P-au-P, 26 févr. 2012 [AlterPresse] --- Plaidant pour un changement de la typologie d’aide à Haïti, une mission de 6 députés de l’Union européenne (Ue) invite les autorités nationales à changer leur mode de gestion pour favoriser une coopération plus durable avec l’Ue, au terme d’une visite de 3 jours (du 22 au 24 février 2012) dans le pays.
C’est « le moment (pour Haïti) de passer de l’aide humanitaire (les actions d’urgence) à l’aide pour le développement (Apd) », indique la député allemande Ingeborg Grässle, présidente de la délégation qui vient d’évaluer la coopération post-séisme (de janvier 2010 à nos jours) de l’Ue avec la république caribéenne.
Dans une conférence de presse / bilan de la mission effectuée, la délégation des 6 députés européens affirme ne pas être « satisfaite » de la gestion des fonds destinés à l’aide humanitaire, quand elle voit « une partie du peuple au bord des routes dans la misère » à Port-au-Prince.
« Il faut sortir de la mentalité de l’aide humanitaire pour qu’on puisse arriver à bon port … (et) relancer l’aide au développement », souligne Grässle.
Le bon port n’est autre qu’une amélioration des conditions de vie de la population, d’abord par « la création d’un État de confiance », estime la délégation.
Pour soutenir les initiatives publiques en Haïti, « il faut nous (Union européenne) aider à vous (le peuple haïtien) aider », parce qu’ « il y a beaucoup à faire ».
Il importe de « trouver une solution à la crise politique qui s’annonce. (Car) Il est urgent que le gouvernement haïtien puisse prendre le leadership et définir une vision d’ensemble ainsi que les grandes branches (sur lesquelles se base).. le succès », avancent les membres de la mission européenne.
La transparence gouvernementale, l’efficience, la reddition de comptes, l’implication des citoyennes et des citoyens dans les prises de décisions, la réforme foncière et la lutte contre les pratiques liées à la corruption, sont d’autres balises importantes et susceptibles d’encourager une coopération durable avec l’Union européenne.
« L’assurance que ces changements [souhaités] vont être effectifs n’a [pas] été communiquée » aux députés membres de la mission européenne, laquelle insiste aussi sur la nécessité pour le parlement haïtien de jouer son rôle de contrôle dans la gestion des fonds publics.
Les parlementaires haïtiens, rencontrés par les élus européens, expliquent ne disposer d’aucune marge de contrôle sur la planification, les dépenses et l’évaluation des résultats, en ce qui à trait à la gestion de l’aide humanitaire à Haïti.
Il n’est « pas question de dépenser cet argent comme ça ». C’est « une obligation de faire plus » pour savoir où va l’argent dépensé dans le cadre de l’aide humanitaire, préconisent les 6 députés européens.
Entre-temps, la « situation est très, très grave » sur le terrain, selon les conclusions de la mission de 6 députés européens, faisant partie de la commission de contrôle budgétaire au parlement européen et venant de séjourner en Haïti. [rh kft rc apr 26/02/2012 8:51]