Analyse
Par Marvel Dandin
Soumis à AlterPresse le 8 mars 2004
Fidèle à un slogan cher au prêtre lavalas Gérard Jean Juste, à savoir « No Aristide, No peace », les chimères lavalas, coordonnés par des autorités lavalas encore en poste et des dignitaires du parti du même nom actuellement dans le maquis, ont une fois de plus fait couler le sang de nombreux compatriotes et d’un ressortissant étranger.
Dans ce cas, comme dans bien d’autres, notamment ceux ayant marqué les journées noires de la dernière semaine de février, les autorités lavalas encore en poste n’ont ni déploré, ni lancé des appels d’apaisement à leurs partisans armés. Un silence qui a valeur d’approbation et qui justifie les appels multiples à l’arrestation de plusieurs de ces autorités, dont, en premier, le premier ministre Yvon Neptune. De nombreux manifestants réclamaient en effet hier, avant les incidents, l’arrestation de ce dernier accusé d’avoir, la veille, tenu une réunion de planification d’actions terroristes.
Selon la clameur publique, des anciens ministres, des proches de l’ancien président dont une dame bien connue, s’attellent dans l’ombre à relancer les « bases » en leur donnant des directives en conformité avec l’objectif d’agitation permanente destiné à prouver que seul Aristide peut garantir la stabilité politique en Haiti. Pourtant, était-ce le cas au cours de ses trois années de présidence ?
Dans l’intervalle, dans l’espoir d’un hypothétique retour, Jean Bertrand Aristide mène résolument un combat diplomatique visant à mobiliser de nombreux secteurs de la communauté internationale autour de la défense du principe sacro-saint du respect du mandat d’un chef d’Etat démocratiquement élu. Mais, Dieul seul sait si Aristide avait élu démocratiquement. Car, rien n’est moins évident quand on se réfère au statut et à la légitimité du Conseil électoral qui l’avait élu, de même qu’au faible électorat qui avait pris part au scrutin du 26 novembre 2000. Alors que Jean Bertrand Aristide poursuit son combat diplomatique, paradoxalement, ses partisans participent à la transition politique. Ils étaient représentés à la Commission tripartite. Ils le sont au Conseil des sages. Leur stratégie est donc à la fois diplomatique, militaire (pour ne pas dire terroriste) et politique. Ils cherchent donc à gagner sur tous les terrains.
En face, c’est-à -dire du côté de la Plate forme démocratique, l’action semble moins complexe et même très ingénue. Cette dernière devrait-elle s’en remettre entièrement à la communauté internationale pour la question du désarmement ? Ne devrait-elle pas clairement assumer une politique envers les ex-insurgés ? Peut-elle naïvement croire en la police et à une simple réforme de celle-ci pour obtenir des résultats significatifs en matière d’un retour à l’ordre ?
Autant de questions à se poser dans ce contexte fait d’incertitudes et de risques d’échec d’une juste aspiration populaire au retour à un véritable processus démocratique en Haiti.