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Migration : 208 ressortissants d’Haïti confrontés à une crise humanitaire à Manaus, la capitale de l’Amazonie brésilienne

Par le service jésuite aux réfugiés pour l’Amérique Latine et les Caraïbes (SJR LAC)

Soumis à AlterPresse le 30 janvier 2012

Arrivés le 24 janvier dernier [2012] à Manaus, capitale de l’État brésilien de l’Amazonie, 208 Haïtiennes et Haïtiens, bénéficiaires des récentes mesures de régularisation à la faveur de la nouvelle politique migratoire du Brésil, sont actuellement confrontés à une difficile situation humanitaire.

Le flux massif d’Haïtiens, ayant obtenu leur "protocole de réfugiés" à Tabatinga, localité située au coeur du fleuve Amazone à la triple frontière Brésil-Colombie-Pérou, pourrait aggraver la situation humanitaire à Manaus dans les prochains jours, préviennent diverses institutions religieuses qui accueillent les migrants dans la capitale amazonienne.

La police fédérale brésilienne de Tabatinga a, durant ces deux dernières semaines, délivré, à plus de 1,000 Haïtiens, des protocoles de réfugiés, documents qui permettent aux migrants de poursuivre leur voyage à Manaus.

À rappeler que, en accord avec la nouvelle politique migratoire du Brésil, tous les Haïtiens - se trouvant sur place dans le pays - seront régularisés, alors que celles et ceux - qui arrivent de manière irrégulière au Brésil après le 12 janvier 2012 - seront invités à laisser le pays et par la suite déportés.

Bon nombre de ces 208 Haïtiens qui, après des mois d’attente à Tabatinga, sont arrivés à Manaus le 24 janvier, n’ont pas un lieu où dormir et souffrent de la faim, selon la pastorale de migration du diocèse de Manaus et d’autres églises chrétiennes qui, de 2010 à aujourd’hui, coordonnent l’assistance humanitaire aux migrants dans la capitale de l’Amazonie.

Face à ce flux massif des Haïtiens et au manque d’appui de la part des deux sphères, locale et fédérale, de gouvernement, les deux institutions religieuses ont été dépassées par la situation humanitaire.

L’accès au logement et à l’alimentation constitue le principal défi pour l’assistance humanitaire.

Les Haïtiens, qui se sont déjà établis à Manaus, ont accueilli volontiers leurs compatriotes, selon le prêtre Gelmino Costa, curé de la paroisse de São Geraldo.

Le religieux a également applaudi la solidarité de la société civile de la capitale amazonienne, qui a ouvert les portes de leurs maisons pour accueillir les migrants et leur donner à manger.

Le 25 janvier [2012], le lendemain de l’arrivée des 208 Haïtiens à Manaus, le gouverneur de l’État de l’Amazonie, Omar Aziz, a exigé du gouvernement fédéral de Brasilia d’assumer ses responsabilités, en prenant en charge ces migrants haïtiens qu’il vient de régulariser.

Manaus n’a ni la capacité, ni la structure nécessaire pour assister ces réfugiés, a déclaré le gouverneur Aziz, tout en prévenant que « le gouvernement local n’assistera pas les Haïtiens au détriment des Amazoniens ».

« Les réfugiés haïtiens sont le problème du gouvernement fédéral », a-t-il déclaré.

Début janvier 2012, le gouvernement de l’Amazonie et la pastorale de migration de Manaus avaient envoyé, au gouvernement fédéral, un rapport sur la situation des Haïtiens dans l’État de l’Amazonie.

Ils avaient sollicité l’appui de l’administration centrale de Brasilia en vue d’acheter des matelas et de la nourriture au profit des Haïtiens.

Cependant, [l’administration politique de] Brasilia n’a pas encore répondu à leur demande.

Le gouvernement de la présidente Dilma Roussef a promis d’envoyer, cette semaine, une mission à Tabatinga, en vue d’évaluer la situation des Haïtiens et de faire des propositions d’action, de concert avec les autorités locales.

3,600 Haïtiens, dont 400 femmes et 25 enfants, vivent actuellement à Manaus, selon les autorités locales.

12 femmes sont actuellement en pleine ceinture [sont actuellement enceintes], alors que 18 enfants - nés sur le sol brésilien dans l’Amazonie - ont reçu la nationalité brésilienne.