P-au-P., 10 mars. 04 [AlterPresse] --- Le Premier Ministre désigné, l’économiste et avocat Gérard Latortue a promis de mettre en place en Haïti « un gouvernement de consensus national », en rentrant ce 10 mars en milieu d’après-midi à Port-au-Prince, venant des Etats-Unis où il résidait.
S’adressant à des journalistes à l’aéroport Toussaint Louverture, Latortue a fait savoir que ses critères de choix dans la formation de son équipe gouvernementale, seront « la compétence, l’honnêteté et l’engagement ».
Gérard Latortue a été reçu à l’aéroport Toussaint Louverture par une délégation de 3 membres du Conseil des Sages, par qui il a été désigné le 9 mars dernier pour former le prochain gouvernement, qui doit succéder à celui du Premier Ministre sortant Yvon Neptune.
Gérard Latortue s’est dit attacher à la démocratie. « Il faut que cessent les tendances dictatoriales qui persistent depuis trop longtemps dans ce pays », a-t-il lancé.
Gérard Latortue est conscient qu’il devra aborder deux dossiers très lourd, celui de la sécurité et celui de la relance économique.
La population de la capitale et de plusieurs d’autres villes d’Haïti ont exprimé des inquiétudes face à l’insécurité, susceptible d’augmenter, en raison de l’existence de plusieurs groupes armés, liés notamment à l’ancien régime.
Latortue s’est dit « chanceux » de pouvoir compter, en matière de sécurité et défense, sur les compétences de son « ami », l’ex commandant des Forces Armées d’Haïti, le général Hérard Abraham. Ce dernier, qui avait également postulé pour le poste de Premier Ministre, est rentré à Port-au-Prince par le même avion que le Chef de gouvernement désigné.
Latortue a fait savoir qu’il compte aussi sur l’apport de la force internationale présente en Haïti, pour « professionnaliser et dépolitiser la police ». Cependant, il a affirmé espérer que les troupes étrangères « resteront (dans le pays) le moins longtemps possible ».
D’autre part, les secteurs économiques sont aux abois après les pillages et incendies à Port-au-Prince, suite au départ pour l’exil le 29 février dernier de l’ancien président Jean Bertrand Aristide pour Bangui, en Centre-Afrique. Des dommages estimés à plus de 300 millions de dollars ont été enregistrés.
Il faut "un plan de recapitalisation du secteur privé", a soutenu Latortue. Une aide immédiate à ce secteur est nécessaire, selon Gérard Latortue. Si non, a-t-il indiqué, les conséquences pourraient être catastrophique en terme de misère et de chômage.
Gérard Latortue est connu comme professeur, chercheur, diplomate et consultant financier. Il a été Ministre des Affaires Etrangères de l’administration du président Lesly Manigat (1988) et a travaillé de 1972 à 1994 au sein de l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI).
Prenant en compte la carrière presqu’exclusivement internationale de Gérard Latortue, certains secteurs ont exprimé des préoccupations quant à sa connaissance du terrain et de sa capacité à affronter les défis de la conjoncture. [gp apr 10/03/2004 22:00]
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