P-au-P., 16 fév. 2012 [AlterPresse] --- Une délégation du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui a bouclé ce 16 février une visite d’évaluation de 3 jours en Haiti, se montre favorable à un renouvellement du mandat de la Mission de l’ONU pour la Stabilisation d’Haiti (MINUSTAH) et ne s’engage pas quand au projet du président Michel Martelly de reconstituer les forces armées.
Alors que des organisations sociopolitiques haïtiennes réclament le départ pressant de la MINUSTAH, la délégation du Conseil de sécurité, dirigée par l’ambassadrice américaine Susan Rice, penche de préférence en faveur d’un renouvellement.
« D’aucuns souhaitent le départ de la MINUSTAH. En dépit des problèmes, la MINUSTAH apporte une grande contribution à l’amélioration de la situation du pays » : telle est la conclusion de Suzan Rice.
« Les hommes et les femmes de la MINUSTAH font un travail important dans des conditions difficiles », justifie-t-elle.
Elle reconnait toutefois que certains membres la MINUSTAH ont eu des comportements allant a l’encontre des « idéaux fondamentaux » ayant conduit à la création de la mission.
« Nous prenons très au sérieux les cas d’abus sexuels et de violences » perpétrés par les casques bleus, souligne la diplomate qui demande la poursuite des investigations afin que les accusés soient traduits en justice.
« Nous continuons de suivre la situation de très près », assure-t-elle.
Au moment de la conférence de presse de la délégation du Conseil de sécurité, qui se déroulait à l’aéroport international de Port-au-Prince, un groupe de personnes manifestaient dehors en faveur du retrait de la MINUSTAH.
Dans une lettre ouverte adressée au Conseil de sécurité, des organisations sociopolitiques continuent de qualifier d’ « occupation » la présence des casques bleus sur le sol haïtien.
Selon elles, Haiti vient de connaître « 8 ans d’occupation militaire porteuse de kidnappings, de viols collectifs de mineurs-es, de pendaison, de prostitution (…) de domestication du système judiciaire (…), de répression contre les quartiers populaires et les protestations pacifiques ».
Les entités signataires de la lettre, dont la Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif, l’Institut culturel Karl Levêque et le Groupe d’Appui aux refugiés et aux Rapatriés, exigent « Justice et réparations pour les victimes et les innombrables crimes commis » par les casques bleus.
D’autre part, la délégation du Conseil de sécurité a exclu l’option de la création d’une armée haïtienne, comme le désire le président Martelly. L’objectif pour le Conseil est de travailler au « renforcement de la Police nationale d’Haïti (Pnh) ».
En guise d’une armée nationale, Susan Rice indique que le Conseil opte pour une augmentation évolutive de la Pnh qui doit passer de 10 000 à 15 000 hommes sur les 5 années à venir.
Par ailleurs Susan Rice juge que les institutions haïtiennes vont continuer à avoir besoin de l’appui de la communauté internationale pour leur bon fonctionnement, alors que la population haïtienne continue de souffrir des effets du séisme du 12 janvier 2010, notamment les femmes vivant dans les camps, qui sont victimes de violences sexuelles.
Elle se dit, malgré tout, certaine que le peuple est en voie de connaitre des jours meilleurs. [rh gp apr 16/02/2012 19 :00]