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Rio+20 : L’économie verte en question

Par Gotson Pierre

Lyon (France) 15 févr. 2012 [AlterPresse] --- La professeure française Sylvie Faucheux appelle à une révolution pour pouvoir donner au concept d’économie verte une application qui corresponde à l’idéal de développement durable, selon ce qui se dégage de son intervention lors du récent forum francophone en préparation du sommet sur l’environnement Rio+20, qui se tiendra en juin prochain.

Sylvie Faucheux, professeur d’économie, environnement et développement durable à l’Université de Versailles, estime que pour le moment, l’économie verte est pratiquement une économie de marche, qui répond au besoin d’expansion du capitalisme.

"Aucune réponse n’est apportée aux questions sociales" et aucun souci d’équité ne se manifeste, soutient-elle.

"C’est une révolution qu’il faut opérer", ajoute l’économiste, qui préconise des mesures adaptées à chaque type de société et qui répondent aux besoins locaux.

Les Nations-Unies définissent l’économie verte comme une économie qui engendre une amélioration du bien-être humain et de la justice sociale, tout en réduisant sensiblement les risques environnementaux et les pénuries écologiques.

Le défi de l’économie verte, dont on parle depuis 40 ans, est d’intégrer l’environnement à la croissance, rappelle Sylvie Lemmet, Directrice de la Division Technologie, Industrie et Économie du programme des Nations Unies pour l’environnement (Pnue).

Comment peut-on parvenir à une "croissance qui règle les problèmes de l’environnement", une "croissance verte", se demande la fonctionnaire onusienne.

"Qu’est ce que cela veut dire d’investir dans une économie verte au lieu d’une économie brune", qui ne respecte pas l’environnement, s’interroge-t-elle encore.

Pour elle, "investir dans les services rendus par les écosystèmes", c’est-a-dire dans la préservation des ressources naturelles au moment de la production, peut aider a assurer une croissance qui n’abîme pas l’environnement.

Concrètement, des recherches appropriées doivent être effectuées dans des pays en développement, comme ceux de l’Afrique, afin de garantir le progrès harmonieux de ces sociétés, revendique Henri Djombo, ministre congolais du développement durable, de l’économie forestière et de l’environnement.

En Afrique, dit-il, l’agriculture est le "premier facteur de destruction des forêts". Il plaide en faveur du développement d’une agriculture écologique et de l’investissement dans les énergies renouvelables.

"Mais il faut des recherches appropriées, les investissements sans nouvelles conditionnantes et le transfert des technologies", signale le dirigeant congolais.

L’enjeu aujourd’hui dans la plupart des pays africains est de réduire la consommation de charbon de bois en utilisant des réchauds améliorés. Il s’agit aussi de traiter les déchets urbains en vue de produire de l’énergie et d’assainir les villes.

Plus de la moitié de la population mondiale vit dans les villes, relève Bruno Charles, élu local de Lyon. Les villes ne sont pas toutes construites dans la même culture, mais elles ont toutes les mêmes problèmes, ajoute-t-il.

Du Nord au Sud, il invite à construire des "solutions communes et durables" qui permettront à l’humanité de faire face à "la rareté et l’exacerbation des intérêts".

Il faut, selon lui, "sortir de l’économie des besoins pour aller à l’économie de la liberté". [gp apr 15/02/2012 10:00]