’inquiétude, parce que les examens d’État approchent.
Des élèves de la rhéto affirment qu’ils n’ont jamais vu deux professeurs l’un après l’autre au cours de la même journée. Les professeurs de géologie, de biologie et de chimie ne se sont jamais présentés, témoignent-ils.
Au bureau de la directrice, cependant, le personnel administratif continue de recevoir les documents (dossiers) des candidates et candidats aux prochains examens d’État.
Les examens d’État 2012 (session ordinaire) se dérouleront en juillet prochain, selon le calendrier du ministère de l’éducation nationale, [jep kft rc apr 12/03/2012 12:03]