P-au-P, 19 févr. 2012 [AlterPresse] --- L’ancien parti gouvernemental INITE fait face à une mésentente difficile à gérer à propos de la question de la nationalité du chef de l’État. La brouille a éclaté au grand jour cette semaine entre le sénateur du Nord, Moise Jean-Charles, qui dénonce une éventuelle multi-nationalité du chef de l’État, et le président de la commission sénatoriale d’enquête sur le dossier, Joseph Lambert, tous deux de INITE.
Jean-Charles contre Lambert
Le 16 février 2012, Jean-Charles a demandé à Lambert de laisser son poste (ainsi qu’au rapporteur de la commission Youri Latortue) à cause de son degré de connivence, a-t-il dit, avec le président Michel Martelly.
« Un président de commission, qui enquête sur le président de la république, ne peut avoir des relations trop étroites avec ce dernier », déclare le sénateur Jean-Charles ».
« Martelly aurait promis à Lambert de lui faire « gagner les prochaines élections sénatoriales », selon lui.
Le sénateur dénonce également le fait que les autorités de l’immigration auraient fait détruire récemment ses archives des quinze dernières années, ce qui, selon lui, doit servir la cause du chef de l’État.
De son côté, le sénateur Lambert a mis au défi son collègue Jean-Charles de produire la preuve de la multi-nationalité de Martelly.
« Le sénateur Moise [Jean=Charles] ne doit pas détourner l’attention de la population. Au contraire, il doit faire son mea culpa pour reconnaitre qu’il a fait fausse route (…) Le sénateur nous a induit en erreur », a-t-il soutenu.
Les déclarations des deux parlementaires, membres du même parti politique, ont été effectuées en marge de la convocation du premier ministre Gary Conille au sénat, où ce dernier s’est présenté seul, alors que ses ministres ont demandé un report à la huitaine (pour le jeudi 23 février 2012).
Auparavant, le bureau du premier ministre a exprimé sa position favorable à une présence des ministres au sénat, pour répondre à la convocation du grand corps, tandis que la présidence a affiché une position contraire.
Entre-temps, la direction du parti INITE a exprimé ses profondes préoccupations sur la situation du pays, ses « inquiétudes face aux dérives du pouvoir actuel » et a affirmé « se démarquer de certaines prises de position de son coordonnateur national Joseph LAMBERT ».
Dans un communiqué, signé par les membres de sa coordination, le parti a invité les ministres et secrétaires d’État - qui se reconnaissent de la Plate-forme INITE - à répondre à la convocation du sénat de la république : « il est de leur devoir de se conformer à toute requête du parlement, qui s’inscrit dans le cadre de ses attributions constitutionnelles ».
Tension au Champ de Mars au moment du passage de Martelly
Une vive tension, accompagnée d’un vent de panique, a régné dans l’après-midi du vendredi 17 février 2012 au Champ de Mars, centre administratif de la capitale, au moment du passage du président Michel Martelly, qui circulait a pied, au milieu d’une foule de sympathisants.
Selon un communiqué de la présidence, « des fauteurs de trouble, réfugiés dans l’enceinte de la faculté d’ethnologie, ont agressé le cortège du président de la république ».
Selon un témoin interrogé par AlterPresse, « le président, qui a voulu entrer dans l’enceinte de la faculté, s’est vu refuser l’accès. Des individus, qui n’étaient pas de la police, ont alors pénétré l’espace, de force, en distribuant des coups de bâtons et en lançant des jets de pierres ».
Des étudiants ont été blessés, et des voitures - se trouvant sur la cour de la faculté - endommagées.
La Minustah restera en Haïti
Une délégation du conseil de sécurité de l’organisation des Nations Unies (Onu), qui a bouclé le 16 février 2012 une visite d’évaluation de 3 jours en Haïti, se montre favorable à un renouvellement du mandat de la mission de l’Onu pour la Stabilisation d’Haïti (Minustah), mais ne s’engage pas quant au projet du président Michel Martelly de reconstituer les forces armées.
Alors que des organisations sociopolitiques haïtiennes réclament le départ pressant de la Minustah, la délégation du conseil de sécurité des Nations Unies, dirigée par l’ambassadrice américaine Susan Rice, penche de préférence en faveur d’un renouvellement.
« D’aucuns souhaitent le départ de la Minustah. En dépit des problèmes, la Monustah apporte une grande contribution à l’amélioration de la situation du pays » : telle est la conclusion de Suzan Rice.
Quatre nouveaux juges à la Cour de cassation
Nommés par la présidence haïtienne pour compléter la cour de cassation de la république, 4 nouveaux juges ont prêté serment, le vendredi 17 février 2012, au local de l’École de la magistrature, à Frères (est de la capitale).
Kesner Michel Thermezy, Wendel Thélot Coq (la seule femme des quatre), Frantzy Philémon et Louis Pressoir Jean Pierre, sont les nouveaux magistrats qui intègrent la Cour de Cassation haïtienne.
Cette nomination met à 11 (sur 12) le nombre de juges à la tête de l’instance supérieure de justice, tandis que le douzième devra être nommé à la fin du mois de février 2012, assure la présidence. [jep apr 19/02/2012 15:00]