Port-au-Prince, 14 févr. 2012 --- L’organisation internationale de défense des droits humains, Amnesty international, exhorte les autorités haïtiennes à considérer l’urgente nécessité d’élaborer et d’implémenter un plan cohérent, en vue de pallier la pénurie de logements, accentuée en Haïti avec le tremblement de terre dévastateur du 12 janvier 2010, dans un communiqué dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Ce nouvel appel, en faveur de meilleures conditions d’habitat, survient quelques jours après l’incendie du 8 février 2012, qui a coûté la vie à une enfant et affecté plus d’une centaine de familles résidant au camp de personnes déplacées , situé à Carrefour Péan (périphérie nord-est / nord-ouest de Port-au-Prince).
Javier Zuniga, conseiller spécial d’Amnesty international, qualifie de « terrible » cet « incendie ».
« C’est une tragédie que nous redoutions depuis longtemps », souligne t-il.
« Si rien n’est fait pour améliorer les conditions de vie des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui vivent dans des camps de fortunes(...), le risque est à craindre que d’autres tragédies, [comme celle-ci, le 8 fevrier 2012] se produisent » à nouveau, prévient Amnesty international.
Une fillette de trois ans emportée par les flammes, trois (3) personnes déplacées grièvement blessés, et quinze (15) autres légèrement, plus d’une soixantaine d’abris détruits : tel est le bilan de l’incendie du mercredi 8 fevrier 2012 au camp de Carrefour Péan, selon des autorités locales et des groupes de défense des droits humains haïtiens.
Le sinistre, déclaré dans ce camp de 700 familles - installé dans les périmètres de l’établissement scolaire public non en fonctionnement dénommé ’’République d’Argentine’’ - serait dû à l’explosion d’un réchaud à gaz dans le plus grand bloc du camp, appelé « Bloc 4 », explique le maire principal de Port-au-Prince, Muscadin Jean Yves Jason.
Les camps de personnes déplacées : Champs de misère et de soucis
Plus de 25 mois après le séisme du 12 janvier 2010, près de 500 mille personnes croupissent encore dans les camps dans des conditions difficiles d’existence.
Ces camps de fortune ont été aménagés par les personnes déplacées, immédiatement après le tremblement de terre qui a jeté plus d’un million de personnes dans les rues et occasionne plus de 200 mille morts.
Des spécialistes d’Amnesty international, qui ont visité Haïti en septembre 2011 en vue d’examiner les conditions de vie des Haïtiennes et des Haïtiens dans les camps, ont estimé critique la situation des personnes déplacées qui vivent souvent sous la menace d’expulsion forcée.
« Peu d’actions ont été faites depuis le séisme pour résoudre ce qui est considéré par les Haïtiennes et Haïtiens comme l’un de leurs principaux problèmes : la pénurie de logements », révèle Amnesty International dans son exhortation datée du 10 février 2012.
L’ État doit garantir à toute Haïtienne et à tout Haïtien l’accès à un logement décent et sécuritaire, stipule l’article 22 de la Constitution de 1987.
Ce que des organisations haïtiennes de promotion de droits humains, à l’exemple de la force de réflexion et d’action sur la problématique du logement (Fòs refleksyon ak aksyon sou koze kay / Frakka), qualifient de dette sociale envers la population logée, pour la plupart, dans des conditions inhumaines et inacceptables.
Des camps surpeuplés, de mauvaises conditions sanitaires, violences sexuelles sur les filles et femmes déplacées, manque d’eau potable contribuant à la propagation de l’épidémie du choléra qui a déjà fait plus de 7 mille morts et plus de 530 mille infectés, forment le lot quotidien des habitantes et habitants des camps depuis 2010.
Une politique véritable de logements brille, par son absence, dans le processus de ’’reconstruction’’ d’Haïti.
Au lieu de logements multiples dans des espaces préalablement mieux organisés, suivant les normes parasismiques et anticycloniques, les principaux projets de relocalisation de personnes déplacées et de réhabilitation de quartiers tendent plutôt à faire recouvrer le statut de locataires, pour une année, à plusieurs centaines de familles haïtiennes décapitalisées. [mm kft rc apr 14/02/2012 8:06]