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Élections au rectorat de l’université d’État d’Haïti : Les étudiants réclament un suffrage universel direct ...

P-au-P, 6 févr. 2012 [AlterPresse] --- « Il faut que tous les étudiants de l’université puissent voter aux élections du rectorat. Nous sommes pour le suffrage universel direct », lâche Pierre Richard René, délégué des étudiants de la faculté d’agronomie et de médecine vétérinaire (Famv), l’air résolu après plus de 5 heures de discussions entre le conseil de l’université d’Etat d’Haïti (Ueh), des étudiants protestataires et les candidats.

Le vendredi 3 février 2012, à l’annexe du rectorat de l’Ueh, des étudiants de plusieurs facultés sont venus contester l’organisation des élections pour le renouvellement du conseil exécutif.

Les élections ont été interrompues, le temps pour le conseil d’écouter les revendications. Les bulletins de vote ont été sécurisés par la commission centrale électorale (Cce).

Pour l’instant, aucune date n’est annoncée pour la reprise du scrutin devant renouveler le rectorat de l’Ueh.

Les étudiants, contestataires du scrutin pour le renouvellement du rectorat, devraient, à nouveau, rencontrer le conseil de l’université d’État, le mardi 7 février 2012, sur les revendications exprimées dans le but de trouver une issue à cette crise qui semble se profiler à l’Ueh.

Les conditions de fonctionnement des entités, les crises dans certaines facultés, la question du budget, le manque de débats à l’université sur les élections, la marginalisation des étudiantes et étudiants, le suffrage universel direct, ont été au cœur des principales revendications des contestataires.

Ils proposent de « stopper cette mascarade électorale et [de] confier la direction de l’Ueh à un conseil de transition qui devra organiser des élections démocratiques au suffrage universel direct ».

Plaidant pour un suffrage universel direct, le délégué des étudiants de la faculté d’Ethnologie (Fe), Junior Cénanfils, avait demandé, le 2 février, de « surseoir sur les élections et de former une commission de réforme pour assurer la transition ».

Les dispositions transitoires régissant le fonctionnement de l’Ueh, en son article 11 alinéa a), octroient au conseil de l’université la responsabilité d’élire le conseil exécutif composé du recteur, des vice-recteurs aux affaires académiques et à la recherche.

Le conseil de l’université compte 33 membres dont 11 étudiants, 11 professeurs et 11 responsables d’entités.

Suffrage universel direct : les avis

Pour le Dr. Rodolphe Mallebranche, délégué des professeurs de la faculté de médecine et de pharmacie (Fmp), le conseil « ne peut pas se plier aux caprices des étudiants, il faut qu’ils attendent la loi-cadre ».

Le professeur Ronald Jean-Jacques, candidat au poste de vice-recteur aux affaires académiques, abonde dans le même sens, mais rappelle qu’ « en attendant, les dispositions transitoires consacrent les élections au second degré au rectorat ».

Même son de cloche du doyen de la Famv, Jacques Blaise, avec un bémol.

« Le conseil doit créer l’atmosphère de travail pour finir, une fois pour toutes, avec les dispositions transitoires obligeant à organiser des élections au second degré ».

Blaise précise toutefois que les propositions ne vont pas, pour autant, dans le sens du suffrage universel direct aux élections rectorales.

« L’Ueh est régie par les présentes dispositions jusqu’à la promulgation d’une nouvelle loi qui fondera son organisation sur l’indépendance, l’autonomie et la démocratie interne », stipule l’article 34 des dispositions transitoires de 1997.

« Tout le chapitre VI des dispositions transitoires traite de la commission de réforme. Le conseil devrait former cette commission dans un délai n’excédant pas 30 jours après son entrée en fonction. La commission devrait soumettre la loi-cadre après 6 mois de travail. On est en 2012, où est cette loi ? », se questionne un étudiant, dispositions-transitoires en main, singeant un avocat.

Une commission, dont fait partie le professeur Ronald Jean Jacques, travaille sur cette loi-cadre, laquelle « sera soumise prochainement au parlement après avoir fait l’objet de débats dans toute la communauté universitaire », rapporte le professeur Mallebranche.

« C’est un débat qui a déjà eu lieu à l’Ueh, mais on peut toujours le relancer. Le suffrage universel direct se fait déjà dans les entités », estime le recteur sortant Jean Vernet Henry.

Tel n’est pas l’avis de ses concurrents, candidats aux postes de recteur, Roger Jean-Charles et Fritz Rosemond, qui assimilent le "suffrage universel direct" en "vrai chemin" pour arriver à une véritable démocratie universitaire.

Le professeur Jean Poincy, candidat au vice-rectorat aux affaires académiques, se range dans le camp des « pour le suffrage universel direct ».

Entre démocratie universitaire et suffrage universel direct, jusqu’où peuvent aller les revendications des étudiantes et étudiants sur le mode de gestion ainsi que sur les questions académiques et pédagogiques au sein de l’université d’État d’Haïti ? [efd kft apr 6/02/2012 8:48]