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Élections au rectorat de l’université d’État d’Haïti : Le scrutin reprogrammé pour le 10 février 2012

P-au-P, 09 févr. 2012 [AlterPresse] --- Sept (7) jours après les perturbations du scrutin, orchestrées par un groupe d’étudiants, un nouveau vote sera organisé le vendredi 10 février 2012 en vue de renouveler le conseil exécutif (le rectorat) de l’université d’État d’Haïti (Ueh), informe à AlterPresse le professeur Dr. Rodolphe Mallebranche, membre de la commission centrale électorale (Cce).

Cette décision a été prise par le conseil de l’université - la plus haute instance décisionnelle de cette institution publique d’enseignement supérieur - à la réunion du mardi 7 février 2012, à laquelle des candidats aux postes de recteur et de vice-recteur ont participé.

« Le vote du vendredi 3 février (2012) est totalement annulé. On reprendra le scrutin à zéro », indique le professeur Mallebranche, précisant que le report du scrutin au 10 février a été adopté à la majorité absolue des suffrages exprimés.

Le doyen d’âge du conseil, Jean Marius Lafond, doyen de la faculté d’odontologie (Fo), a dirigé la rencontre du 7 février, convoquée par le conseil de l’université (comprenant 33 représentants, dont 1/3 de délégués d’étudiantes et d’étudiants).

Le scrutin du 3 février a été interrompu par décision du conseil de l’Ueh, en vue d’adresser les revendications de plusieurs étudiants de l’université venus contester les élections et réclamer un rectorat provisoire devant préparer un scrutin « au suffrage universel direct », en attendant la consécration de la disposition définitive dans la loi-cadre de l’université.

Le mandat de l’actuel conseil exécutif est arrivé à terme depuis le 9 janvier 2012. Il a été prorogé jusqu’au 3 février 2012 par décision du conseil de l’Ueh en date du 14 décembre 2011.

Pour le moment, c’est le conseil des 33 (conseil de l’université formé de 11 responsables d’entités, 11 représentants de professeurs, 11 délégués d’étudiantes et d’étudiants,) qui prend toutes les décisions au nom de l’Ueh, en attendant l’élection d’un nouveau conseil exécutif.

Le conseil exécutif sortant était composé de Jean-Vernet Henry, recteur ; Fritz Deshommes, vice-recteur à la recherche et Wilson Laleau, vice-recteur aux affaires académiques.

Comme membre influent de la campagne de Michel Martelly, le professeur Laleau a laissé son costume de vice-recteur pour endosser celui de ministre du commerce et de l’industrie du gouvernement de Garry Conille depuis octobre 2011.

Jean Vernet Henry, recteur sortant du conseil exécutif, Fritz Rosemond de l’école normale supérieure (Ens), Roger Jean-Charles de la faculté de médecine et de pharmacie (Fmp), briguent la fonction de recteur.

Fritz Deshommes, vice-recteur sortant à la recherche, est candidat unique à sa réélection.

Ronald Jean Jacques, professeur à la faculté des sciences humaines (Fasch) et Jean Poincy de l’institut national d’administration, de gestion et des hautes études internationales (Inaghei) sont en lice pour le vice-rectorat aux affaires académiques.

En plus d’un cahier de charges, le groupe d’étudiants contestataires [du 3 février 2012] a proposé au conseil de l’université un calendrier électoral devant permettre d’aboutir à des élections « transparentes et inspirant confiance à tous les acteurs » d’ici le 20 avril 2012.

« Nous avons aussi demandé de relancer le processus et de recommencer les débats, mais cette fois-ci démocratiques et dignes d’universitaires », a confié l’un des protestataires, joint par AlterPresse.

Cependant, la majorité des membres du conseil de l’université ont rejeté ces revendications-propositions des étudiants.

Un huis clos, sollicité par le professeur Anselme Rémy, représentant des professeurs de la faculté des sciences humaines (Fasch), a été accepté par le conseil de l’université.

Après le scrutin interrompu le 3 février dernier, certains représentants d’entités sont accusés de soutenir les étudiantes et étudiants dans leur démarche.

L’Ueh finira-t-elle par avoir un conseil exécutif (rectorat) le 10 février 2012 ? Quelle sera la position des contestataires, vu qu’aucune de leurs propositions autour du scrutin n’a été retenue par le conseil de l’université ?

Le 27 septembre 2002, la ministre d’alors du ministère de l’éducation nationale, Myrtho Célestin Saurel, avait décidé de renvoyer les autorités exécutives de l’université d’État d’Haïti (composées de Pierre Marie Paquiot, Fritz Deshommes et Philippe Mathieu) et de les remplacer par un conseil provisoire dirigé par le professeur Charles Tardieu.

Cette révocation, qualifiée d’ingérence, avait provoqué des remous et une grave crise à l’Ueh.

Finalement, la ministre Célestin Saurel avait dû démissionner le 22 novembre 2002, suite aux différentes manifestations des professeurs, étudiants et membres du personnel de la principale université publique du pays.

Le conseil exécutif régulier, présidé par Pierre Marie Paquiot (dont les genoux seront plus tard brisés par des sbires lavalas le 5 décembre 2003), a pu alors reprendre place. [efd rc apr 09/02/2012 8:24]