P-au-P, 09 févr. 2012 [AlterPresse] --- De longues files de véhicules en plusieurs stations d’essence dans la capitale haïtienne, enregistrées depuis mardi matin 7 février 2012, attestent d’une rareté de carburant sur le marché national, observe l’agence en ligne AlterPresse.
Ralentissement de la circulation sur différentes artères, bouchons dans d’autres, difficultés pour les passagères et passagers de trouver des transports publics, pour la plupart bondés de gens, hausse des prix de l’essence sur le marché informel, sont quelques signes visibles de la pénurie de carburant constatée.
Pour pallier au manque d’essence, le ministère du commerce et de l’industrie aurait placé une commande de 300 mille gallons de carburant, attendu du territoire voisin de la République Dominicaine.
Aucune information ne filtre sur la quantité de jours qui sera nécessaire pour la livraison de cette cargaison spéciale vers les stations d’essence.
Par l’intermédiaire du secrétariat d’État à l’énergie, le gouvernement du premier ministre Garry Conille, exhorte les consommatrices et consommateurs à faire preuve de patience, sans céder à la panique.
« La commande normale arrivera dès ce (le prochain) weekend [10-11 fevrier], alors que la commande supplémentaire est déjà arrivée. Le gouvernement a pris des dispositions pour que, durant toute la période carnavalesque, il n’y ait aucune limitation sur le volume du carburant », disponible sur le marché national, tente de rassurer le secrétaire d’État à l’énergie René Jean Jumeau.
L’arrivée d’une cargaison supplémentaire de gazoline était annoncée pour le mercredi 8 février, alors que la cargaison normale prendrait deux jours de retard (probabilité de réapprovisionnement durant le deuxième weekend de février 2012).
Flairant une rareté éventuelle de carburant, certaines stations auraient décidé de rationner la vente « afin de mieux gérer leur stock », selon les explications fournies par le gouvernement qui justifie la pénurie, en ce début de février 2012, par un délai inhabituel mis dans l’acheminement, en Haïti, de la cargaison de produits pétroliers.
L’importation des produits pétroliers relève de l’État haïtien qui place les commandes, rappelle l’association nationale des distributeurs de produits pétroliers (Anadipp).
Cette nouvelle réalité de pénurie de produits pétroliers, qui ne concerne point le diesel ou gazole, sur le marché national en Haïti (le Sud-Est du pays est affecté depuis le dimanche 5 février 2012), survient paradoxalement une semaine après le voyage du président Michel Joseph Martelly au Venezuela, au cours duquel il s’est entretenu avec son homologue Hugo Chavez.
Depuis 2007, les produits pétroliers (diesel, gazoline, kérosène plus connu sous le nom de gaz blanc dans le pays, asphalte) sont principalement importés du Venezuela, dans le cadre de l’accord Petro Caribe, lequel garantit des facilités de paiement aux pays membres, dont Haïti.
La présidence en Haïti vient d’annoncer un renforcement de la coopération (financement et appui technique) avec le Venezuela, en plus de l’accord Petro Caribe, notamment dans des domaines liés à l’agriculture, comme résultat de la visite de Martelly le 5 février dernier.
Entre 2007 et 2012, Haïti a vécu diverses périodes de pénurie de carburant, malgré les facilités de paiement garanties avec l’accord Petro Caribe. Dans ces cas de rareté, pour les commandes dites « spots » ou commandes spéciales, l’importation de produits pétroliers est faite d’autres pays, en fonction de la meilleure disponibilité, du meilleur prix et du meilleur délai d’acheminement.
La quantité totale à importer est déterminée à partir des besoins formulés par les trois compagnies pétrolières distributrices de produits pétroliers en Haïti : Sol, Total et Distributeurs nationaux S.A. (Dinasa).
Les 3 compagnies pétrolières adressent alors leurs demandes au bureau de monétisation, lequel paye une partie de la commande à Petro Caribe, le solde de paiement étant gardé dans un fonds du trésor public (fonds du programme Petro Caribe) en vue de soutenir le développement du pays, dans le cadre de l’accord spécifique signé par l’État haïtien.
Depuis plusieurs années, se pose en Haïti un problème de gestion d’un stock-tampon de produits pétroliers.
A date, aucune disposition institutionnelle n’est encore prise pour la mise en place d’infrastructures devant permettre de constituer un stock stratégique de produits pétroliers en vue de répondre à la demande nationale et locale, et de prévenir d’éventuelles raretés. [jep rh rc apr 09/02/2012 8:00]