P-au-P, 27 janv. 2012 [AlterPresse] --- « Actuellement c’est la question du budget de l’Université qui prime au niveau du Conseil de l’Université d’État d’Haïti. Les élections pour le renouvellement du Conseil exécutif au Conseil de l’Université passent au second plan », déclare à AlterPresse Chantal Noël, secrétaire de la commission électorale centrale .
« Le Conseil de l’université se réunit de manière intensive. On a une réunion chaque deux jours afin de réfléchir et d’étudier une stratégie pour obtenir une allocation budgétaire répondant aux besoins de l’Ueh », confie le professeur Jean Vernet Henry, actuel recteur de l’Université d’État.
Depuis le dernier trimestre de l’année 2011, le pouvoir exécutif haïtien, par le biais du premier ministre et du président de la république, font miroiter des promesses à l’Ueh sur le budget.
Des 60 millions d’augmentation (15% d’augmentation) promis par le président Michel Joseph Martelly à la réunion du 24 novembre 2011 au palais national, seulement 6 millions (1.5%) seront octroyés à l’Ueh dans le budget rectificatif 2011-2012, a informé le ministre des finances, Lemercier Georges, au recteur Henry le 17 décembre 2011.
« Ce budget traduit le mépris des pouvoirs publics pour la principale institution publique d’enseignement supérieur du pays et la volonté manifeste de l’affaiblir voire de l’anéantir », s’indigne le recteur Henry.
En décembre 2011, les professeurs de l’ École normale supérieure Ens) avaient observé un arrêt de travail, pendant deux jours, pour exiger de meilleures conditions de fonctionnement. Jusqu’à présent, leurs revendications restent lettre morte.
De son côté, la faculté des sciences humaines (Fasch), par manque de moyens, semble ne pas pouvoir organiser la session de mars 2012.
Pour Chantal Noël, responsable à la faculté d’odontologie de l’université d’État d’Haïti , « toutes les crises, qu’a connues l’Ueh ces dernières années, sont liées au problème de manque de fonds ».
Depuis 2006, le pourcentage de fonds pour l’université d’État, dans le budget national, va sans cesse décroissant. Il est passé de 1% du budget national en 2006 à 0.55% pour l’année fiscale 2011-2012.
En lieu et place des 995 millions de gourdes proposées (US $ 1.00 = 41.50 gourdes ; 1 euro = 61.00 gourdes aujourd’hui), l’État haïtien ne prévoit d’accorder à l’Ueh que 658 millions de gourdes sur un montant de 119 milliards du budget national.
« Le fait pour l’Ueh de ne pas utiliser complètement les fonds qui lui sont alloués, notamment dans le budget d’investissement, pourrait être un élément explicatif de la diminution croissante du budget », estime Price Cyprien, professeur à l’institut national de gestion et des hautes études internationales (Inaghei).
« Cela prouve une incapacité d’absorption budgétaire. Ces sommes sont, donc, affectées à d’autres postes budgétaires. C’est ainsi en comptabilité nationale », poursuit, le professeur Cyprien.
Toutefois, Cyprien n’écarte pas « le désintéressement quasi-total de l’État haïtien à la chose universitaire » comme explication possible.
« On n’a pas besoin de gens formés dans ce pays », lâche le professeur.
L’Ueh en chiffres !
L’Ueh compte 18 entités à travers le pays. 15 programmes de maitrise y sont implantés.
Elle est le plus grand établissement d’enseignement supérieur et de recherche du pays. Elle rassemble plus de 20,000 étudiantes et étudiants, 1,500 enseignants/es et 800 agents et cadres administratifs à travers le territoire.
« Dans certaines entités de l’Ueh, un professeur touche moins de 450 gourdes l’heure », d’après le recteur Vernet Henry.
Le budget actuel, de 658 millions (investissement et fonctionnement), devant être alloué à l’Ueh, représente 0.55% du budget national.
Entre élections, budget et gestion du campus de Limonade, le Conseil de l’université, étudiants, professeurs et cadres ont du pain sur la planche. [efd gp apr 27/01/2012 04:00]