Le nombre d’enfants haïtiens, sujets d’adoption au niveau international, alarme les Nations Unies et la commission interaméricaine des droits humains (Cidh)
P-au-P, 29 févr. 2012 [AlterPresse] --- « Il est temps qu’Haïti ait le contrôle de ses adoptions ».
Tel est le souhait formé par le comité des droits de l’enfant, un organe indépendant au sein du système des Nations Unies, dans une conférence de presse relatant ses observations durant une mission de 48 heures en Haïti.
Le nombre d’enfants haïtiens, sujets d’adoption au niveau international, alarme les Nations Unies et la commission interaméricaine des droits humains (Cidh), dont une délégation conjointe vient de séjourner dans la république caribéenne dans l’objectif de soumettre des recommandations aux autorités nationales.
« Nous constatons une pression de la part de certains pays sur Haïti pour pouvoir puiser dans le réservoir des enfants haïtiens », indique le président du comité des droits de l’enfant des Nations Unies, le suisse Jean Zermatten, dans cette conférence de presse à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
En 2010, après le tremblement de terre du 12 janvier, deux mille quatre cents (2,400) enfants haïtiens ont été adoptés, ce qui représente 6% de la totalité des adoptions enregistrées dans le monde cette année-là, précise Zermatten.
Ce qui inquiète, outre les chiffres, c’est surtout le fait qu’Haïti dispose d’une législation « obsolète » en matière d’adoption.
La loi nationale, sur ce type de processus, date d’avant la convention relative aux droits de l’enfant, adoptée par l’organisation des Nations Unies (Onu) le 20 novembre 1989.
De plus, la Convention de la Haye, (du 29 mai 1993) qui régule l’adoption internationale, n’est toujours pas ratifiée par le parlement haïtien.
Plus inquiétant encore est le fait qu’ « un certain nombre d’adoptions » échappent au contrôle des autorités.
Il s’agit d’adoptions « non officielles » et qui « s’apparentent, dans certains cas, à des ventes d’enfants », relève le comité des droits de l’enfant des Nations Unies.
De plus, l’institut du bien-être social et de recherches (Ibesr), organisme d’État – relevant du ministère des affaires sociales et du travail (Mast) et chargé de la protection de l’enfance - souffre d’une carence de ressources humaines, techniques et financières. En réalité, l’Ibesr ne dispose pas de moyens « suffisants ».
L’adoption, qui est « une mesure de protection », « doit rester une mesure exceptionnelle », souligne Zermatten, ajoutant qu’il faut que [que ce soit] les enfants en situation difficile “exclusivement” qui en bénéficient.
En Haïti, le nombre d’enfants (filles et garçons) en situation difficile tourne autour de 500 mille, selon les chiffres officiels.
Le comité des droits de l’enfant des Nations Unies et la commission interaméricaine des droits humains ont rencontré des parlementaires et acteurs faisant partie des organisations sociales en Haïti, ainsi que les ambassadeurs du Groupe de Montréal, représentants des pays qui accueillent des enfants haïtiens adoptés.
Les deux institutions internationales recommandent, entre autres, la ratification de la Convention de la Haye ainsi que la désignation d’une autorité nationale en matière d’adoption pour établir une meilleure régularisation et un meilleur contrôle de l’État sur les enfants en Haïti. [kft rc apr 29/02/2012 9:55]