Correspondance Ronel Odatte
Hinche (Haïti), 02 mars 2012 [AlterPresse] --- Deux cent quarante (240) personnes, dont 11 femmes et 4 mineurs de moins de 16 ans, sont entassées dans un bâtiment pas plus grand qu’un mouchoir de poche, construit pour 25 personnes et servant de centre carcéral à Hinche (chef-lieu du Plateau central, à 128 km au nord-est de la capitale), selon les informations obtenues par l’agence en ligne AlterPresse.
Elles endurent plusieurs peines à la fois : pas d’eau potable, pas de soins de santé adéquats et se nourrir n’est pas non plus une chose facile : tel est le tableau de la situation des détenus à la prison civile de Hinche.
"Nous sommes dépassés par les événements", déplore l’inspecteur Daniel Bastien, l’un des responsables de cette prison interrogé par AlterPresse.
La situation est de plus en plus chaotique : les détenus arrivent quotidiennement, alors que l’espace s’amenuise.
« Pour l’heure, nous sommes contraints de transférer certains prisonniers à Mirebalais (dans le bas Plateau Central) et à Saint-Marc (département de l’Artibonite / Nord). Malgré tous ces efforts, il nous est difficile de gérer cette situation », alerte Bastien.
L’officier de police se montre aussi inquiet pour la santé des détenus qui passent beaucoup de temps debout, ce qui fait enfler leurs membres inférieurs.
« Avoir les pieds enflés trop longtemps, c’est dangereux », remarque-t-il.
La sanction est double quand quelqu’un, déjà puni par la loi, est forcé de vivre dans ces conditions, se plaignent de nombreux parents de détenus.
Phanor Jean, dont le fils est incarcéré depuis une semaine, raconte comment il est rudement éprouvé, les larmes aux yeux, quand il se rend à la prison pour écouter des jeunes appeler à la mort plutôt que de rester dans leurs cellules.
Malgré les appels répétés des organismes locaux des droits humains, les détenus pourraient rester encore longtemps dans ces conditions alarmantes.
Le tout nouveau centre carcéral, en chantier depuis 2006, est loin d’être achevé. Entre-temps, la police nationale continue de procéder à des arrestations pour des infractions et délits divers.
De l’avis de certains juristes, si rien n’est fait, le nombre de détenus pourrait passer de 240 à 500 d’ici juillet 2012, vu l’apparition du phénomène de délinquance (appelé Zo kiki) et la circulation des stupéfiants. [ro kft rc apr 02/03/2012 0:00]